Grève du 19 janvier : les chauffeurs routiers vont-ils bloquer le pays ?

par Benoît LEROY
Publié le 13 janvier 2023 à 16h28

Source : JT 13h Semaine

La CGT brandit à demi-mots la menace de blocage, si le gouvernement maintient la réforme.
De son côté, la branche "Transports et logistique" de Force ouvrière appelle à une grève illimitée.
Chaque syndicat prédit "une forte mobilisation" des routiers, contre la réforme voulue par le gouvernement.

La mobilisation contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement va-t-elle mettre à l'arrêt les transports routiers ? S'il est encore trop tôt pour donner une réponse définitive, une chose est sûre : la grève sera suivie le 19 janvier prochain. Selon plusieurs syndicats contactés par TF1Info, de nombreux préavis de grève ont été déposés.

Selon le représentant CFDT Transports, Pascal Flipeaux, joint par TF1Info, "la participation risque d'être importante", celui-ci évoquant plusieurs préavis d'ores et déjà déposés. Même constat pour Fabrice Michaud, de la branche transport de la CGT, qui sous-entend une mobilisation qui pourrait atteindre les mêmes "niveaux" que ceux atteints en 2019, lors de la précédente réforme des retraites (finalement annulée, suite à la pandémie). "En 2019, on était monté crescendo", cette fois-ci, "le mot d'ordre est : mobilisation générale"

"On peut manifester sans bloquer un pays", a affirmé, ce vendredi 13 janvier, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur LCI. Faut-il s'attendre à des blocages de la part des chauffeurs routiers ? Pour le moment, les syndicats l'assurent, ce n'est pas à l'ordre du jour. "Il n'y aura pas de blocages le 19 janvier. En revanche, pour la suite, la piste est à l'étude", assure à TF1Info le représentant de la CGT. 

Pour Sébastien Mariani, de la CFDT, "aucun blocage n'est prévu", le syndicat appelant à des "manifestations" classiques. Contactée ce vendredi, Geodis, l'une des entreprises leader du transport de marchandises en France, a expliqué qu'aucun préavis de grève n'avait été déposé "à cette heure" par les syndicats de l'entreprise.

Le CFA, un acquis menacé, selon les syndicats

De toute évidence, la réforme des retraites souhaitée - et défendue - par le gouvernement est explosive pour les chauffeurs routiers, et ce, à plus d'un titre. En effet, au-delà du recul de l'âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans, un autre point inquiète la profession. Celui de l'avenir du congé de fin d'activité (CFA). Cet acquis, propre à la branche du transport routier, est menacé d'après les syndicats. En quelques mots, le CFA est un dispositif qui permet aux conducteurs - de camions et de cars - de pouvoir partir jusqu'à 5 ans avant l'âge légal de départ à la retraite.

Ouvert à l'ensemble des conducteurs ayant au moins 25 années de service, il permet aux bénéficiaires de toucher 75 % de leur salaire brut, jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge légal de la retraite. Or, avec un passage de 62 à 64 ans, ce dispositif coûtera plus cher à financer. 

Le représentant syndical de la CGT va même plus loin, en accusant l'État, de "ne plus vouloir financer" le CFA. "C'est un problème de fond", estime-t-il. Et pour cause, des négociations étaient prévues à la fin de l'année 2022 pour assurer la survie financière du dispositif. "Elles ont été annulées dans l'attente de la présentation de la réforme des retraites", explique Fabrice Michaud. "Il y aura certainement une nouvelle mobilisation" pour défendre ce congé de fin d'activité, promet le syndicaliste à TF1Info.

Inquiétude sur le blocage des raffineries

Plus largement, au niveau de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), de premières craintes apparaissent. "L’inquiétude chez nos adhérents se tourne plutôt vers le blocage éventuel des raffineries", explique-t-on. D'autant que des préavis ont d'ores et déjà été lancés par la CGT Pétrole du 19 janvier au début du mois de février, avec une montée en puissance des mouvements : 24 heures de grève le 19 janvier, 48 heures pour le 26 janvier et, enfin, 72 heures pour le 6 février.

À rebours des autres syndicats, qui n'ont déposé des préavis de grève - pour l'heure - que sur une seule journée, la branche "Transports et logistique" de Force ouvrière appelle à un mouvement "illimité"

 

"Nous faisons le constat que le délai est très court entre l'annonce de l'intersyndicale du 10 janvier et l'appel à la grève pour le 19 janvier", expliquait le syndicat dans un communiqué le 11 janvier dernier. Force ouvrière Transports assure qu'elle ira "au bout du possible" dans le combat contre la réforme des retraites.


Benoît LEROY

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