PROTESTATION - Des coursiers à vélo, rassemblés au sein d'un collectif, réclament de meilleures rémunérations et conditions de travail. Depuis le début de la semaine, certains se sont mis en grève. Ils veulent également alerter sur un projet de loi, examiné ce mardi 10 juillet, qui vise selon eux à pérenniser un système fonctionnant sur la précarité des travailleurs.
Ils en ont ras-le-bol et ils veulent le faire savoir : les coursiers à vélo de plusieurs plateformes de livraison de repas sont appelés à se mettre en grève pour réclamer de meilleures rémunérations et conditions de travail. En pleine Coupe du monde de football, ils ont appelé, la semaine dernière, tous les clients d’Uber Eats, Deliveroo, Stuart, Glovo ou encore Foodora à "ne pas commander la semaine du 8 au 15 juillet". Les initiateurs de ce mouvement revendiquent "une tarification minimum horaire garantie" par leur contrat, "la prise en compte de la pénibilité de travail via différents bonus (pluie, week-end, nuit...)", ainsi que des "plages de travail et une activité" garanties. "Il est désormais indispensable de renverser le rapport de force", souligne sur Twitter le CLAP, collectif des livreurs parisiens, en rappelant qu'il s'agit de l'une des semaines les plus rentables pour les plateformes.
"Depuis plusieurs mois, nous avons vu nos rémunérations diminuer et les distances de livraison augmenter", écrivent-ils. Par ailleurs, l'attribution de commandes ou de places sur le planning est, selon eux, "de plus en plus incertaine" du fait du recrutement de nouveaux livreurs. Xavier, qui a travaillé pour Deliveroo durant plus d’un an, en est témoin. "Au début, il nous rémunérait à hauteur de 7,50 euros de l’heure, avec un bonus compris entre 2 et 4 euros, en fonction de l’ancienneté. Depuis bientôt un an, c’est 5,75 euros la course, point barre !", déplore ce trentenaire.
Depuis son lancement en France et jusqu'à il y a encore un an, Deliveroo avait mis en place un système de bonus pour ses coursiers à vélo. En cas de fortes précipitations, par exemple, la plateforme de livraisons versait 15 euros au coursier. Et si ce dernier travaillait de nuit, du vendredi au dimanche, il touchait la somme de 50 euros. "Tout cela, aujourd’hui, n’est plus qu’un lointain souvenir. Aujourd’hui, s’il n’y pas de courses disponibles, tu peux poireauter pendant une heure sans gagner un centime", fulmine Xavier, qui atteint péniblement l’équivalent d’un SMIC, en travaillant 10 heures par jour, cinq jours sur sept.
Un système fonctionnant sur la précarité de ses travailleurs
Le collectif des livreurs parisiens (CLAD)
Le collectif des livreurs parisiens dénonce la "participation du gouvernement (...) à la pérennisation" d'un "système fonctionnant sur la précarité de ses travailleurs", via un amendement au projet de loi "avenir professionnel". Cet amendement du rapporteur Aurélien Taché (LaREM), soutenu par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, introduit la possibilité, pour une plateforme, d'établir une "charte" qui définisse "ses droits et obligations ainsi que celles des travailleurs avec lesquels elle est en relation".
Pour beaucoup, la livraison à domicile est la seule rémunération. Ils peinent déjà à atteindre un salaire décent à la fin du mois, la plupart ne peuvent donc pas se permettre de se mobiliser, ne serait-ce qu’une journée.
Xavier, coursier à vélo chez Deliveroo
Le texte précise qu'une telle charte ne peut "caractériser l'existence d'un lien de subordination juridique entre la plateforme et le travailleur", ce qui écarte pour la plateforme le risque d'une requalification en salariés de ses travailleurs, considérés comme des indépendants. Une telle charte, "décidée de manière unilatérale et sans contrepartie aucune" des plateformes. Selon le Clap, une telle charte "ne peut qu'instituer la dépendance et la précarité" des travailleurs en question.
"Pour beaucoup, la livraison à domicile est leur seule rémunération, constate Xavier, notre livreur de chez Deliveroo. Ils peinent déjà à atteindre un salaire décent à la fin du mois, la plupart ne peuvent donc pas se permettre de se mobiliser, ne serait-ce qu’une journée. De plus, s’il y a moins de livreurs, cela veut dire qu’il y a potentiellement plus d’argent à gagner pour ceux qui ne feront pas la grève." Difficile de mobiliser dans ces conditions. Car, si la majorité des livreurs sont loin d’être satisfaits par leurs conditions de travail, le mouvement initié par le collectif des livreurs parisiens ne semble pas trouver l’écho espéré.
Le collectif des livreurs parisiens avait appelé dimanche dernier à un rassemblement place de la République à Paris. Ils n'étaient qu'une petite quinzaine à s'être déplacés. Une "Caisse de soutien aux livreurs ‘ubérisés’ en grève" a été mise en place la semaine par les organisateurs de la mobilisation. Elle n’a permis de récolter que 1615 euros depuis son lancement. Joint par LCI, UberEats, tout comme Deliveroo, n'ont pas souhaité répondre à nos questions.
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