Les éboueurs en grève contre la réforme des retraites, Paris croule sous les ordures

Grève des éboueurs : faut-il craindre des cas de leptospirose, "la maladie du rat" ?

Publié le 16 mars 2023 à 16h54
JT Perso

Source : TF1 Info

Les éboueurs sont en grève dans plusieurs villes de France.
Alors que plus de 9400 tonnes de déchets s'amoncèlent dans les rues de Paris ce jeudi, le risque sanitaire s'accroit.
La présence de rats à la recherche de nourriture et potentiellement porteurs de bactéries transmissibles à l’homme peut se révéler dangereuse pour l'homme.

Les monticules de poubelles à Paris représentent-ils un risque pour la santé ? Au onzième jour de grève des éboueurs contre la réforme des retraites, alors que 9400 tonnes de déchets restent non ramassées sur les trottoirs de la capitale ce jeudi, la question sanitaire vient bel et bien s'ajouter aux nuisances olfactives et visuelles. Et ce, notamment parce que les rongeurs à la recherche de nourriture et attirés par les ordures quittent les égouts pour remonter à la surface, proliférant sur la voie publique. 

Or, comme le rappelait l'Académie de Médecine dans un rapport l'été dernier, "le rat reste une menace pour la santé humaine en raison des nombreuses zoonoses transmissibles par ses exoparasites, ses déjections, ses morsures ou ses griffures".

"Maladie de l'égoutier" ou "maladie du rat"

Parmi les maladies bactériennes transmissibles à l'Homme par le rat, la leptospirose est bien connue de certaines professions très exposées telles que les éboueurs, les égoutiers mais aussi les agriculteurs ou encore les personnels de traitement des eaux usées ou chargés de l’entretien de zones humide. Les pêcheurs et amateurs d’activités en eau douce y sont aussi exposés. Aussi appelée "maladie de l'égoutier" pour sa faculté à se répandre dans les milieux humides, cette maladie reste rare puisque, malgré des chiffres en hausse depuis 2014, elle touche en France environ 600 personnes chaque année selon l’Institut Pasteur, qui abrite le Centre national de référence de la leptospirose. 

Selon le site leptospirose-prévention, les bactéries appelées "leptospires" sont "principalement stockées dans les reins des animaux contaminés puis dans leur urine, elles contaminent ensuite leur pelage et leur environnement". Les rongeurs, particulièrement les rats, sont les principaux réservoirs des leptospires qui "se maintiennent assez facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination", abonde le ministère de la Santé. Ce qui vaut d'ailleurs un second surnom à la leptospirose, à savoir la "maladie du rat".

5 à 20% de cas mortels

Chez l’homme, la transmission peut être directe via un simple contact avec des animaux infectés ou par morsure, la bactérie pénétrant alors par la peau lésée ou les muqueuses (œil, bouche, nez...), d'où l'incitation à se faire vacciner dans certains secteurs. Mais cette transmission directe n'est pas la plus courante puisque dans près de 75 % des cas, "la transmission est indirecte au cours d’activités de baignade en eau douce, de pêche, ou de canotage, pratique du kayak, rafting ou canyoning", rappelle le ministère de la Santé.

Les symptômes les plus courants associés à la forme modérée de la leptospirose sont l'apparition d'une fièvre élevée, de maux de tête, de courbatures ou encore de douleurs musculaires et articulaires. Ces derniers apparaissent entre 6 et 14 jours d’incubation. La maladie peut toutefois atteindre ensuite différents organes (reins, foie, poumons, cerveau) et dans 20 % des cas conduite à une insuffisance rénale associée à des troubles neurologiques (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins graves. Pour réduire la durée et la gravité de l’infection, la leptospirose se traite par antibiotiques (amoxicilline, céphalosporine et cyclines) et nécessite une hospitalisation pour les cas les plus sévères. Dans 5 à 20% des cas, la maladie peut conduire au décès du patient si elle n'est pas prise en charge à temps et entraine une septicémie, à savoir une infection généralisée de l’organisme à partir d’un seul foyer infectieux.

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Pour limiter les risques à l’heure où les ordures s’amoncellent sur la voie publique, il est recommandé d’éviter tout contact avec des éléments potentiellement infectés et de se laver les mains régulièrement. Suivant la même logique, il est conseillé de tenir éloignés les enfants et les animaux domestiques des ordures. 

Pour rappel, après plus d’une semaine de grève, les éboueurs de Paris ont confirmé, ce mardi, la poursuite du mouvement jusqu’au 20 mars. 


Audrey LE GUELLEC

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