La bataille des retraites

Moins de grévistes, plus de blocages… Le point sur la mobilisation du 7 mars par secteur

par F.S. avec AFP
Publié le 7 mars 2023 à 17h01
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

Laurent Berger a salué ce mardi une "mobilisation historique".
Les chiffres des grévistes donnent pourtant une participation en baisse.
TF1info fait le point sur la mobilisation par secteur en ce sixième round de contestation contre la réforme des retraites.

Les syndicats voulaient mettre la France "à l'arrêt". Après cette sixième journée de lutte contre la réforme des retraites, l'heure est au bilan. Malgré une mobilisation toujours très forte, les taux de grévistes ce mardi 7 mars étaient moins élevés dans la majorité des secteurs, comme chez les enseignants et les cheminots, que lors de la première et plus grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le 19 janvier dernier. Par contre, fait assez nouveau, de nombreux blocages routiers sont apparus dans le pays, notamment à l'initiative de Gilets jaunes. Quant aux différentes manifestations, la CFDT prévoit déjà une des cortèges plus fournis qu'en début d'année. L'occasion de faire le point sur la mobilisation, secteur par secteur, en cette sixième journée de mobilisation. Avant d'éventuelles reconductions.

Des transports moins perturbés

Avec 39% de grévistes à la SNCF ce midi, selon une source syndicale à l'AFP, les cheminots étaient moins présents sur les piquets de grève que lors de la première journée d'action (46,3%). Ce qui n'a pas empêché la quasi-totalité des trains d'être à l'arrêt. Ce mardi, 80% des TGV Inoui et Ouigo étaient annulés, ainsi que presque tous les Intercités. Idem sur le réseau RATP, où le trafic était fortement perturbé, voire à l'arrêt, sur toutes les lignes qui ne sont pas automatiques. La situation n'était pas mieux dans les grandes villes du pays. À Lille et à Marseille, la plupart des bus ne circulaient pas. Ceci dit, à Bordeaux, le trafic était peu perturbé avec seulement 21% de grévistes. La circulation fluviale sur le Rhin était également à l’arrêt en raison des blocages de plusieurs écluses.

REPORTAGE - Galère dans les transports : pour combien de temps ?Source : JT 13h Semaine

Quant aux enseignants, un tiers d'entre eux étaient en grève ce mardi selon le ministère, contre 42,35% dans le primaire et 34,66% dans le secondaire le 19 janvier. Des chiffres que démentent les syndicats, bien qu'ils s'accordent sur une baisse de la mobilisation. Le Snuipp-FSU et Snes-FSU ont ainsi annoncé au moins 60% de grévistes dans le premier et le second degré, contre 70% dans le primaire et 65% dans les collèges et lycées en janvier. Au total, d'après le syndicat L'Alternative, le pays comptabilisait 22 universités bloquées, dont celles de Nantes, Strasbourg, Nanterre, Besançon, Sciences Po Bordeaux, Sciences Po Grenoble, Pau, Rennes 2, Nanterre ou Paris 8. À Strasbourg, plusieurs bâtiments étaient également bloqués, selon l'université. Les personnels pouvaient y entrer, mais pas les étudiants. 

Toujours dans la fonction publique, à Tourcoing, une dizaine de policiers hors service ont barré les voies d'accès à l'hôtel de police, à l'appel du syndicat Unité SGP police-FO.

De nombreux blocages sur les routes

Fait inédit cependant, sur les routes, de nombreuses actions de blocages, barrages filtrants et opérations escargot ont commencé dès mardi matin. Les grévistes, parmi lesquels un certain nombre de Gilets jaunes, ont ainsi bloqué ou ralenti la circulation autour de Rennes, Perpignan, Miramas, Poitiers ou La Rochelle. Des barrages ont aussi été érigés dans plusieurs zones industrielles et portuaires, à Lesquin, près de Lille, à Boulogne-sur-Mer, à Valenciennes ou à Amiens, bloquant les camions ou les laissant passer au compte-gouttes.

Les actions de blocage ont aussi empêché toute nouvelle expédition de carburants de sortir des raffineries du pays. Selon la CGT-Chimie, aucun camion n'est sorti d'une des sept raffineries de l'Hexagone. Si bien que si ces blocages se poursuivaient, ils pourraient mener à l'arrêt des raffineries qui n'auraient plus de place pour stocker le carburant produit sur place, et à des pénuries dans les stations-service comme en octobre dernier, même si les professionnels du pétrole estimaient mardi ce scénario encore peu probable.

Lire aussi

Toujours dans le secteur de l'énergie, EDF a annoncé ce midi une perte de puissance disponible de 5.300 mégawatts (MW) sur les barrages, et de 9.900 MW sur l'ensemble du parc nucléaire. Un niveau très élevé, équivalent à la capacité de neuf ou dix réacteurs nucléaires. Si ces baisses de production n'ont pas occasionné de coupures à ce stade, selon les précisions de la CGT-Energie, des grévistes ont procédé à des coupures sauvages auprès de 4.000 clients d'Enedis dans la zone de Boulogne-sur-Mer. Un blocage en particulier pourrait entraîner des retards dans la maintenance de certaines centrales nucléaires : celui du site de Velaines, où sont stockées des pièces. Dans le gaz, les quatre terminaux portuaires qui permettent d'importer du gaz naturel liquéfié sont bloqués, et l'ensemble des sites de stockages français sont touchés par des grèves, mais sans les mettre à l'arrêt, selon les informations de l'AFP. De nombreux sites étaient également à l'arrêt dans la chimie, chez Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), La Jarrie (Isère), entre autres. Enfin, dans la capitale, les trois incinérateurs de déchets étaient inopérants. Si bien que la collecte des ordures était bloquée dans les dix arrondissements sous régie municipale et "plusieurs milliers de tonnes d'ordures ménagères" n'ont pas été collectées, d'après les informations de la CGT du secteur.

Des cortèges à travers le pays

Reste à savoir si l'appel des syndicats a été entendu dans la rue. Ce matin sur LCI, Laurent Berger en avait fait un critère d'importance pour juger du succès de la mobilisation. Pari gagnant ? Les chiffres se font encore attendre. Mais dans les grandes villes de France, les cortèges étaient denses. À Marseille, d'après la préfecture, 30.000 personnes ont défilé, contre 245.000 selon la CGT. À Clermont-Ferrand, 37.000 manifestants ont été comptés par l'intersyndicale, 19.000 par la police. Quelque 6000 personnes à Saint-Martin-des-Champs, dans le Finistère, ont été comptées, 5500 personnes selon la police.

Lire aussi

Quant à la capitale, le secrétaire général de la CFDT a salué une "mobilisation historique au regard des 40 ou 50 dernières années". Peu avant le départ du cortège parisien, le patron du syndicat a affirmé qu'il y avait "20%" de manifestants en plus que lors de la journée du 31 janvier", qui avait réuni 1,27 million de participants selon les autorités, 2,5 millions d'après les organisateurs. "On a réussi notre pari qui était de montrer la détermination du monde du travail", a d'ores et déjà annoncé le leader de la CFDT.


F.S. avec AFP

Tout
TF1 Info