Grève du 13 janvier 2022 : jeudi noir à l'école

Grève à l'école : pourquoi les taux de grévistes sont-ils si différents entre le ministère de l'Éducation et les syndicats ?

Publié le 13 janvier 2022 à 18h04, mis à jour le 14 janvier 2022 à 0h08
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

CHIFFRES - Selon le gouvernement, 38,5 % d’enseignants étaient en grève quand les syndicats ont dénombré 75 % de grévistes à l’école et 62 % dans les collèges et lycées. Comment expliquer un tel écart ?

A chaque manifestation, c'est la même rengaine. La même bataille entre les syndicats et le gouvernement sur les chiffres de participation. La mobilisation de ce jeudi 13 janvier dans l'Éducation nationale ne déroge pas à la règle. Ainsi, Selon le ministère, 38,5 % d’enseignants étaient en grève à l'école et 23,7% dans les collèges et lycées, tandis que le SNUipp, premier syndicat du primaire, annonce 75% de grévistes à l’école et le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, 62 % dans les collèges et lycées. Entre les deux, difficile de connaître l'ampleur exacte de ce mouvement de grève, tant les écarts sont importants.

Des chiffres officiels minorés ?

L'explication réside dans des modes de calcul totalement différents. Pour établir les chiffres officiels, le ministère de l’Éducation nationale utilise depuis 2009 le logiciel Mosart, pour "MOdule de Saisie des Absences et des Retenues sur Traitement", sur lequel les chefs d’établissement et les inspecteurs de l’Éducation nationale (IEN) indiquent le nombre de grévistes. Toutefois, le ministère ne procède pas à une remontée exhaustive de la situation, seuls les résultats d’un échantillon d’établissements considérés comme "représentatifs", sont retenus pour calculer leur taux. "Sans aucune précision sur les critères de représentativité retenus pour composer cet échantillon", soulignait le Snes en 2015.

Par ailleurs, le ministère demande aux chefs d’établissements de remonter le nombre de grévistes en le rapportant à l’ensemble des personnels travaillant dans l’établissement, et non aux seuls personnels de service le jour de la grève. Ainsi un enseignant en congé maladie ce jour-là sera considéré comme non gréviste et un enseignant gréviste ayant cours l'après-midi également, parce que le nombre de grévistes est recensé le matin même de la mobilisation.  Le taux annoncé (le pourcentage issu du calcul du nombre de grévistes par rapport au nombre total de professeurs) est donc celui des agents qui feront l’objet d’une retenue sur traitement.

Déclarations d'intention

Côté syndicats, le SNUipp s’appuie sur un "panel représentatif d’établissements" (de tailles différentes et aux degrés de mobilisation divers) dans chaque département. Les enseignants en école maternelle ou élémentaire étant tenus de se déclarer grévistes au moins quarante-huit heures à l’avance, le syndicat établit son estimation grâce à ces déclarations. Elles ne recouvrent, cependant, pas nécessairement le nombre réel de grévistes le jour venu, les enseignants n’étant pas tenus de faire effectivement grève même s’ils se sont déclarés.

Dans le second degré, le SNES-FSU ne travaille pas avec un panel, mais avec ses représentants dans chaque établissement et ne prend en compte pour calculer le nombre de professeurs potentiellement grévistes que celles et ceux ayant effectivement cours à une heure donnée et qui ne vont pas assurer leurs cours parce qu’ils sont en grève. Ceux qui ne sont pas censés faire cours (pas à l’emploi du temps, en arrêt de travail…) ne sont pas compté dans celles et ceux pouvant faire grève.

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Ainsi, pour un établissement comptant 50 enseignants (A), si un jour de grève, 30 d’entre eux ont cours le matin (B), mais 20 sont grévistes (C), Mosart comptera 20/50 = 40% de grévistes (car se rapportant à l’effectif total) quand le SNES-FSU revendiquera un taux de gréviste de 20/30 = 66%. 


Virginie FAUROUX

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