BRAS DE FER - L'État a exclu vendredi toute négociation qui viserait à "abroger une loi de la République" au lendemain du coup d'éclat de manifestants anti-pass sanitaire. Ces derniers ont envahi l'hémicycle du Conseil régional de la Guadeloupe.
Un acte d'une "violence inédite", selon le gouvernement. La crise sociale qui secoue la Guadeloupe depuis début novembre a connu un regain de tensions jeudi, des manifestants envahissant le Conseil régional. Une provocation selon l'État, qui a fait part ce vendredi de sa volonté de rester ferme.
La Région avait dénombré jeudi "plus d'une centaine de personnes" dans l'hémicycle, et "plus de 400 personnes" au total dans les locaux, où du mobilier a été "détruit". Le Conseil régional "est devenu la maison du peuple", a déclaré jeudi soir à la presse locale Gaby Clavier, syndicaliste de la branche santé du syndicat UGTG, après une réunion avec le président de la région Ary Chalus, qui avait accepté de recevoir une délégation de dix manifestants.
"Aucune marge de négociation pour abroger la loi"
Ces derniers - un collectif d'organisations, syndicales ou citoyennes - doivent décider vendredi de la suite à donner au mouvement. Ils demandent que l'État se joigne à la table des négociations, interrompues depuis deux semaines, pour discuter des problématiques à l'origine de la crise sociale en Guadeloupe, avec en tout premier lieu l'obligation vaccinale. Ils veulent notamment obtenir "l’arrêt de toutes les sanctions et suspensions de rémunérations prises contre des milliers de salariés du public et du privé" refusant de se faire vacciner, a indiqué le collectif de manifestants dans un communiqué.
Pour le ministère des Outre-mer, cette requête est irrecevable. Si "l'État est présent pour trouver des solutions sur son champ de compétence, comme il le fait avec les maires sur la jeunesse", il n'y a "aucune marge de négociation pour abroger une loi de la République votée par le Parlement", en l'occurrence celle obligeant les personnels de santé et pompiers à être vaccinés pour travailler. Pas question non plus pour le ministère d'une amnistie pour ceux qui auraient commis des violences sur les forces de l'ordre, dans le cadre de la crise sociale qui secoue l'archipel depuis début novembre.
Une crise sociale depuis novembre
En Guadeloupe, où un premier cas de variant Omicron a été détecté samedi et où la quatrième vague de Covid-19 a fait plus de 800 morts, la résistance à la vaccination est forte. L'archipel a été touché en novembre par un mouvement de contestation, parfois violent, né de l'opposition à l'obligation faite au personnel soignant et aux pompiers de se vacciner contre le Covid-19. Le conflit a tourné à la crise sociale.
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Des négociations destinées à mettre fin à la crise ont tourné court il y a deux semaines après la signature d'un "accord de méthode" par les élus locaux et le collectif mais pas par l'État, absent du processus. Le ministère des Outre-mer a de son côté annoncé il y a trois jours que les personnels de santé des Antilles réfractaires à l'obligation vaccinale seraient "suspendus" au 31 décembre et pourraient "s'orienter vers un nouveau métier" via une "cellule de reconversion".