Handicapé, il porte plainte pour "violences volontaires" contre des policiers

Anaïs Condomines
Publié le 22 octobre 2015 à 17h35
Handicapé, il porte plainte pour "violences volontaires" contre des policiers

INFO METRONEWS - Lors de l’expulsion d’un logement à Orly, une personne polyhandicapée s’est retrouvée au sol et dénonce des violences policières. Selon nos informations, une plainte a été déposée auprès du procureur du Val-de-Marne. Une enquête pénale est en cours.

L’expulsion a-t-elle mal tourné ? La scène se déroule au cœur de l’été, devant le numéro 8 du square René-Caillé, à Orly dans le Val-de-Marne. La démolition de l’immeuble, organisée par le groupe de bailleurs sociaux Valophis, relève d’une décision de justice et n’attend plus le départ que d’une seule famille. Mais Jean-François Peria, 53 ans, aveugle et handicapé à 80%, refuse de quitter cet appartement dans lequel il a toujours vécu avec ses deux sœurs. Ce matin du 4 août, lorsque la police débarque pour le déloger la police, il assure avoir reçu des coups, jusqu'à se retrouver au sol. Quinze jours plus tard, il a donc déposé plainte auprès du procureur du Val-de-Marne pour "violences volontaires", nous apprend son avocat.

Jean-François Peria s’est confié à metronews. Très en colère, il raconte cette matinée dont le souvenir est pour lui toujours aussi vivace : "Je suis sorti de chez moi à 6h30, accompagné d’une amie, pour me rendre à un rendez-vous médical. Dehors, les policiers sont arrivés. Ils ont voulu arracher la canne blanche que je tenais à la main en me disant ‘On n’est pas sûrs que vous êtes aveugle’ et ‘vous faites semblant de ne pas voir’. Puis j’ai reçu des coups de matraque sur le ventre et dans le dos et je me suis retrouvé par terre. Je ne savais plus me relever."

"Usage disproportionné de violences"

Selon les témoins, Jean-François est resté à terre pendant près de quatre heures. Nos confrères du Parisien , à l’époque, avaient relaté cette altercation. Et la photo ci-dessus, que metronews a pu se procurer, montre la personne handicapée au sol, non loin d’un groupe de policiers, alors que l'expulsion de son appartement se déroulait. Son avocat, Adrien Gabaud, nous confirme que le quinquagénaire s’est vu prescrire trois jours d’ITT (Interruption totale de travail) auprès des unités médico-judiciaires.

"Les forces de l’ordre ont fait un usage disproportionné et sans discernement de violences en frappant avec une matraque un homme aveugle et handicapé à 80%, et en le laissant à terre plusieurs heures, c’est un véritable scandale", accuse l'avocat.

Plainte prise au sérieux

Le bailleur social, qui prévoyait cette expulsion de longue date, avait auparavant proposé des solutions de relogement aux familles. Des solutions que Jean-François Peria a toujours refusées : "On me proposait un logement très ancien et non accessible aux personnes handicapées !", se défend-il. De son côté, l’avocat du groupe Valophis, qui a accepté de répondre à nos questions, dénonce "l’attitude dilatoire de cette famille qui a tout fait pour retarder l’expulsion, en faisant preuve d’une résistance un peu exagérée." 

Et si selon une source policière, "les agents sont tranquilles sur cette affaire", ne craignant aucune accusation de violences, le parquet de Créteil nous confirme que "cette plainte est prise très au sérieux". Une enquête pénale est d’ailleurs diligentée depuis le 26 août. 

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Anaïs Condomines

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