Pour lutter contre le harcèlement scolaire, le ministre de l'Éducation nationale envisage des cours d’empathie.Cela fait 20 ans que la méthode fait ses preuves au Danemark ou en Finlande.Mais sur quoi reposent exactement ces programmes basés sur le respect de l'autre et la bienveillance ?
Quinze jours après la rentrée, la lutte contre le harcèlement scolaire reste au cœur des discussions. Alors qu'Élisabeth Borne doit présenter d’ici la fin du mois un plan interministériel contre ce fléau qui a récemment conduit au suicide d'un adolescent de 15 ans, Gabriel Attal a annoncé avoir pour projet de se rendre dans les pays nordiques pour s'inspirer de leurs méthodes. L'une d'entre elles repose sur des programmes spécifiques pouvant être qualifiés de "cours d'empathie". Appelé "Fri for Mobberi", ou "libéré du harcèlement" en français, ce dispositif fait ses preuves depuis 2005 au Danemark et depuis 2009 en Finlande où il se nomme "KiVa". Il est testé depuis peu dans quelques établissements de l'Hexagone.
L'exemple finlandais
En Finlande, le dispositif "KiVa" est en place dans plus de trois quarts des écoles. D’après les chiffres officiels, il aurait permis de réduire de 75% les cas de harcèlement. Il se décline en plusieurs axes, dont un reposant sur le fameux "cours d’empathie", aussi appelé "jeu de rôles" qui consiste dès l’entrée en maternelle à se mettre dans la peau de différents protagonistes au cours d'ateliers dédiés. Tandis que le rôle de la victime vise à développer l’empathie, celui du harceleur a pour but de faire prendre conscience de ses responsabilités et celui du témoin à encourager à signaler la situation aux adultes.
Le dispositif mise aussi sur la diffusion de films visant à sensibiliser les élèves et propose des mises en situation dans des jeux vidéo dédiés. Enfin, il induit la confrontation systématique entre la victime et l’agresseur, encadrée par un professeur ou un référent.
L'exemple danois
Au Danemark, où le programme est adopté dans 60% des crèches, 62% des écoles maternelles et 45% des écoles élémentaires, une étude d'impact a montré que 70% des professionnels constatent davantage de bienveillance chez les enfants depuis sa mise en place. Ceux qui y prennent part sont par exemple invités à dessiner avec le doigt dans le dos d'un camarade pour apprendre à avoir des contacts chaleureux. "Comme ça, ils n'auront pas peur d'aller voir un camarade et de lui faire un câlin s'il se sent triste", a eu l'occasion d'expliquer Michelle Kelly, enseignante au Danemark au micro de France 2, en écho à des études qui ont montré l’importance du toucher, pour favoriser le lien d’attachement.
Cet exercice fait aussi appel à la notion de consentement, chaque élève demandant au préalable à son camarade de lui "prêter son dos" et le remerciant en retour à la fin de l'activité si ce dernier a accepté. Autres exemples d'outils destinés aux 0-9 ans : le recours à des planches de discussions ou encore à une peluche en guise de mascotte que les enfants peuvent aller voir quand ils sont tristes ou proposer en réconfort à un camarade qu'ils ont envie de voir aller mieux.
Dès la rentrée 2022, la France s'est inspirée de ces deux initiatives, dans le cadre d'un projet pilote mené en partenariat avec les ONG qui gèrent le programme au Danemark. Dix-huit écoles maternelles du 18e arrondissement de Paris et de Saint-Denis sont concernées. À noter qu'en cette rentrée 2023, la méthode a été déployée dans de nouvelles écoles des 19e et 20e arrondissements de la capitale, ainsi qu'à Eragny (95) et à Montreuil (93) mais aussi en crèche dans le 18e et à Saint-Ouen.
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