Deux adolescents auraient mis fin à leurs jours ces dernières semaines après avoir subi du harcèlement scolaire, selon leurs proches.Une méthode finlandaise, basée sur la prévention et des exercices concrets, offre de bons résultats dans la lutte contre ce fléau.Elle s'est exportée dans de nombreux pays, et a inspiré en partie le dispositif français.
Le fléau endeuille encore trop souvent les écoles françaises. Rien que ce samedi, deux moments de recueillement étaient prévus pour rendre hommage à deux adolescents, victimes de harcèlement scolaire selon leurs proches. Les obsèques de Lucas, un jeune garçon de 13 ans qui s'est suicidé samedi dernier à Golbey, dans les Vosges, se tiennent ce jour, tandis qu'une marche blanche à travers Romans-sur-Isère, dans la Drôme, s'est déroulée à la mémoire d'Ambre, 11 ans, qui se serait également suicidée, selon la police. La jeune fille est décédée le 25 décembre dernier après avoir chuté du quatrième étage de son domicile.
En France, 77% des jeunes disent avoir subi des violences à l’école, selon un sondage OpinionWay paru en novembre. À l'échelle mondiale, c'est près d’un élève sur trois (32%) qui a été harcelé au moins une fois au cours du dernier mois, relevait de son côté l'Unicef en 2019. De nombreux pays s'attellent à la question, au rang desquels par exemple le Royaume-Uni, où plusieurs lois ont inclus la prévention du harcèlement scolaire dans les obligations des écoles. Elles doivent intégrer cette problématique dans une charte des bons comportements, à destination des élèves.
Un système inspiré du dispositif finlandais de lutte contre le harcèlement, nommé Kiva, qui a aussi servi de modèle au programme français pHARe. Élaborée à l'université de Turku, cette méthode a commencé à se diffuser dès 2009. Elle propose une stratégie d'intervention globale, basée sur trois piliers : la prévention, l'intervention et le suivi.
Mises en situation et équipes dédiées
Plusieurs solutions innovantes sont mises en place. Par exemple, des activités concrètes sensibilisent les élèves à ce fléau, comme des jeux de rôle où les élèves se mettent dans la peau de la victime, de l'agresseur ou du témoin, explique franceinfo. Des jeux en ligne proposent aussi des mises en situation, dans une forme ludique. Ensuite, en cas de signalement, des équipes dédiées prennent en charge la situation de façon systématique, et un dialogue est organisé entre la victime et son bourreau. L'accent est aussi porté sur les témoins, avec des exercices pour développer l'empathie des élèves et leur apprendre à réagir lorsqu'un camarade est la cible de violences. Enfin, des enquêtes annuelles permettent d'évaluer régulièrement le dispositif.
Plusieurs études ont déjà montré son efficacité : entre 2009 et 2018, le pourcentage d'élèves se disant victimes de harcèlement dans les écoles appliquant le programme a chuté de 16 à 12% environ, relate le site officiel de Kiva. Quant à ceux qui déclarent harceler leurs camarades, leur part a fondu, passant de 11% à 4%. Par ailleurs, 98% des victimes qui ont pris part au système affirment que la situation s'est depuis améliorée pour eux.
Le programme est désormais mis en œuvre dans 90% des écoles finlandaises, et a été exporté dans 20 pays. D'après une note de la Chambre des communes britanniques par exemple, dans les écoles anglaises et galloises qui l'ont adopté le temps d'un projet pilote entre mars 2013 et juillet 2015, 16% des enfants se disaient victimes avant l'expérimentation, contre 9% à la fin. La part de ceux déclarant être auteurs de harcèlement a quant à elle chuté de 6 à 2%.
Seul bémol, Kiva est payant : en moyenne 6730 euros pour deux ans d'interventions, indique le site belge du programme. Si le dispositif français pHARe s'en inspire, il est en revanche financé totalement par l'État.
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