AGRESSION - Une campagne d'information et un numéro d'alerte pour tous les transports communs d'Ile-de-France ont été lancés ce lundi par la Région, avec la RATP et la SNCF, pour apporter une aide aux femmes victimes de harcèlement sexuel, sensibiliser les témoins et punir les "prédateurs". Ces derniers ont été représentés par des ours, requins ou loups sur les affiches de campagne... une allégorie qui n'a pas plu à tout le monde.
"Ne minimisons jamais le harcèlement sexuel. Victimes ou témoins donnez l'alerte" : c'est ce qu'on peut lire sur les affiches dévoilées ce lundi pour lutter contre le harcèlement sexuel dans les transports en commun en Ile-de-France. Sur les visuels accompagnant le texte, on peut voir des femmes visiblement apeurées, seules en présence d'un loup, d'un requin ou d'un ours.
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#StopHarcelement Ne minimisons jamais le harcèlement sexuel, victimes ou témoins donnez l’alerte ! Catherine Guillouard PDG @GroupeRATP "Nous avons souhaité une campagne choc contre le harcèlement pour donner aux victimes et aux témoins des moyens concrets d’alerter & d’agir !" pic.twitter.com/19y4pPj796 — Groupe RATP (@GroupeRATP) 5 mars 2018
La campagne permet aussi de faire parler du numéro d'alerte - 3117 par téléphone, 31177 par SMS et l'application 3117 - à composer si l'on est victime ou témoin d'une agression.
La métaphore animalière critiquée
Le choix de représenter les harceleurs sous les traits d'animaux sauvages a interpellé, notamment sur les réseaux sociaux. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a répondu lundi en conférence de presse que cette campagne était un peu "choc pour faire ressentir la peur qu'ont les femmes quand elles sont dans les transports en commun. Ce ne sont pas les hommes qu'on stigmatise, ce sont les prédateurs". Interrogée sur ce choix, la Région a expliqué à LCI : "On a choisi des animaux pour ne pas stigmatiser telle ou telle personne. L'idée n'était pas de désigner tous les hommes comme des prédateurs. Les hommes ne doivent pas se sentir jugés, visés. Ce sont aux harceleurs de l'être."
C'est justement le problème, fait-on remarquer par endroits sur Twitter, où certaines utilisatrices font remarquer que les faits de harcèlement et d'agressions sexuelles ne sont pas forcément commis par des "prédateurs" ou des "animaux sauvages"
Le problème de la métaphore animalière pour représenter le harcèlement c'est qu'aucun homme ne va se reconnaître. Et qu'encore une fois on élude le fait que les agresseurs sont des hommes quelconques, pas des monstres ou des animaux, soumis à des pulsions incontrôlables. — Sophie G. (@Sophie_Gourion) 5 mars 2018
Oui. Ce sont bien des personnes, des hommes, qui harcèlent, agressent, insultent. Ne pas arriver à le dire, l’euphémiser en montrant des animaux, c’est déjà du déni https://t.co/PdPU6QOeDo — Louise Tourret (@louisetourret) 5 mars 2018
un agresseur sexuel a beaucoup plus de chances de ressembler à cela qu'à vos animaux féroces ridicules. pic.twitter.com/N92ObswDvC — CrêpeGeorgette (@valerieCG) 5 mars 2018
Voilà à quoi devrait ressembler à peu près une campagne générale contre les violences sexuelles. Fait gratos en quinze minutes avec des photos Pixabay. Vous pouvez vous en inspirer @Actu_Transilien @Egal_FH #StopHarcèlement pic.twitter.com/feNX726kw9 — La Légiste 💉 (@LaboDeLaLegiste) 5 mars 2018
L'initiative a été saluée par la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, qui a estimé que les collectivités ayant des compétences en matière de transports "ont un rôle majeur à jouer dans l'abaissement du seuil de tolérance de la société au harcèlement de rue en général et dans les transports en particulier".
Selon diverses enquêtes (Virage 2015, FNAUT 2016, IAU 2016), 43% des faits de violences graves contre les femmes ont lieu dans les transports en Ile-de-France, 87% des usagères en France déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel et 6 femmes sur 10 craignent une agression ou un vol, contre 3 hommes sur 10.