HISTOIRE - Décédé le 12 octobre dernier, Hubert Germain est inhumé ce 11 novembre au Mont-Valérien. L'occasion de revenir sur le parcours et la vie d'un résistant de la première heure.
Le "der des ders" s'est éteint. Ultime survivant des Compagnons de la Libération, Hubert Germain est décédé le 12 octobre dernier, à l'âge de 101 ans. Après un hommage aux Invalides quelques jours plus tard, l'ancien résistant est inhumé ce 11 novembre dans la crypte du mémorial de la France combattante du Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine). Ce lieu d’exécution de résistants et d’otages durant la Seconde Guerre mondiale avait été choisi par Charles de Gaulle, lui-même, pour accueillir la dépouille du dernier membre de l'ordre. Avec le décès de Monsieur Germain, c'est toute une page de l'histoire de France qui se ferme. D'où l'intérêt de mettre en lumière la vie d'un homme exceptionnel à plus d'un titre.
Résistant de la première heure
Fils d'un officier général issu des troupes coloniales, Hubert Germain est né le 6 août 1920 à Paris. Il "débute ses études secondaires à la mission laïque franco-arabe de Damas (1930-1932) et les poursuit au lycée Albert Sarraut à Hanoi puis au lycée Saint-Louis à Paris", indique la biographie qui lui est consacrée sur le site du Musée de l'ordre de la Libération. Bachelier, il prépare le concours de l'École navale au lycée Michel Montaigne de Bordeaux au moment de la déclaration de guerre de septembre 1939. Mais, dès juin 1940, il renonce aux concours. "Au bout de cinq minutes, je me suis dit : 'Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je me suis levé en disant à l'examinateur : je pars faire la guerre'", racontait-il en 2018 à l'AFP.
Rapidement, il s'embarque pour l'Angleterre et s'engage dans la légion étrangère. Il combat successivement en Syrie, en Libye - où il s'illustre particulièrement lors de la bataille de Bir Hakeim - en Égypte, en Italie, en Provence, dans les Vosges et en Alsace. Après une blessure à Pontecorvo, il est décoré de l'ordre par De Gaulle en 1944 en Italie. Par la suite, rapidement remis, il est du débarquement de Provence ainsi que des campagnes des Vosges et d'Alsace.
Une grande carrière politique après la guerre
Après la guerre, Hubert Germain devient attaché de direction dans une entreprise de produits chimiques. Rapidement, en 1953, il est élu maire de Saint-Chéron (Essonne). Un mandat qu'il conserve jusqu'en 1965. Ce résistant de la première heure est également chargé de mission au cabinet de Pierre Messmer, ministre des Armées, de 1960 à 1962 puis, de nouveau, en 1967 et 1968. Dans ces années-là, il devient aussi député de Paris (de 1962 à 1973). Parallèlement, il occupe des fonctions de président de l'amicale parlementaire "Présence et Action du Gaullisme" (1969-1972). De 1972 à 1974, Hubert Germain est ministre des PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) puis ministre chargé des relations avec le Parlement (mars-mai 1974).
De multiples décorations
Certes, Germain n’a jamais égalé l’envergure historique d’un Leclerc ou la dimension politique de son ami Messmer. Mais le destin lui a accordé une place à part dans le cercle très fermé des Compagnons : un des plus jeunes membres, à 23 ans, il a en aussi été le dernier. Outre cette prestigieuse distinction, "l'ultime héros" des Compagnons (dixit Emmanuel Macron) a été nommé Grand Croix de la Légion d'Honneur, Grand Croix de l'Ordre de Malte ou encore membre de l'Ordre de l'Empire britannique. Il a également reçu la médaille de la Résistance avec rosette.
Les Compagnons de la Libération sont un ordre créé en 1940 pour "récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de libération de la France et son empire" lors de la Seconde Guerre mondiale. Au total, 1038 personnes, 18 unités miliaires des Forces françaises libres mais aussi 5 communes tricolores ont été distingués. Plusieurs personnalités connues ont été médaillées, de Churchill à Gary, en passant par de Lattre de Tassigny, Chaban-Delmas ou encore Jean Moulin.
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