REPORTAGE – Ce dimanche 13 novembre se sont tenues les cérémonies en mémoire des victimes des attentats parisiens, un an auparavant. Une série d’hommages sous haute surveillance et remplie, selon les familles, d’une grande dignité.
C’est un dimanche matin de novembre, gris, froid et pluvieux, pas tout à fait comme les autres. Dans les 10éme et 11ème arrondissements de Paris, les rues sont silencieuses, presque vides. Seuls les abords des sites meurtris par les attentats du 13 novembre 2015, bruissent d’une agitation respectueuse. De part et d’autre du canal Saint Martin, les rues adjacentes au Carillon, au Petit Cambodge, au Comptoir Voltaire, à la Bonne Bière et au Bataclan sont bouclées. Dans l’air, on entend simplement la pluie qui ruisselle et les talkies des policiers.
Car le périmètre tout entier est placé sous haute surveillance. Au-dessus, un hélicoptère, et devant chaque terrasse, des cars de policiers en file indienne. Et puis il y a, rassemblés sous la pluie, secouristes, forces de l’ordre en tenue de cérémonie et familles des victimes, qui attendent la visite des officiels. Devant le Bataclan, les membre du groupe des Eagles of Death Metal, en concert le soir des attentats, se sont mêlés à la foule.
Une cérémonie digne
Cette cérémonie de commémoration, placée sous le signe de la dignité, se déroule sur chaque site selon un protocole bien précis. Dévoilement de la plaque par les autorités, lecture des noms des victimes, minute de silence. En convoi, le président François Hollande, la maire de Paris Anne Hidalgo ainsi que le Premier ministre Manuels Valls, Bernard Cazeneuve et Valérie Pécresse se succèdent sur les lieux de mémoire, à la rencontre des familles. Si le passage dans le quartier des terrasses s’avère plutôt express, le président est resté plus longtemps qu’ailleurs au Bataclan, dernière étape de son parcours.
"C'est ce qu'il fallait faire"
Une attention qui a touché Thierry, rescapé de la tuerie perpétrée dans la salle de spectacle, qui confie, sur place : "C’était très fort, cette cérémonie. Notre président est resté, il a serré certaines personnes dans ses bras. Des gens pleuraient, il y avait une grande émotion. Pour moi, c’était important d’être là aujourd’hui, mon nom aurait pu être sur cette plaque" dit-il en désignant d'un signe de tête la surface de marbre, recouverte des 90 noms des victimes, fichée à l'entrée du Bataclan.
Cette émotion, Daniel Psenny en a également été témoin. Journaliste au monde et voisin du Bataclan, il a le soir du 13 novembre 2015 recueilli des victimes, joué les sauveteurs, avant, lui aussi, de recevoir une balle dans le bras. Aujourd’hui rétabli, il estime, en marge des commémorations : "Plus que de l’émotion, j’ai ressenti de la dignité. C’était une cérémonie très apaisante, je crois que c’est ce qu’il fallait faire." Et le journaliste miraculé d’ajouter : "On en avait tous besoin."