RAS-LE-BOL - Mercredi soir, près de la moitié des médecins des urgences de l’hôpital d’Avignon ont donné leur démission : ils dénoncent des conditions de travail "catastrophiques" et des problèmes de management. La direction tente de les convaincre de rester.
C’est un appel au secours. Treize des vingt-huit médecins qui travaillent au service des urgences de l’hôpital Henri-Duffaut à Avignon ont déposé leur démission mercredi soir. "Il y avait des tensions depuis quelques semaines, voire quelques mois. Ils sont à bout de nerfs", confie à LCI Patrick Bourdillon, secrétaire général de la CGT dans l’établissement.
Des tensions dont la direction avait déjà été informée. "Certains praticiens ont fait état, le 15 septembre 2016, des difficultés qu’ils rencontraient (…). Ils ont indiqué leur souhaiter de quitter le service si aucune amélioration n’intervenait", indique le centre hospitalier dans un communiqué. Ils sont donc finalement passés à l’acte.
Conditions de travail difficiles, locaux vieillissants…
Les médecins dénoncent notamment des conditions de travail "très dures". Leur service, le troisième plus important de la région Paca, reçoit jusqu’à 200 patients par jour uniquement sur les urgences adultes. "L’activité est en hausse constante, 6% par an", ajoute Patrick Bourdillon. Le festival d’Avignon ou les vacances d’hiver sont autant de périodes d’extrêmes difficultés, redoutées par le personnel médical et paramédical.
Mais ce n’est pas leur seul motif d'exaspération. "Ils pointent également du doigt un problème de management", explique Patrick Bourdillon. Alors que des projets de réflexion sur le recadrage du pole Samu-Urgences-Réanimation sont en cours, les médecins démissionnaires souhaitent en effet la nomination d’un nouveau chef de pole. "Ils estiment ne pas être défendus par leur chef actuel et veulent le faire dégager", explique le syndicaliste. Ils ont aussi tiré la sonnette d'alarme sur l'état de certains locaux, "notamment ceux du Samu" qu'ils estiment "extrêmement vieillissants".
Quand vous n’arrivez pas à soigner vos patients correctement, c’est difficile à supporter
Patrick Bourdillon, secrétaire général de la CGT de l'hôpital d'Avignon
Résultat : la qualité des soins et l’accueil des patients se sont considérablement dégradés ces derniers mois. "Quand vous êtes un praticien et que vous n’arrivez pas à soigner ou à surveiller vos patients correctement, c’est moralement difficile à supporter", déplore Patrick Bourdillon. Contactés par LCI, les médecins démissionnaires n’ont pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.
Aujourd’hui, ils réclament plus de médecins, davantage de moyens et une modification de la gouvernance. En janvier 2016, alors que les lieux étaient agrandis, seul deux postes de praticiens ont été créés contre neuf postes de personnels paramédicaux. Des discussions sont en cours avec la direction pour tenter de trouver un compromis. "La période de préavis est mise à profit pour poursuivre les discussions entre les médecins, le président de la commission médicale d’établissement et la direction en vue d’arrêter une organisation commune recueillant une plus forte adhésion", indique la direction dans un communiqué.
Selon la direction et les syndicats, la situation devrait se débloquer rapidement, probablement "dans les jours qui viennent". Une réunion était organisée ce jeudi après-midi et une autre est prévue vendredi matin. Mais Patrick Bourdillon a déjà sa petite idée sur l’issue des négociations : "Face à la pression, la direction va céder."
VIDÉO - Grève à l'hôpital : la colère contre la pénurie de médecins
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