ÉPISODE 3 - Ils sont désormais quatre à avoir été tirés au sort pour tester un revenu universel de 1.000 euros par mois pendant 1 an. Et les premiers effets de cette expérimentation, qu'ils racontent chaque mois à LCI, se font sentir : alors que certains comptent acheter une voiture, une autre économise car son emploi de vendeuse est menacé.
Ils sont arrivés au tiers de l'expérimentation. Tirés au sort pour recevoir 1.000 euros par mois pendant un an, Brigitte, Denis et Caroline* racontent chaque mois à LCI l'évolution de leur quotidien avec ce "salaire", financé par une campagne de crowdfunding lancée par l'association Mon revenu de base. Comment l'ont-ils utilisé jusqu'ici ?
Un nouveau bénéficiaire, Alain, ayant été tiré au sort il y a un mois, ils sont désormais quatre à participer à l'expérience. Et pour certains, les premiers effets se font sentir. Achat d'une voiture pour trouver un emploi, épargne... tous n'utilisent pas leurs 1.000 euros de la même façon, parce qu'ils n'ont pas les mêmes besoins. Ni les mêmes problèmes.
Emploi menacé et "filet de sécurité"
"J'ai bien fait de mettre mes 1000 euros mensuels de côté !", lance Brigitte, cette quinquagénaire qui vit en Bretagne. Son emploi de vendeuse en maroquinerie risque en effet d'être menacé : sa patronne lui a récemment annoncé qu'elle souhaitait vendre la boutique. D'abord "un peu stressée" par cette nouvelle, Brigitte se dit aujourd'hui plus rassurée : "j'ai toujours trouvé du travail depuis que j'habite en Bretagne". Elle qui voulait dès le début faire de son revenu de base un "filet de sécurité" n'attendra pas de se retrouver au chômage : "Si je trouve un nouveau CDI dès maintenant, je le prendrai, sinon j'irai voir dans l’intérim".
Caroline aussi met de côté son revenu de base pour en faire un "filet de sécurité". Cette secrétaire de 50 ans n'est pas menacée par le chômage, mais tient à "employer cet argent de façon juste". Elle attend de mettre au clair ses souhaits avant d'envisager une éventuelle reconversion. Pas question pour cette Jurassienne de dilapider son revenu de base. D'autant plus qu'elle éprouve régulièrement une certaine "culpabilité" à avoir été tirée au sort pour recevoir ces 1.000 euros mensuels sans condition, "alors que dans (s)on entourage, il y a des gens qui rament". À tel point que Caroline n'a toujours pas dit à certains amis qu'elle avait été désignée.
Ici, à part faire six fois le tour du village, on ne peut pas faire grand-chose
Denis
Pour Denis, au chômage depuis plus d'un an, le revenu de base n'est pas un filet de sécurité, mais un tremplin indispensable pour décrocher un emploi. D'ailleurs, ce charpentier de formation en a peut être trouvé un, à une douzaine de kilomètres de son village des Landes. Sauf qu'il n'a pas de voiture pour s'y rendre. Grâce à son revenu de base, Denis avait pu souscrire de nouveau à un contrat d'électricité pour sa maison, et une assurance pour son camion. Sauf que son camion est retombé en panne.
Résultat, le trentenaire doit déplacer son véhicule jusqu'au garage, mais il n'a pas les moyens d'appeler une dépanneuse. S'il y parvient, le garage reprendra son camion, et son revenu de base lui permettra de s'acheter une voiture d'occasion. "Ça fait une semaine que j'ai des solutions, il ne manque qu'un peu d'argent", explique Denis, qui tente de rester optimiste : "On essaie d’avancer mais on se prend des claques."
En attendant, le jeune homme raconte son "grand ennui" : examen quotidien des annonces d'emploi, "même si je sais d'avance que sans voiture je ne pourrai pas m'y rendre", quelques promenades et un peu d'exercice. "Ici, à part faire six fois le tour du village, on ne peut pas faire grand chose", raconte-t-il. Denis espère, après avoir trouvé un emploi, quitter ce coin reculé des Landes pour la région Rhône-Alpes : "Là bas, ils font plus de maisons en bois et on trouve plus de métiers liés à la montagne, qui m'intéressent."
Ça faisait un an que je n’avais pas de voiture, et dans mon village, il y a deux, trois entreprises mais pas de travail
Alain
Alain aussi avait besoin d'une voiture pour trouver un emploi. À 55 ans, il vit seul dans un petit village de Midi-Pyrénées. Tiré au sort fin février, le jour de son anniversaire, il vivait alors du RSA depuis 4 ans, mais continuait à "faire des travaux pour les copains : des jardins, des maisons, de la maçonnerie, de la charpente".
"Ça faisait un an que je n’avais pas de voiture, et dans mon village, il y a deux, trois entreprises mais pas de travail", soupire Alain. "Avec mon premier chèque de 1.000 euros, j'ai pu rembourser mes dettes et acheter une voiture que je vais payer en 2 fois."
Et après ? "Si je trouve un travail, je le prends. Je suis ouvert à tout. Je pourrais aussi m'acheter un bout de terrain, quelque chose qui va me rapporter de l'argent. Par exemple, j'ai vu une annonce pour acheter une forêt de chênes truffiers pour 5.000 euros. C'est une idée comme une autre." Pour ce débrouillard, le seul objectif est de vivre décemment, à la campagne, "avec le minimum".
Moi, que j’aie de l’argent ou pas, je fais des trucs
Alain
"Gagner beaucoup d'argent, je ne sais pas faire", poursuit ce débrouillard. "Moi, que j’aie de l’argent ou pas, je fais des trucs. Vous me donnez un crayon, un couteau, je fais quelque chose. J'ai été parisien, j'ai vécu dans une caravane, ou dans une ferme avec une communauté punk, on faisait des concerts, du pain... On a été obligé de se débrouiller."
Comme les autres, Alain compte bien mettre son revenu de base de côté. Mais ça n'arrivera pas tout de suite : "Après l'assurance, la carte grise, ce que je donne à mon fils et à ma famille qui m'a aidé pendant des années, il n'en restera pas beaucoup."
*Les prénoms ont été modifiés à la demande des bénéficiaires.
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