CALENDRIER - Le patron des députés LaREM Gilles Le Gendre a assuré ce jeudi matin sur LCI qu'à cause de la crise sanitaire, il lui semblait "impossible" d'adopter la loi sur la PMA pour toutes "avant l'été", comme cela était prévu. Une déclaration qui a provoqué de nombreuses réactions de mécontentement.
"Impossible" d'adopter la loi sur la PMA pour toutes avant l'été, en raison de la crise sanitaire. C'est la déclaration du président du groupe des députés LaREM, Gilles Le Gendre, ce jeudi matin sur LCI. Des propos qui ont provoqué des réactions épidermiques chez les parlementaires, divisant jusque dans son camp, et parmi les associations.
Un problème de calendrier, et de principe
"J’espère que nous pourrons adopter la PMA d’ici la fin du quinquennat", a estimé M. Le Gendre dans notre matinale, repoussant le délai d'étude de cette proposition de loi promis par le gouvernement ces derniers mois. "Avant l’été c’est impossible, pour deux raisons : pour une question de calendrier, nous n'avons plus beaucoup de temps et nous avons des textes importants très liés à la situation économique d'urgence, et par ailleurs les hémicycles, Sénat comme Assemblée, travaillent à effectifs réduits pour respecter les règles sanitaires", a insisté le député.
"Sur une loi aussi importante, que l'ensemble des forces politiques ne puissent pas être présentes dans l'hémicycle, cela pose un vrai problème de principe", a-t-il argumenté. L'élu a cependant répété souhaiter "aller au bout" de l'adoption de la PMA pour toutes "dans le quinquennat, c’est-à-dire durant les deux ans qui restent".
Un énième report, 10 ans après la promesse d'Hollande
"Il y a des femmes derrière vos décisions de calendrier. Des personnes humaines. Votre mépris est sidérant", a réagi sur Twitter Caroline de Haas, du collectif #NousToutes. Sans mâcher ses mots, elle estime que Gilles Le Gendre, Emmanuel Macron et leur parti ne pouvaient que "se moquer" ou "se foutre de la gueule" des personnes concernées.
De son côté, l'association SOS homophobie rappelle qu'une échéance encore repoussée à 2022 reviendrait à adopter la loi "10 ans après la promesse d'Hollande". Avec un report à la fin du quinquennat, les femmes lesbiennes ou les mères célibataires souhaitant bénéficier de la PMA se sentiraient bafouées selon elle. "L’égalité n’est pas un luxe. Les LGBT ne sont pas une variable d’ajustement. La dignité des LGBT, leurs projets de familles n'ont pas disparu avec la crise !", a déclaré l'association.
Il y a des femmes derrière vos décisions de calendrier. Des personnes humaines. Votre mépris est sidérant. 🤬 #PMApourtoutes — Caroline De Haas (@carolinedehaas) May 21, 2020
"On utilise ce projet de loi comme une variable d’ajustement du calendrier parlementaire en méprisant toutes ces femmes lesbiennes et célibataires qui espéraient débuter un parcours de PMA cette année ou au début de l’année prochaine", a également déploré l'association des familles homoparentales dans un communiqué.
Une déclaration décriée au sein de son propre camp
Sa déclaration a fait réagir de nombreux parlementaires, jusqu'au sein de la majorité. "Pour nombre de couples et de femmes, la PMA est bel et bien une urgence. Les députés de la majorité sont attachés à ce que cette promesse de campagne soit réalisée le plus tôt possible", a twitté le député LREM Sacha Houlié, en s'appuyant sur les déclarations de SOS Homophobie. Son homologue de la Sarthe, Damien Pichereau, s'est dit aussi "défavorable au report de l’examen en seconde lecture de PMA pour toutes".
Pour nombre de couples et de femmes, la #PMA est bel et bien une urgence. Les députés de la majorité sont attachés à ce que cette promesse de campagne soit réalisée le plus tôt possible. https://t.co/CubsS7On8Z — Sacha Houlié (@SachaHoulie) May 21, 2020
"Non seulement la loi de bioéthique porte la PMA est un enjeu de vie privée et familiale absolument fondamental pour de nombreuses personnes, mais en plus, elle cadre les rapports entre sciences et société. Comment imaginer reporter à date inconnue ce sujet brûlant d’actualité ?", a également réagi la députée LREM Coralie Dubost. Son collègue de parti Guillaume Chiche a renchéri : "La PMA pour Toutes est une urgence absolue. Chaque jour qui passe est une chance de succès en moins de fonder une famille pour celles qui le désirent".
Une adoption "dès que les circonstances le permettront"
Devant ces très nombreuses réactions, Gilles Le Gendre a repris la parole en fin de journée. "Aucun doute", a-t-il tweeté, "la Loi Bioéthique, dont le vote est retardé par le Covid-19, sera adoptée au plus vite, dès que les circonstances le permettront. Les députés LREM et le gouvernement sont déterminés à faire de la PMA pour toutes une des grandes avancées sociétales de notre pays."
Aucun doute, la Loi Bioéthique, dont le vote est retardé par #COVID__19 , sera adoptée au plus vite, dès que les circonstances le permettront. Les députés @LaREM_AN et le @gouvernementFR sont déterminés à faire de #PMApourtoutes une des grandes avancées sociétales de notre pays. — Gilles Le Gendre (@GillesLeGendre) May 21, 2020
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, forcé de réagir sur ce débat, s'est lui aussi voulu optimiste. "La loi bioéthique porte de nombreuses, belles et réelles avancées sociétales. Le débat parlementaire n'est pas achevé, et si la priorité donnée à la crise sanitaire rend difficile son adoption avant l'été hélas, elle le sera dans les tout prochains mois !", a-t-il tenté de rassurer.
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