INQUIÉTUDE - Près de six semaines après l'incendie de l'usine de Lubrizol, à Rouen, neuf mères volontaires ont accepté, sous l'impulsion de l'avocate rouennaise Saliha Blalouz, elle-même concernée, de faire analyser leurs urines et leur lait maternel pour examiner l'éventuel impact de la pollution sur leur organisme. Partiels et bruts pour l'instant, les résultats montrent en tout cas une présence de molécules d'hydrocarbures.
Plus d'un mois après l'incendie de grande ampleur qui a touché l'usine Lubrizol de Rouen le 26 septembre dernier, l'inquiétude demeure. Et de nombreux habitants de la région craignent toujours des conséquences néfastes sur leur santé. Dès le 2 octobre, une avocate rouennaise, Saliha Blalouz, a décidé de prendre le problème à bras-le-corps en décidant de faire, en compagnie de neuf mères volontaires, des analyses sur leur lait maternel ainsi que leurs urines. Des tests menés au CHU de Rouen sous le contrôle d'un huissier de justice.
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Ethylbenzène, toluène et xylène
Analysés au CHU de Limoges, les prélèvements ont révélé la présence de molécules d'hydrocarbures, à savoir de l'éthylbenzène, du toluène et du xylène, comme le détaillent 76Actu et France 3 Normandie. Des résultats pour l'heure partiels et bruts qui ne prouvent pas forcément que l'incendie de Lubrizol en est la cause. Des comparaisons doivent désormais être effectuées avec du lait prélevé antérieurement.
"On ne peut pas interpréter ces résultats. (...) Ces taux doivent être comparés, notamment à du lait qui a pu être stocké par voie de congélation avant la catastrophe", nuance ainsi Me Blalouz, interrogée par 76Actu, tout en indiquant qu'elle fera analyser son lait congelé à l'été 2019, tout comme celui d'une autre mère congelé, lui, la veille de l'incendie. reste que malgré tout, Saliha Blalouz s'inquiète des résultats obtenus.
Des plaintes contre X en préparation
"J’ai dans les urines, dix fois plus d’éthylbenzène qu’une de mes amies qui est par ailleurs une des mamans qui a procédé aux tests de lait, et qui se trouvait au service de néo-maternité du CHU de Rouen, le jour de l’incendie, parce qu’elle venait d’accoucher d’une petite fille prématurée", explique l'avocate.
Peu après l'incendie, la directrice de l'ARS Normandie, Christine Gardel, avait déclaré, accompagnée du préfet de Normandie, qu'il n'existait pas de risque pour les femmes qui allaitaient.
Si des analyses seront également effectuées sur des mères vivant dans d'autres villes industrielles comme Paris ou Grenoble, les neuf mères ayant fait des analyses à Rouen ont annoncé vouloir porter plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui". 39 autres mères en contact avec Saliha Blalouz pourraient également engager des poursuites judiciaires.