Incendie de Lubrizol : les agriculteurs attendent toujours une indemnisation à la hauteur

TF1
Publié le 12 juillet 2020 à 20h41

Source : TF1 Info

VICTIMES - Le 29 septembre prochain sonnera le triste anniversaire de l'incendie de l'usine chimique de Lubrizol à Rouen. Les agriculteurs, fortement impactés par cet incendie, attendent encore un dédommagement qui compense leur préjudice.

Dix mois après l'incendie au sein de l'usine chimique Lubrizol, à Rouen, le 26 septembre 2019, qui avait provoqué un vaste nuage de fumée dans la région, de nombreux commerçants et agriculteurs espèrent un dédommagement, leur activité ayant été fortement impactée par cet incendie. Samuel Molard, agriculteur à Catenay, en Seine-Maritime, peut à nouveau vendre ses produits mais pendant deux semaines, comme des centaines de producteurs, il a eu interdiction de commercialiser ses œufs, sa crème et son lait. Il n’a pas pu récolter son maïs, qui lui sert à nourrir ses vaches toute l’année.

Pour ce préjudice, Lubrizol lui propose aujourd'hui 20.000 euros, une somme très éloignée de ses calculs. "Pour nous, cette perte s’évaluait à plus de 100.000 euros. (…) Ça ne peut pas coller, on avait quand même presque 350 bêtes de confinées, donc on n’était pas trop d’accord. (...) On verra maintenant ce qu’ils vont nous proposer dans les semaines à venir" précise l'agriculteur, dont le dossier de litige avec Lubrizol est toujours à l'étude, l'entreprise regroupant les dernières pièces pour tenter de trouver un accord.

Une indemnisation proposée en échange d'un abandon des poursuites ?

Pour Me Grégoire Leclerc, avocat de plusieurs plaignants contre Lubrizol, il est important que les plaignants n'acceptent pas l'accord proposé par Lubrizol, dont le contrat précise qu'en cas d'indemnisation par l'entreprise, les agriculteurs renoncent à tout recours contre le groupe. "Cela veut dire que si l’étendue du préjudice est bien plus importante que celle qu’on peut déterminer aujourd’hui, les agriculteurs ne pourront pas être indemnisés de ce surplus de préjudice", indique l'avocat, qui précise qu'il est impossible de savoir aujourd’hui quelle sera l’étendue réelle des dégâts.

Pourtant, malgré ces doutes, 98% des plaignants, soit plus d’un millier d’agriculteurs, ont accepté les indemnités de l’industriel, selon les chiffres récoltés par le cabinet de la société Exetech, en charge du fonds de solidarité Lubrizol. L’Union des victimes de Lubrizol, estime que certains plaignants, en manque de trésorerie, n’ont pas d’autre choix que d’accepter les indemnités. De son côté, le groupe Lubrizol reste discret sur l’enveloppe déjà versée aux agriculteurs en dédommagement du sinistre.

Le cabinet Exetech, rappelle que l’enquête est toujours en cours, et il n’y a donc aujourd’hui aucune obligation d’indemniser les victimes. "Cela n’a jamais été fait. En général, quand vous avez ce genre de sinistre, les entreprises disent : 'On laisse la procédure juridique, judiciaire, se dérouler, et quand on aura la décision de justice, on pensera aux victimes'. Là, on a pensé aux victimes tout de suite", explique Dominique Delmas, expert en charge de la gestion du fonds de solidarité Lubrizol, interrogé par TF1.


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