FLASHBACK - Presque millénaire, la cathédrale emblématique de la France et parmi les plus grandes d'Occident, a traversé les siècles au rythme de grands événements historiques. De sa construction qui s'est échelonnée sur deux siècles au glas qui a retenti au lendemain de l'attaque de Charlie Hebdo, zoom sur dix d'entre eux.
856 ans d'Histoire. Face aux images sidérantes de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ravagée par les flammes, nombreux sont ceux qui disent avoir vu, en arrière plan, un pan entier de la mémoire de la France partir en fumée. Et pour cause. Presque millénaire, l'édifice emblématique du pays et parmi les plus grandes cathédrales d'Occident, a traversé les années au rythme des grands événements.
De Sully à De Gaulle, en passant par Jeanne d'Arc et Napoléon Ier, de grandes figures ont contribué à écrire l'histoire du monument. Retour sur dix dates clés qui en disent long sur ce symbole français et universel.
1163 : début de la construction
C’est sous l’impulsion de l’évêque Maurice de Sully que les travaux de construction de la cathédrale Notre-Dame débutent, au XIIe siècle. Ce dernier n’en verra jamais la version aboutie, puisque les travaux s’échelonnent à l’époque sur plus de deux siècles. Une fois achevé, l'édifice comptait parmi les plus grandes cathédrales d’Occident. Il possédait alors des caractères du gothique primitif (voûtes sexpartites de la nef) et du gothique rayonnant.
La charpente, dévorée par les flammes ce lundi, était surnommée "la forêt" compte tenu du nombre de poutres qui avaient été nécessaires à sa construction. Certaines remontaient justement au XIIe. Une première charpente avait été bâtie dès l'élévation du chœur, vers 1170, avec du bois de chênes parfois coupés dans des bois âgés de plus de 300 ans.
1239 : arrivée de la Sainte-Couronne
Rapportée en France par Saint-Louis qui l’accepta de Baudouin II de Courtenay, empereur latin de Byzance, la Sainte Couronne qui est, selon la tradition chrétienne, la couronne d’épines posée sur la tête du Christ avant sa crucifixion, entre à Notre-Dame en 1239. C’est le souverain lui-même, vêtu d’une simple tunique, qui porte pour la première fois la sainte relique dans la cathédrale. Elle est constituée d’un cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or, d’un diamètre de 21 centimètres, sur lequel se trouvaient les épines.
1455 : procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc
C’est en novembre 1455, en l'église Notre-Dame de Paris, que s'ouvre solennellement le procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc, brûlée vive 24 ans plus tôt à Rouen. De cette séance d’ouverture en grande pompe, reste une scène symbolique régulièrement rappelée. Celle de l’arrivée de la mère de la martyre de Rouen, affaiblie et soutenue par plusieurs femmes, et venant s’agenouiller au seuil du sanctuaire pour lire la demande de réhabilitation rédigée par sa défunte fille. C'est après l’avoir écoutée et reconnu l’authenticité du rescrit pontifical qu’elle venait de leur remettre, que les juges déclarent à l'époque ouvert le procès en révision.
1789 : menace de destruction
Trésor pillé, statues détruites, flèche écroulée... Sous la Révolution française, l’édifice assimilé à un symbole du pouvoir subit des dommages importants. A tel point qu’on envisage même de le raser et de vendre les pierres. Transformé en entrepôt, il est finalement rebaptisé en 1793 en Temple de la Raison et abrite une fête de la Liberté.
1804 sacre de Napoléon 1er
C’est au printemps 1802 que la cathédrale est rendue au culte catholique romain. Deux ans plus tard, la cathédrale est le théâtre d’une cérémonie religieuse qui dure près de cinq heures : celle du sacre de Napoléon Ier, par le pape Pie VII, suivie de celle du couronnement. La scène a donné lieu à deux tableaux de Jacques-Louis David : "Le Sacre de Napoléon" (photo), l’un des plus célèbres tableaux du musée du Louvre, et "La Distribution des aigles".
1831 : un roman historique et salvateur
Resté jusque-là dans un état de délabrement important, il faudra attendre 1831 et la parution du roman historique de Victor Hugo pour que l’édifice attire de nouveau l’attention et retrouve sa popularité. Grand amoureux du monument, l'écrivain fait de la cathédrale l’un des lieux principaux de l’intrigue qui sera adaptée en comédie musicale un siècle et demi plus tard en 1998.
1844 la grande restauration
C’est d'ailleurs le succès de ce roman qui impulse la restauration générale du monument, confiée à partir de 1845 à Viollet-le-Duc. Ce dernier est à l’origine de la construction d’une flèche alors que celle-ci avait disparu de la mémoire des Parisiens. Mais le modèle réalisé d’après la flèche de la cathédrale d’Orléans (qui datait du XIXe siècle) et non d’après celles du XIIIe donne lieu à des controverses. Durant près de vingt ans, tout sera mis en œuvre pour redorer le blason de l’une des plus célèbres cathédrales au monde.
1944 : l’annonce de la libération
Bien qu’endommagée en 1944 par un bombardement américain, la cathédrale est à la fin de la guerre, un véritable symbole. C’est en effet sous ses voûtes qu’un Magnificat chanté célèbre la Libération de Paris, le 26 août, en présence du général de Gaulle.
1991 : entrée dans le patrimoine mondial
C'est en 1991, que la cathédrale gothique bâtie sur l'île de la Cité en plein cœur de Paris, est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité. Près de vingt ans plus tard, elle attire chaque année près de 14 millions de touristes et pèlerins. L'Unesco se tient aux "côtés de la France pour sauvegarder et réhabiliter ce patrimoine inestimable", a d'ailleurs tweeté sa directrice générale, l'ancienne ministre française de la Culture Audrey Azoulay, après le désastre ce lundi.
En janvier 1996, une messe en hommage à François Mitterrand est célébrée dans la cathédrale. En janvier 2007, les funérailles de l'abbé Pierre y sont organisées.
2015 : le glas sonne pour Charlie
Au lendemain de l'attaque terroriste contre le journal satirique Charlie Hebdo en janvier 2015 à Paris, les cloches de Notre Dame de Paris ont sonné le glas pendant quinze minutes, en hommage aux victimes. Onze mois plus tard, après les attentats qui ont fait 130 morts au coeur de la capitale, et alors que l’Etat français avait décrété trois jours de deuil national, les évêques de France avaient engagé les catholiques dans une prière particulière le 15 novembre 2015.
Les plus hautes autorités civiles et religieuses s'y étaient aussi rassemblées en juillet 2016 pour une messe d'hommage au père Jacques Hamel, égorgé par deux jihadistes dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen.
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