Incendies : des pompiers étrangers non-vaccinés envoyés en renfort en France ?

À l’heure où la solidarité européenne a été enclenchée contre les feux de forêt ravageurs en France, un autre point a attiré l'oeil. Le double traitement entre les pompiers français, suspendus en cas de non-vaccination contre le covid, et leurs homologues étrangers venus en appui durant cinq jours et qui ne sont pas soumis aux mêmes règles. En substance, des pompiers étrangers n’étant pas vaccinés ont pu venir lutter contre les incendies aux côtés des Français, accuse par exemple un jeune homme, Ismaël Boudjekada, présenté comme "élu local" et "issu d’une famille de sapeurs-pompiers". 

Dans une vidéo, il développe le motif de son indignation : "Emmanuel Macron qui décide d’appeler plusieurs milliers de pompiers étrangers qui ne sont pas vaccinés pour venir remplacer les non-vaccinés français suspendus. On marche sur la tête. Et pourtant, c’est bien ce qu’il se passe aujourd’hui en France". Au tour de l’avocat Fabrice Di Vizio d’expliquer le 12 août que, selon ses informations, trois pays étrangers venant en renfort "n’ont pas d’obligation vaccinale". Un passage assez commenté sur Twitter, puisqu’il a été appuyé… par Ségolène Royal.

Concernant les quelque 5000 pompiers suspendus en France, évoqués par le jeune élu local, ce chiffre a été fourni en octobre 2021 par le ministère de l’Intérieur. Mais la majorité d’entre eux sont volontaires : la Fédération nationale des sapeurs-pompiers estimait récemment à "moins de 200" le nombre de professionnels ne pouvant exercer. Soit moins de 0,5% du corps de métier.

Mais qu’en est-il de leurs collègues étrangers, déployés du 11 au 17 août en Gironde ? Quatre pays européens ont envoyé des hommes dans le sud-ouest de la France, trois autres seulement du matériel. Selon la Sécurité civile, 64 pompiers allemands, 146 polonais, 73 autrichiens et 77 roumains sont venus assister les pompiers français. La Grèce et l’Italie ont fourni deux Canadair chacun, la Suède deux Airs Tractor.

En Allemagne, les personnels de santé doivent être obligatoirement vaccinés contre le covid depuis le 15 mars, mais cela ne concerne pas les pompiers. Il revient donc à chaque région de décider de ses propres règles à leur encontre. Par exemple à Hambourg, il avait été décidé fin 2021 que les pompiers volontaires non vaccinés ne participeraient plus aux "opérations de service" et ne sortiraient plus en mission. À Berlin, tous les pompiers sont soumis à cette obligation depuis le mois de mars. Et selon la sénatrice locale Iris Spranger, 92% d’entre eux étaient vaccinés au moins une fois au moment de l’entrée en vigueur de l’obligation, dont 89% deux fois. 

Mais rares sont les cas où des sanctions sont véritablement prononcées. L'administration berlinoise ne disposait pas en mars d’information sur celles prises à l’encontre des pompiers sans dose de vaccin. D’après la presse allemande, moins de 100 personnes auraient été sanctionnées à travers le pays. Auprès de Libération, le ministère fédéral de l’Intérieur indique ne pas connaître le statut vaccinal des pompiers en exercice "pour des raisons de protection des données". En Pologne, la vaccination a été rendue obligatoire le 1er mars pour les soignants. Mais là encore, les pompiers ne sont pas concernés par le texte. 

Et le nombre de professionnels du feu n’ayant pas reçu de dose de vaccin n’a pas été communiqué à ce jour. En Autriche, les pompiers ne sont plus soumis à une quelconque obligation de se vacciner contre le covid. S’il a souvent été présenté comme le premier à imposer à ses soignants d'être vaccinés en Europe, le pays a progressivement reculé sur la question. L’obligation vaccinale pour tous les adultes s'est heurtée à l'opposition d'une partie des Autrichiens et les contrôles, qui devaient s'accompagner de sanctions entre 600 et 3600 euros, ont été abandonnés en mars lorsque le gouvernement a suspendu le texte. 

En Roumanie, aucune obligation de se faire vacciner n’existe, ni pour la population générale, ni pour les personnels de santé. Pour plus de détails, retrouvez ici les positions de nos voisins européens sur le traitement réservé aux soignants. Si en substance, des pompiers étrangers ont pu venir assister leurs collègues français sans être vaccinés, un contrôle était tout de même prévu à l’arrivée. Un test de dépistage était ainsi exigé à l’entrée sur le territoire. Sollicitée sur ses modalités, la Sécurité civile n'était pas revenue vers nous dans l'immédiat.

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