A partir d'aujourd'hui, les femmes européennes travaillent gratuitement

par Mathilde ROCHE
Publié le 3 novembre 2018 à 17h06, mis à jour le 3 novembre 2018 à 22h54
A partir d'aujourd'hui, les femmes européennes travaillent gratuitement
Source : Thinkstock - Olivier Le Moal

SEXISME - Ce samedi 3 novembre est la Journée européenne de l'égalité salariale 2018. Les Européennes gagnant 16,2% de moins que leurs collègues masculins, c'est comme si elles travaillaient gratuitement pour les deux prochains mois. Et les Françaises ne sont pas les mieux loties.

Nous sommes en 2018 et les femmes gagnent en moyenne 16,2% de moins que leurs collègues masculins. Autrement dit, quand un travailleur européen gagne un euro, sa collègue ne gagne que 84 centimes. Cette année, la Journée européenne de l'égalité salariale est le 3 novembre. Elle marque symboliquement le jour où les femmes travaillent "pour rien". La date est définie selon une moyenne, puisque les écarts de salaire entre hommes et femmes varient de 5,2% (Roumanie) à 25,3% (Estonie) selon les chiffres d'Eurostat de 2018. Une différence impressionnante entre les Etats membres, que les Etats-membres peinent à réduire. 

Un écart global de rémunération entre les hommes et les femmes de 39,6%

Différents facteurs expliquent que l'écart de rémunération demeure aujourd’hui. D'abord, les différences de parcours, qui rend leur activité professionnelle moins rémunératrice. Les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, et dans des secteurs moins bien rémunérés, comme les soins à la personne par exemple. Elles sont aussi confrontées au plafond de verre dans les entreprises, c’est-à-dire qu’elles ont moins accès aux postes à responsabilités. Et ce sont encore elle qui sont trop souvent responsables lorsqu'il s'agit de s'occuper de leur famille, enfants ou proches dépendants.

Cet écart de salaire brut, injuste par principe, engendre d’autres inégalités. Cela plonge non seulement les femmes dans la précarité durant leur carrière, mais la situation ne fait qu'empirer après leur départ à la retraite, puisque l'écart de niveau de pension entre hommes et femmes est alors de 36,6 %.

En prenant en compte toutes les conséquences économiques créées par l’inégalité salariale, Eurostat donne également la différence entre les gains annuels moyens des femmes et des hommes. Il prend en compte trois types de désavantages auxquels les femmes sont confrontées : des gains horaires plus bas ; travail de moins d'heures dans des emplois rémunérés et taux d'emploi inférieur. L’écart global de rémunération entre hommes et femmes en France s’élève alors à 39,6% dans l’Union européenne, et 31% en France.

La France tout juste en dessous de la moyenne européenne

En France, alors que les droits des femmes ont été désignés "Grande cause nationale" par Emmanuel Macron, l’égalité salariale est loin d’être acquise. La différence de salaire horaire brut moyen entre les femmes et les hommes est encore, selon Eurostat, de 15,2%. Bien que l’on note une amélioration depuis les 15,7% de 2011, cela reste une progression extrêmement faible. Comme le fait remarquer à juste titre la newsletter féministe Les Glorieuses, "à ce rythme là, nous devrons attendre 150 ans pour arriver à une égalité... soit d'être en l’an 2168". 

Force est donc de constater que pour tous ces chiffres, la France est à peine en dessous de la moyenne à l’échelle européenne. Nous faisons pâle figure face à des pays au PIB par habitant pourtant moins élevé, à l’image de la Roumanie (5,2%), la Pologne (7,2%) ou même la Grèce (12,5%). Pire, si l'on écarte les différences de parcours professionnel (temps partiels subis, plafond de verre, etc.), les rémunérations à poste égal souffrent encore d'un écart de 9% en défaveur des femmes, selon les derniers chiffres de l'Insee, repris en 2018 par le secrétariat d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud ne ménage pas sa peine pour présenter des mesures devant aider à réduire cet écart. . Le mois dernier, elle déclarait donner trois ans aux entreprises de plus de 50 salariés pour remédier à la situation des inégalités salariales. Si les résultats ne sont pas là, elles pourraient encourir une sanction équivalente à 1% de leur chiffre d'affaires. 


Mathilde ROCHE

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