TRANCHE DE VIE - En France, il existe environ 200 écoles maternelles et primaires Montessori, mais un seul lycée. Très peu d'élèves sont donc amenés à effectuer toute leur scolarité au sein de ce type d'établissement alternatif. Le passage entre ces deux systèmes, très différents, peut être compliqué. Un ancien élève Montessori nous raconte ce qu'il a vécu.
Grégory a 38 ans. Il est ce qu'on appelle "un enfant Montessori". Originaire du Nord de la France, il a fréquenté dès ses 6 ans l'école Montessori Jeanne d'Arc de Roubaix. L'établissement, très onéreux, était surtout fréquenté par les enfants des grandes familles du Nord. Résidant au sein de la ZUP de Tourcoing, un quartier défavorisé, Grégory a de son côté eu la chance d'y effectuer sa scolarité gratuitement grâce à sa mère, qui y était enseignante. "La chance", c'est lui qui en parle. "Je ne m'en suis pas rendu compte sur le coup parce que j'étais jeune et je n'avais pas de recul, mais par la suite j'ai réalisé la chance que c'était de pouvoir prendre des initiatives, d'exercer la solidarité [...] de mettre en pratique des grands principes de vie", raconte-t-il.
A 10 ans pourtant, et après avoir sauté une classe à l'école Jeanne d'Arc, Grégory est contraint d'entrer dans un collège public. "Je suis arrivé avec un an d'avance, donc en étant le 'petit' de la classe, et avec ces cours magistraux qui m'ont vraiment déstabilisé au début, ça a été compliqué", se souvient-il. Alors que l'échange entre camarades, l'interpellation du professeur ou encore les déplacements dans la salle de classe étaient "encouragés" et considérés comme "normaux" dans son ancienne école, l'élève se retrouve accusé de perturber la vie de classe par ses bavardages et son comportement. "De devoir se taire et lever la main pour poser une question ou de ne pas avoir le droit de se lever, etc., je l'ai vécu comme un manque de liberté. [...] On ne m'a pas prévenu, je n'étais pas prêt du tout."
Des discussions et des films pour les préparer
Contactée par LCI, Gina Wattel, directrice pédagogique à l'école Montessori bilingue des Colibris à Biot, dans les Alpes-Maritimes, estime que l'adaptation à une nouvelle école dépend de chaque enfant, mais aussi de son environnement. Ainsi, un individu qui "a confiance en lui, qui travaille pour lui, qui est sociable", qui a des activités extérieures à l'école et qui vit au sein d'une famille qui croit en lui, a toutes les chances de s'adapter sans problème à son nouvel établissement.
"Vous savez, la liberté qui est développée ici est une liberté intelligente, assure la directrice pédagogique. Même si un enfant peut échanger avec un autre en salle de classe, il ne peut le faire que dans certains cas. Il faut avant tout qu'il respecte le travail des autres". Gina Wattel indique que les enfants sont d'autre part conscients du fonctionnement des écoles traditionnelles grâce à diverses discussions et projections de films portant sur "le harcèlement", "le racket", ou encore La guerre des boutons. Une image pas franchement flatteuse...
Je me suis vite senti plus mature que les autres
Grégory, ex-élève Montessori
Même s'il reconnaît s'être rapidement habitué, Grégory assure s'être ennuyé en classe pendant très longtemps. "Parmi les cancres qui sont au fond de la classe, au collège ou au lycée, il y en a qui ne comprennent effectivement rien, et c'est souvent dû à des lacunes, et il y en a d'autres, et pour beaucoup, c'est parce qu'ils se font ch*** !, explique-t-il. Et ça a été mon cas." Durant toute sa scolarité, l'ex-élève Montessori fait donc "le minimum" tout en perturbant ses camarades.
Au-delà de ce qui apparaît comme une différence de niveau, il décrit de plus au fil de la conversation un vrai décalage par rapport à ses camarades. "J'avais beau avoir un an d'avance et donc être le plus jeune de la classe, je me suis vite senti plus mature que les autres et j'ai toujours fréquenté les plus âgés de ma classe, voire les élèves des classes au-dessus", affirme-t-il.
Malgré ces difficultés d'adaptation, Grégory, aujourd'hui technico-commercial responsable d'une région, estime devoir une partie de son "esprit d'initiative" et de son évolution professionnelle à son éducation Montessori. "Quand je vois la différence avec les gens qui n'ont pas eu [la] chance [d'avoir fréquenté une école Montessori], c'est flagrant". "Si j'ai des enfants, je ferai tout pour les mettre dans une école Montessori", conclut-il.
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