L'info passée au crible

Interpellation violente à Nantes : un témoin confirme la version de la victime

Anaïs Condomines
Publié le 12 août 2019 à 9h25, mis à jour le 13 août 2019 à 9h27
Interpellation violente à Nantes : un témoin confirme la version de la victime

Source : AFP / Jean-François Monier

A LA LOUPE - Lors de la manifestation en hommage à Steve Caniço qui a eu lieu à Nantes le 3 août dernier, un homme de 51 ans a été violemment interpellé par des policiers. Sa version diverge de celle de la police nationale. Un témoin, entré en contact avec LCI, assure avoir assisté à une "strangulation". Et corrobore ainsi la version de la victime.

La scène a eu lieu à Nantes le 3 août dernier, en marge de la manifestation en hommage à Steve Caniço. Une photo publiée sur Facebook par la photographe Bsaz montre un homme plaqué au sol, un policier l'immobilisant en le tenant par le cou. Le cliché de cette interpellation, authentifié par nos collègues de Libération, est devenu viral, mais c'est désormais la suite des événements qui fait débat.

Violences policières : les images de l'interpellation à Nantes diffusées pour la 1re foisSource : JT 20h Semaine

Sur les réseaux sociaux, d'autres images circulent en effet. Plusieurs vidéos montrent le même homme, un manifestant, désormais assis derrière un fourgon de police. Il est encadré par deux policiers. L'air hagard, il a la bouche ouverte et semble sur le point de perdre connaissance. Que lui est-il arrivé, entre ce moment précis et celui de l'interpellation, pour qu'il se retrouve dans cet état ? A cette question, les réponses divergent.  

Le "bras droit autour de son cou"

Nos collègues de Libération ont tenté de retracer la chronologie des événements. Côté police nationale, on leur affirme que le manifestant en question a été évacué à l'hôpital, parce qu'il était "incommodé par les gaz lacrymogènes". Une version que conteste le principal concerné, qui a ensuite pris contact avec les journalistes. Ainsi, l'homme, âgé de 51 ans, évoque des violences survenues après l'interpellation : "A l'abri des camions, où j'ai été traîné ensuite, j'ai reçu d'autres coups. J'ai été violemment strangulé jusqu'à l'étouffement par un membre de la BAC. Avant de m'évanouir et de rester inconscient pendant plusieurs minutes."

Un récit parole contre parole donc, d'autant que parmi les vidéos circulant sur les réseaux sociaux, aucune ne montre à notre connaissance le moment où l'homme a été emmené derrière les camions. Mais, auprès de LCI, un témoin de la scène raconte ce qu'il a vu. Et corrobore la version de la victime. Notre interlocuteur avait fait le déplacement à Nantes pour la manifestation, afin de "rendre hommage à Steve". Il dit être resté "une heure trente sur place". Lui n'a pas assisté à l'interpellation en elle-même mais aux moments qui ont suivi. Il affirme avoir été le témoin d'une strangulation. "J'ai vu la scène quand les policiers étaient derrière le camion avec le monsieur. Un policier était debout, derrière le manifestant, qui tenait aussi sur ses deux jambes. Il avait le bras droit autour de son cou. Un autre policier se tenait à côté. Suite à ce geste, le manifestant est tombé au sol. C'est là que j'ai décidé de filmer." Le témoin a en effet en sa possession plusieurs vidéos qui attestent de sa présence sur les lieux. 

Garde à vue pendant 24 heures

Sur les raisons de l'interpellation en elle-même, le service de communication de la police a expliqué à Libération que le manifestant avait jeté une bouteille en verre contre un policier. Ce que ne nie pas l'homme appréhendé. Suite à l'interpellation, et après avoir passé plusieurs heures à l'hôpital, le manifestant a été placé en garde à vue pendant 24 heures, puis relâché. Une enquête préliminaire est en cours. Lui-même souhaite, toujours selon nos confrères, porter plainte "contre toute la chaîne de commandement". 

Contactée par LCI, la cellule de communication de la police nationale répète "qu'aucune strangulation n'apparaît dans le PV d'audition" et que "rien n'indique un dysfonctionnement". Par ailleurs, on nous indique que, convoqué lundi 5 août, le manifestant ne se serait pas présenté au poste de police. 

Vous souhaitez réagir à cet article, nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse alaloupe@tf1.fr


Anaïs Condomines

Tout
TF1 Info