Crash évité sur un vol Air France : comment les pilotes sont-ils préparés ?

Propos recueillis par Aurélie Sarrot
Publié le 7 avril 2022 à 15h57, mis à jour le 7 avril 2022 à 16h28
JT Perso
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Source : JT 20h Semaine

Lundi dernier, un "incident grave" est intervenu sur le vol AF011 reliant New York JFK à Paris-CDG.
L'événement est arrivé au moment de l'atterrissage du Boeing 777 à Roissy.
Décryptage avec un pilote expérimenté d'Air France.

Lundi dernier, l'atterrissage du vol AF011 reliant New York JFK à Paris-CDG en Boeing 777 a connu quelques soucis, suscitant l'inquiétude des pilotes, mais aussi des passagers. Deux jours après les faits, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a annoncé enquêter pour déterminer les causes de l'"incident grave". 

Interrogé par TF1info, Fabrice Cueille, commandant de bord et délégué syndical au syndicat des pilotes d'Air France explique comment les professionnels sont formés à ce type d'incidents et précise que ce qui s'est passé lundi n'est finalement pas si exceptionnel. 

Que se passe-t-il quand un équipage se retrouve dans la situation du vol AF011 ? 

Dès que vous avez une situation qui ne correspond pas à une approche normale, notre formation consiste à remettre systématiquement les gaz afin de refaire prendre de l'altitude à l'avion et traiter soit les pannes éventuelles, soit les complications qui ont pu arriver pendant l'approche.

À quel moment un pilote se dit qu'il se passe quelque chose d'anormal à l'atterrissage ? 

Quand vous effectuez une approche, vous êtes sur une trajectoire optimale avec une configuration de l'avion qui est prévue, une vitesse, des conditions de visibilité qui doivent être remplies à une certaine altitude. Si nous sommes en dehors de ces paramètres nominaux, nous sommes formés pour remettre les gaz effectivement. La remise de gaz est définie par les autorités, les constructeurs aéronautiques et Air France comme une procédure normale qui va dans le sens de la sécurité, comme l'a rappelé Air France.

Les remises de gaz ne sont pas rares

Fabrice Cueille, commandant de bord

Un événement tel que celui de lundi dernier vous est-il déjà arrivé ? 

Bien entendu. J'ai plus d'une vingtaine d'années de carrière en tant que commandant de bord, plus de 12.000 heures de vol. En tout, j'ai dû connaître entre 20 et 30 remises de gaz sur cette période, peut-être même plus. Les remises de gaz ne sont pas rares. La plupart du temps, ce sont des situations qui sont liées à des phénomènes météo, par exemple, des changements de vent, du vent arrière, des orages… qui font qu'on remet les gaz parce qu'on ne voit pas la piste. Dans ces cas-là, on reprend de l'altitude et on retente une deuxième approche si on pense que les conditions vont être meilleures pour pouvoir atterrir, sinon, il est prévu de dégager sur un terrain dans lequel les conditions météo sont adéquates.

Pourquoi, si ce genre d'événement n'est pas rare, celui de lundi dernier a-t-il été particulièrement signalé ? 

Aujourd'hui, beaucoup de gens écoutent le trafic radio et des extraits audio des échanges entre le cockpit et la tour de contrôle mis en ligne sur internet. Pendant l'événement, les pilotes ont émis des messages qui n'étaient pas prévus. On a entendu les pilotes un petit peu se battre pour la reprise des commandes. C'est sans doute la conversation qui a fait que cet événement a été médiatisé et pas d'autres. Au cours de ma carrière, de nombreux événements comme celui-ci m'ont été relatés, quand je ne les avais pas vécus. Et ils n'ont pas été médiatisés comme celui de lundi dernier. 

Les pilotes sont-ils justement formés à ne pas paniquer dans ce genre de situation ? 

Plus que d'être formés, je dirais plutôt que nous sommes sélectionnés par rapport à cette capacité à gérer de sang-froid des situations qui sont imprévues ou stressantes. Ça fait vraiment partie des paramètres de sélection d'un pilote. Pour des personnes qui, comme moi, sont passées par l'École Nationale de l'Aviation Civile (Enac), vous avez des entretiens avec un psychologue et éventuellement avec un pilote expérimenté sur le sujet. 

Les pilotes sont-ils tenus d'informer les passagers quand une situation anormale comme celle de lundi dernier se produit ? 

Bien sûr. Il y a la phase initiale où la priorité, c'est le contrôle de la trajectoire. À ce moment-là, on ne communique pas. Le chef de cabine et le commandant de bord interviennent ensuite pour faire part aux passagers de ce qui s'est déroulé. Une remise de gaz est toujours impressionnante pour les personnes qui sont à bord de l'avion, mieux vaut les tenir au courant de la situation et de son évolution. 


Propos recueillis par Aurélie Sarrot

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