MESURE - Le chef de l'État a reçu mercredi 18 novembre les dirigeants du Conseil français du culte musulman qui, à sa demande, ont présenté les grandes lignes d'un conseil national des imams. Chargé de les labelliser, le CFCM devra également affirmer dans une charte sa reconnaissance des valeurs de la République.
Emmanuel Macron a reçu, mercredi 18 novembre soir, les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui, à sa demande, ont présenté les grandes lignes d’un Conseil national des imams chargé de labelliser les imams en France. Le chef de l’État leur a demandé de rédiger d’ici à quinze jours, en lien avec le ministère de l’Intérieur, une "charte des valeurs républicaines" sur laquelle devront s’engager le CFCM et les neuf fédérations qui le composent. Il leur a donné rendez-vous dans une quinzaine de jours pour venir lui présenter cette charte, a indiqué l’Élysée.
Cette charte devra affirmer la reconnaissance des valeurs de la République, préciser que l’islam en France est une religion et pas un mouvement politique, et stipuler la fin de l’ingérence ou de l’affiliation à des États étrangers.
"Sortir de ces ambiguïtés"
Depuis son discours contre le séparatisme et l'islam radical début octobre, et encore plus depuis l'assassinat de Samuel Paty et l'attentat de Nice, le chef de l'État a accentué sa pression sur les instances dirigeantes de l'islam en France pour lutter contre l'influence étrangère, la radicalisation et l'islam politique. Son objectif est de mettre fin, d'ici quatre ans, à la présence en France des 300 imams étrangers "détachés" par la Turquie, le Maroc et l'Algérie.
C'est la quatrième fois depuis la rentrée qu'Emmanuel Macron reçoit à l'Élysée les dirigeants du CFCM - il les a vus environ tous les quinze jours, selon la présidence. Mercredi, au côté du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, il recevait le président Mohammed Moussaoui et Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Mosquée de Paris, mais également les représentants des neuf fédérations qui composent le CFCM - sauf un, absent pour raisons personnelles. Le président leur a dit savoir que plusieurs de ces fédérations ont des positions ambiguës sur ces sujets et qu'il fallait "sortir de ces ambiguïtés".
Parmi ces neuf fédérations, représentatives d'une grande partie du culte musulman, trois n'ont "pas une vision républicaine", comme le Milli Görüs, d'obédience turque, et les Musulmans de France, ex-UOIF, relève l'Élysée. "Si certains ne signent pas cette charte, nous en tirerons les conséquences", a averti le président, qui a "pris acte de leurs propositions".
"Un Islam des lumières" plaidé par Emmanuel Macron
Le Conseil des imams, présenté comme une sorte de Conseil de l'ordre sur le modèle de celui des avocats, pourra non seulement labelliser les imams et leur donner une carte officielle - actuellement aucun label n'est nécessaire et il est possible de s'autoproclamer imam - mais aussi leur retirer l'agrément en cas de manquement à la charte et à un code d'éthique qu'il devra élaborer. Le président a donné au CFCM six mois pour mettre en œuvre un référentiel de formation des imams. En fonction de leur rôle - imams dirigeant la prière, imams prêcheurs et imams conférenciers - il leur sera demandé différents niveaux de connaissance du français et de diplômes, allant jusqu'à des formations universitaires. Le Conseil devra faire rentrer les imams actuels dans ce modèle.
Les fédérations représentées "ont rappelé leur attachement à la France et estimé que c'était le moment historique", pour parvenir à ce but, selon l'Élysée. "Ma confiance vous oblige", leur a dit Emmanuel Macron, qui a de nouveau plaidé pour un "islam des Lumières". "C'est une pression immense que nous allons exercer sur eux (les autorités musulmanes), nous n'avons pas le droit d'échouer", avait insisté Emmanuel Macron en présentant le 2 octobre le contour de la future loi contre le séparatisme, indissociable de l'épineux défi de la formation d'imams "à la française". Le projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres le 9 décembre.
L'adhésion du CFCM à cette nouvelle organisation du culte musulman en France marquerait une victoire pour Emmanuel Macron, cible des critiques parfois violentes de musulmans dans plusieurs pays pour ses propos sur un islam "en crise" et son discours contre l'islam radical. Outre les appels au boycott de produits français, le président français, qui récuse toute accusation d'être antimusulman et défend une laïcité neutre vis-à-vis de tous les cultes, est même devenu personnellement la cible de menaces jihadistes.
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