Isoler avec ou sans contrainte ? L'exécutif en quête d'une voie médiane pour les cas positifs

Vincent Michelon, avec le service politique
Publié le 19 novembre 2020 à 18h40, mis à jour le 20 novembre 2020 à 15h14
Jean Castex et Olivier Véran, le 12 novembre 2020.
Jean Castex et Olivier Véran, le 12 novembre 2020. - Source : LUDOVIC MARIN / AFP / POOL

MESURES SANITAIRES - Constatant que l'isolement des personnes positives au Covid-19 est le point faible de sa stratégie, le gouvernement planche sur une modification des règles pour faire respecter la quarantaine. S'il exclut pour l'heure toute mesure coercitive, le sujet est en débat.

Tester, tracer, isoler : le triptyque des autorités sanitaires face à la crise du Covid-19 est désormais bien connu. Mais si les deux premiers mots d'ordre ont montré une efficacité certaine depuis le printemps, avec une montée en puissance progressive, l'exécutif est forcé de constater que le troisième, l'isolement des personnes positives, n'a pas rempli ses objectifs. 

Le dispositif Covisan, mis en place en région parisienne par l'AP-HP pour casser les chaînes de transmission en mettant à disposition des familles des chambres d'hôtels, affiche un bilan modeste, selon un compte-rendu du Monde. Plus généralement, l'exécutif constate que le message n'a pas infusé suffisamment au sein de la population, et planche désormais sur une nouvelle approche à l'aune du prochain allègement des restrictions sanitaires.

"On travaille sur ce sujet : comment renforcer la communication autour de l’isolement", a indiqué jeudi l'entourage du Premier ministre à LCI. "On se rend bien compte que les gens se font tester et ont les tests en tête, mais moins l’isolement. On s’interroge : comment recalibrer les choses ? On étudie tout ce qui se passe à l’étranger."

Retour du débat sur l'isolement forcé

Faut-il rendre la quarantaine contraignante ? Ce débat, déjà amorcé au printemps dernier et écarté alors par l'exécutif, refait surface. "Le débat pourrait avoir lieu, il toucherait au cœur des libertés fondamentales", avait prévenu le ministre de la Santé, Olivier Véran, aux manettes dans ce dossier, lors de son audition devant la commission d'enquête parlementaire le 4 novembre. "Cela n'a jamais été fait dans notre pays, même dans le cas de la tuberculose. On recommande de rester isoler, mais on fait le choix de la confiance." Jeudi soir, lors de sa conférence de presse, Olivier Véran a renvoyé cette question de l'isolement au débat parlementaire : "Ça fait partie d'un enjeu démocratique. Les initiatives parlementaires sont à suivre avec intérêt."

Car ce scénario de la coercition n'est pas totalement exclu. Le député et président du groupe Agir Olivier Becht l'avait notamment suggéré dans un courrier adressé récemment à Jean Castex, et a eu des échanges avec Matignon sur cette proposition. Des députés LaREM ont également soutenu la mesure. Selon Le Monde, l'exécutif examinerait les conditions juridiques d'une quarantaine contrainte, peu évidente à mettre en place au regard des libertés fondamentales. 

Convaincre plutôt que forcer

Le sommet de l'État semble toutefois réticent, pour l'heure, à envisager une telle mesure. "On n'est pas prêt", estimait mercredi une source gouvernementale auprès de LCI. "Ce n'est pas notre pays, ce n'est pas notre culture. On ne va pas mettre un policier derrière chaque malade." L'hypothèse reste, selon cette source, de "travailler à la responsabilisation", selon le principe de l'autoconfinement déjà défendu par l'exécutif. 

Même son de cloche dans l'entourage de Jean Castex. "L’isolement contraint n’est pas l’alpha et l’oméga de la maîtrise de l’épidémie", nous indique-t-on. "Comment pourrait-on se muscler sur le sujet ? Cela pourrait passer par de la pédagogie et de la communication en phase de déconfinement." 

"Tout est sur la table", insiste toutefois l'exécutif, en quête d'un "point d'équilibre". L'isolement obligatoire doit faire l'objet d'un "débat démocratique", a indiqué vendredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, tandis que le Premier ministre Jean Castex mettait en garde contre un "problème redoutable"


Vincent Michelon, avec le service politique

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