VIOLENCES SEXUELLES - Des jeunes filles et garçons ont manifesté ce dimanche 5 juillet, dans l'après-midi, à Ajaccio. Ils veulent éveiller les consciences sur l'omerta qui règne autour de ces violences, le poids de la famille et la passivité de la justice face à leur drame.
"Nous sommes fortes, nous sommes fières" : à grands cris, 400 (selon les autorités) à 600 (d’après les organisatrices) personnes ont manifesté ce dimanche 5 juillet à Ajaccio, en Corse. Après un premier rassemblement le 21 juin à Bastia, le mouvement #IwasCorsica trouvait là sa deuxième incarnation. Depuis plusieurs semaines, le hashtag rassemble les témoignages d’agressions sexuelles survenues sur l’île, autant qu’il dénonce la loi du silence et la passivité de la justice.
"Personne ne va parler"
"Ici, c’est toujours un ami de la famille ou un bon copain, donc personne ne va parler, souligne une manifestante. Là, comme on dit, la peur change de camp. La honte change de camp." "Ça va être plus difficile car tout le monde se connaît : 'Non, celui-là, je ne pense pas qu’il est capable de faire des choses comme ça. C’est mon ami.' Mais on ne connaît pas vraiment les gens, on ne sait pas ce dont ils sont capables", renchérit un jeune homme.
Le cortège, remplis de pancartes ("Prenez nos plaintes", "Non, c'est non", ou "Violeur, à toi d'avoir peur") a rejoint la préfecture depuis le palais de justice. En tête, Océane, 17 ans, raconte toujours subir des pressions plusieurs mois après avoir été agressée : "Je les croise. Je les vois sur les réseaux sociaux. Je vois leur entourage. Des remarques, des regards, des crachats, des insultes… Tout le temps."
Plaintes en préparation
Le maire (DVD) d'Ajaccio, Laurent Marcangeli, était présent en queue de cortège, et ce, afin de "soutenir cette démarche pour que la manifestation de la vérité puisse se faire". À l’issue de la marche, Anaïs Mattei, l'une des organisatrices des deux manifestations, ainsi que deux représentantes d'associations de défense des femmes ont été reçues par le préfet de Corse, à la demande de Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes.
#IwasCorsica 👥 Une marche contre les violences sexuelles qui a rassemblé de nombreuses personnes en cette fin de journée👇🏻 https://t.co/MLBn58YYCD #Ajaccio pic.twitter.com/o0KdJVc9pF — Ville d’Ajaccio - Cità d'Aiacciu (@VilledAjaccio) July 5, 2020
Le collectif a remis ses revendications, parmi lesquelles une formation à destination de la police "pour traiter correctement les plaintes", une présence renforcée de psychologues et infirmières formées aux violences sexuelles dans tous les lycées et collèges, ou encore la création d'un "brevet de la non violence" en classe de troisième. Anaïs Mattei a également assuré avoir rassemblé "15 témoignages de personnes prêtes à porter plainte". Les procédures devraient être lancées en début de semaine.
Né aux Etats-Unis début juin, le mouvement #Iwas s'est répandu à travers le monde, notamment en Corse. Une vaste opération de collage en français et en corse a ainsi été menée dans les rues de Paris. La diffusion d’une liste de noms d’agresseurs potentiels a conduit à l’ouverture d’une enquête et au dépôt de "48 plaintes pour diffamation en Haute-Corse", a indiqué la procureure de Bastia Caroline Tharot.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info