"J’ai promis à mon meilleur ami, qui se bat pour la vie, de retaper sa maison pour sa femme et son bébé" : l'appel d'un Breton fait le buzz

par Sibylle LAURENT
Publié le 2 décembre 2016 à 17h05
"J’ai promis à mon meilleur ami, qui se bat pour la vie, de retaper sa maison pour sa femme et son bébé" : l'appel d'un Breton fait le buzz
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SOLIDARITÉ - Un Breton a mis une annonce sur Le Bon coin : il cherche de l’aide pour retaper la maison de son ami Ch'ti, victime d’un infarctus, et dont la femme et le fils se retrouvent sans logement.

Stéphane fait une pause. Il est face à la mer, à Concarneau. Il fait beau, temps froid, grand soleil. Stéphane souffle un peu, car depuis jeudi, il est embarqué dans un raz-de-marée. Un raz-de-marée de solidarité. "C’est impressionnant. Je vous assure !", dit-il au téléphone. 

Jeudi 1er décembre, il a en effet publié sur le Bon coin une annonce un peu à part. Un "appel à la générosité des Bigouden".  Stéphane, sous le surnom de "Bob le ponch", a écrit : "J'ai promis à mon meilleur ami, de rendre plus qu'habitable la maison qu'il retapait avant son infarctus… Aujourd'hui il se bat toujours pour la vie... Je recherche des matériaux, mais aussi des vêtements. J’ai la prétention de pouvoir faire un p'tit bijou de la maison de leur rêve, pour sa p'tite femme et leur bébé né le 15 septembre dernier…"

Pas de pathos, pas de larmoyant. Pas d’appel à la pitié. Mais derrière, une vraie histoire qui avait bien commencé avant de déraper. Cette maison que Stéphane veut retaper, c’est celle d’un couple de Ch’tis, Emeline et Hubert, qui a décidé il y a quelques mois  de tout plaquer dans le Nord pour venir s’installer en Pays bigouden, à Lesconil, au bout du Finistère. "Ils venaient très régulièrement et sont tombés amoureux du coin", raconte Stéphane. "Leur projet s’est accéléré car Emeline est tombée enceinte.  Parce qu’en plus de vouloir s’installer en Bretagne, ils voulaient un petit Breton !" 

Les Ch'tis débarquent en Bigoudénie

C’est donc dit, les Ch’tis débarquent en Bigoudénie.  Emeline et Hubert achètent une petite maison, 60 mètres carré et beaucoup de travaux à prévoir, à Plobannelec-Lesconil, rue de la Gaité. Et Hubert se met au travail. Car il faut retaper, briquer, recréer pour rendre le rêve confortable.  "Ce mec-là, il transforme les choses en or", raconte Stéphane.  "Il avait décidé de faire un petit paradis de son petit taudis, pour sa famille. Je lui donnais un coup de main. C’est mon meilleur pote". Et le rythme s’installe, les travaux se lancent, cela avance. Stéphane se souvient. "Je n’arrêtais pas de me foutre de sa gueule, avec sa sonnette, il fallait tirer sur un bout de ficelle. Mais il me disait : 'T’as pas besoin de sonnette,  tu entres, tu es chez toi.' C’est des Ch’tis, avec toute la simplicité et l’hospitalité que ça sous-entend."

Et cela avance, jusqu’au 4 novembre dernier. "La date fatidique", dit Stéphane. Ce jour-là, il passe voir son ami. "Quand je suis arrivé, Hubert venait de piquer son mur. Je lui ai dit : 'T’as vraiment une sale tronche, tu devrais te poser deux minutes’. Il s’est posé. Mais ça a duré bien plus de 2 minutes." Hubert a fait un infarctus. Il a été hospitalisé, emmené dans la soirée à Quimper en service grande réanimation.  Dans un sale état. "Quand je suis allé le voir, sur le coup, le toubib m’a dit de contacter le reste de sa famille pour lui dire au revoir."

On est même obligé de freiner les ardeurs de certains !
Stéphane

Aujourd’hui, Hubert est toujours là. Mais il a été transféré à Brest, là où sont emmenés les cas les plus graves. Pour l’instant, il est dans un semi-coma. "Là, ça commençait à schlinguer", raconte Stéphane. "Sa vie ne tient qu’à un fil. Peut-être qu’il s’en sortira. On ne sait pas. On ne sait pas non plus dans quel état." Stéphane continue d’aller voir son ami, tous les jours, à Brest. "Il a des moments de lucidité, il a toute sa tête, même s’il n’est plus aussi alerte. On parle de 8 arrêts cardiaques. Il a pris une sacrée secousse", dit Stéphane. "Mais il faut voir le morceau : il faut 2 mètres de haut, 130 kg, c’est un sacré bébé. Aujourd’hui, il a la ligne haricot vert, il a perdu 20 kg : il est presque plus beau que moi." Rire à demi-mot, pour ne pas tomber. Car Hubert a parfois des moments de lucidité. "Un jour, il m’a chopé", raconte Stéphane. "Il m’a dit : 'Ce qui m’embête, c’est l’état de ma maison, de mon chantier, pour ma petite femme et mon fils. Je te fais pas un cadeau, mais je te fais confiance.'" Pour l’instant en effet, la maison est à l’état de gravillons. Emeline et son fils logent à Loctudy, chez une amie. 

Sur la route du retour, Stéphane cogite. "Je me suis dit que j’allais faire ce que je pouvais. C’est comme ça qu’est née la Maison du cœur." Stéphane crée une page Facebook, la partage à ses 70 amis sur le réseau social. Qui, eux aussi, font tourner chez les amis d’amis. "L’info a commencé à grossir, grossir", se réjouit Stéphane. Et jeudi dernier, il tente le paquet : "J’ai essayé de poster une annonce sur Le Bon coin. Je pensais qu’elle avait toutes les chances de ne pas passer : une annonce sociale sur le plus gros site commercial !" Non seulement elle été validée, mais elle a déclenché le raz-de-marée. "C’est du délire", souffle Stéphane. "On reçoit des appels, des textos, d’artisans qui souhaitent  venir gratos, de gens qui offrent du matos, des colis. C’est un truc de malade ! Un truc de fou ! On est même obligé de freiner les ardeurs de certains !"

Alors, sans doute, les travaux vont pouvoir bien avancer. Stéphane se fait aider d’un architecte à la retraite qui s’occuper de répartir les tâches et les besoins. Si tout roule bien, la maison pourrait être finie dans un mois et demi. En attendant, il a trouvé un petit pied à terre à Emeline, pour les trois mois prochains. Et Stéphane, ancien tenancier de bistrot, bien connu dans le coin, est ravi. "C’est bizarre, car toute ma vie, mes fonctions commerciales m'ont vachement ramené à une certaine bestialité de l'homme. Alors cette solidarité, ça rassure vachement sur ses capacités, son humanité. Là, je vous parle, je suis à Concarneau, car je récupère des caisses de carrelage, des vis, et un petit bureau pour la maison. Il fait très beau, très froid, je suis heureux !" 

VIDEO. JT 13H - Autre geste de solidarité : leur maison s’effondre, la solidarité s’organise Source : JT 13h Semaine
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Sibylle LAURENT

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