"J'en ai besoin !" : le cri de colère de Gérald, en guerre pour récupérer sa carte de stationnement pour handicapé

par Sibylle LAURENT
Publié le 30 novembre 2016 à 17h49, mis à jour le 30 novembre 2016 à 18h25
"J'en ai besoin !" : le cri de colère de Gérald, en guerre pour récupérer sa carte de stationnement pour handicapé

COUP DE GUEULE - Gérald est atteint d’un syndrome cérébelleux, lésion du cervelet qui lui provoque des troubles de l’équilibre. Mais l'an dernier, son dossier pour renouveler sa carte de stationnement handicapé lui a été refusé. Il ne comprend pas.

"Excusez-moi de vous prendre un peu de temps, je voudrais que vous écoutiez un peu mon message… J’ai un gros problème." Gérald parle, énervé, devant sa petite caméra. Cet habitant de Seine-Maritime, la cinquantaine, est atteint d’un syndrome cérébelleux. Une lésion du cervelet qui lui provoque des troubles de l’équilibre. Cela ne l’empêche pas de travailler. Seulement voilà : une petite complication a surgi l’été dernier. Sa carte de stationnement pour personne handicapée lui a été refusée. Et il ne comprend pas.

Gérald a exprimé son désarroi dans petite vidéo, qui a été vu plus de 7.000 fois sur sa page Facebook. "Je suis atteint de ce syndrome, des cellules mortes dans le cervelet, depuis ma naissance", explique-t-il à LCI. "J’ai tout le côté droit qui tremble, et parfois je perds un peu l’équilibre. Ça ne m’empêche pas de travailler, au contraire, et j’en suis fier. Mais là, il y a un gros problème." Son problème, c’est que la Maison départementale des personnes handicapées a refusé de renouveler sa carte de stationnement. 

Ca devient compliqué
Gérald, handicapé

Cette carte, qui donne le droit de sa garer sur les places réservées aux handicapés, est attribuée sur dossier à toute personne atteinte d’un handicap "réduisant de manière importante sa capacité et son autonomie de déplacement à pied apprécié sur une distance significative", indique le règlement. Au début, Gérald ne la demandait pas. 

"Je me sentais capable de me passer de la carte, je voulais laisser la place à quelqu’un d’autre, pour les fauteuils roulants par exemple", explique-t-il. Mais au fil des années, la maladie a évolué. "Là, j’en ai besoin !, assure-t-il. Comme je suis fatigué, ne plus avoir de place handicapé devient compliqué."  En 2010, il l'avait en effet obtenue, cette fameuse carte. Mais au moment de la renouveler, l'an dernier, son dossier n’est pas passé. "La MDPH m’a juste redonné ma carte de priorité en caisse, s'insurge Gérald. Mais ça ne m’intéresse pas de la sortir." En revanche, cette place de stationnement, elle, lui est bien utile pour se rendre à son travail d'agent d’entretien dans une maison de retraite. Mais dans son verdict, rendu en mars dernier, la MDPH a "reconnu un taux d'incapacité inférieur à 80%", et motive par là son refus.

"Je l’ai eue pendant 5 ans, cette carte, je ne comprends pas", poursuit Gérald. Comme l’y autorise la procédure, il a fait appel, et son dossier a de nouveau été refusé cet été. "On me dit que je pouvais faire 50 mètres à pied… Je ne comprends pas. C’est honteux, inadmissible. J’ai du mal à marcher. J’ai du mal ! On m’a dit de faire un recours au tribunal… On ne s’en sort pas."

Gérald a écrit à la ministre en charge des personnes handicapées, Ségolène Neuville, envisagé de héler le président Hollande, la Commission européenne, démarché le Département, la députée-maire du coin… Un peu perdu, un peu noyé dans les paperasses, les procédures, les délais, les bons interlocuteurs à contacter. Seul moyen qu’il a trouvé pour alerter, cette vidéo, tournée chez lui. Pas que pour lui, mais pour "que ce soit partagé le plus possible, et sensibiliser aux cas des personnes à mobilité réduite."

Contactée par LCI, la MDPH en question confirme que le dossier a été refusé, et que Gérald a été au bout de ses recours. En fait, il n’a même plus la possibilité d'engager un recours au tribunal, comme la procédure l’y autorise, car le délai maximum de deux mois à compter de la décision est dépassé. "Tout dépend du certificat du médecin. Peut-être que le dossier médical n’était pas assez rempli, et que l’examen ne permettait pas de conclure à un handicap", suggère notre interlocutrice, qui estime pourtant que "la carte de stationnement n’est pas ce qu’il y a de plus difficile à obtenir à la MDPH."

Il va falloir que j’attende entre six mois et un an
Gérald, travailleur handicapé

"On m’a juste jugé sur un morceau de papier ! Il n’y a vraiment pas assez de suivi", répond Gérald, indiquant qu’il a demandé à recevoir la visite d’un médecin de la MDPH, "pour montrer que je ne fais pas du cinéma", mais qu'il na jamais eu de réponse.  "C’est le monde à l’envers : tu fais des efforts, tu es handicapé, tu travailles, tu es marié, tu as un enfant, ta maison. Et on te refuse tes droits juridiques de personne à mobilité réduite. C’est dingue ! J'en ai discuté avec mon médecin, il ne comprend pas non plus."

 

A force d’agiter, Gérald a fini par être recontacté. "On me dit de refaire tous mes papiers, pour un dossier. Il faut recommencer tout à zéro…" Un petit progrès, mais Gérald est fatigué. "Il va falloir que j’attende entre six mois et un an, que ça passe à nouveau en commission… Je me débrouille en attendant, mais c’est quand même compliqué." 

En attendant, il a donc réalisé à la fin de l'été cette vidéo, sous laquelle il reçoit des marques de soutiens. "Si ça peut changer un peu les mentalités sur les personnes handicapées… et aider d’autres personnes. Vous savez que je viens d’acheter une maison, et que ma banque me fait payer 100 euros de plus par moi parce que je suis une personne à risque ?"

JT20H - Jardinier, cadre, formateur … dans cette entreprise, les salariés sont tous handicapésSource : JT 20h Semaine
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Sibylle LAURENT

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