COMPLEXE - Si des voix s'élèvent pour demander que Paris se retire de l'organisation des Jeux Olympiques 2024, une telle décision s’avérerait en réalité très complexe à mettre en oeuvre. Des contrats lient en effet les organisateurs au CIO, et un retrait pourrait coûter très cher.
"Il est irresponsable de dilapider l’argent public dans une opération de prestige pharaonique" comme les JO de Paris 2024, estiment une trentaine de personnalités. Ensemble, ce collectif a signé une tribune dans le journal Le Monde afin d'inciter "les forces politiques et syndicales, les associations citoyennes, les organisations de défense des droits de l’homme, les organes de presse et leurs journalistes, les autorités morales à dénoncer le projet de Jeux olympiques en France en 2024."
Le texte insiste sur le fait qu'en "cette période de crise globale profonde, il est impossible de laisser l’économie de casino olympique faire main basse sur des ressources budgétaires déjà limitées. Celles-ci doivent être allouées aux besoins prioritaires du pays et non au spectacle sportif et à ses fastes médiatiques où s’exhibent des athlètes en service commandé au profit du CIO, de ses sponsors et annonceurs". S'il est peu probable qu'un tel appel soit entendu, on peut néanmoins se demander si une telle annulation serait possible. La lecture des textes et contrats officiels montre que rien ne s'y oppose en principe, mais que les documents qui lient les organisateurs au Comité international olympique (CIO) rendent une telle décision plus que coûteuse, et hautement hypothétique.
Des pénalités financières
Désignée ville hôte des JO en 2017, soit sept ans avant la tenue de l'événement, Paris pourrait-elle songer se retirer de l'organisation ? Avec la réélection d'Anne Hidalgo le soutien de l’exécutif au projet et l'engouement d'une bonne partie de la population, les probabilités qu'une telle décision soient prise sont infimes. Néanmoins, une telle éventualité n'est jamais a exclure, ce que sait bien le CIO, qui prend une série de disposition pour se prémunir d'un tel cas de figure.
En théorie en effet, les organisateurs peuvent tout à fait décider de se retirer. Une décision qui entraînerait de facto l'application de clauses prévues dans le contrat noué avec le CIO. Ce dernier, joint par LCI, renvoie au "contrat de ville hôte pour les Jeux Olympiques de Paris 2024", qui précise "les informations nécessaires concernant les droits et obligations des parties prenantes signataires".
En parcourant ce document de 45 pages, on découvre en effet que le point numéro 36 porte sur les "mesures en cas de non-respect" du contrat. Ainsi, "dans le cas où les Jeux n’ont pas lieu dans la ville hôte [...] pour une cause directement ou indirectement imputable à la ville hôte, au CNO hôte et/ou au COJO", les entités organisatrices de l'événement, "toutes les sommes détenues sur le Compte bloqué général, avec les intérêts, seront conservées sans autre avis par le CIO, pour son propre compte, à titre de dommages-intérêts".
Vu l'ampleur de l'événement, il s'agit ici de sommes colossales. Comme le rappelle Le Parisien, "le CIO apporte un financement à hauteur d'1,2 milliard d'euros au Comité d'organisation des JO", et "en décembre 2017, l'Assemblée nationale a validé la garantie de cette somme d'1,2 milliard d'euros que la France devrait rembourser au CIO en cas d'annulation".
Un effet boule de neige
Si le coût d'une annulation demeure inférieur à celui inhérent à l'organisation de l'événement, il faut préciser que la somme qui serait due au CIO ne serait pas la seule à devoir être déboursée. En effet, de multiples contrats sont signés avec des entreprises privées pour mettre sur pied les infrastructures nécessaires à la tenue des compétitions. Comme pour celui signé avec le CIO, des clauses sont prévues en cas de rétractation, ce qui rendrait l'addition encore plus salée.
Il faut ajouter qu'une partie des investissements sont déjà lancés, avec notamment la construction de la future piscine olympique, dont le chantier a débuté cette année. Quand bien même l'annulation des Jeux serait décidée, on imagine mal les travaux s'interrompre subitement, laissés en friche. La logique voudrait ainsi qu'ils soient menés à leur terme une fois initiés.
Un dernier point, non négligeable, doit en enfin être pris en compte : la tenue d'un éventuel procès lancé par le CIO. Dans le contrat qui le lie aux organisateurs, il est en effet indiqué noir sur blanc qu'en cas d'annulation de son fait, "la ville hôte […] renonce expressément à l'application de toute clause juridique en vertu de laquelle elle pourrait prétendre à l'immunité dans tout procès, arbitrage ou autre action en justice intentée par le CIO". Le comité olympique pourrait tout à fait arguer des recettes largement amputées et un préjudice en matière d'image, et ainsi réclamer d'importants dommages et intérêts. Si rien ne pourrait permettre de présager de l'issue d'une telle bataille judiciaire, elle pourrait elle aussi rendre délicate et chère une annulation.
Difficile donc, à la lecture du contrat qui unit aujourd'hui le CIO et les organisateurs, de penser qu'une annulation puisse être une option envisageable. Le soutien politique réitéré ces derniers mois aux Jeux rend de toute façon plus qu'improbable un tel cas de figure aujourd'hui. En l'état actuel des choses, seule une situation sanitaire incertaine semble susceptible de pouvoir entraîner un report ou une annulation des JO, à l'instar de ceux de Tokyo dont personne ne peut actuellement prédire s'ils auront lieu l'an prochain au Japon.
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