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Le nombre de personnes âgées isolées a-t-il plus que doublé depuis 2017 ?

Publié le 25 janvier 2023 à 16h39, mis à jour le 30 janvier 2023 à 14h43

Source : Sujet TF1 Info

Deux millions de personnes âgées vivraient aujourd'hui dans une situation d'isolement.
Surtout, ce chiffre aurait plus que doublé depuis 2017.
Les Vérificateurs remontent aux origines de chiffres, issu d'une étude de l'association Petits frères des pauvres.

Le 23 janvier se déroulait la journée mondiale des Solitudes, rendez-vous que le monde associatif décrit comme un moment de "mobilisation et de sensibilisation autour du fléau des solitudes et du vivre ensemble". À cette occasion, les Petits frères des pauvres ont relayé un chiffre préoccupant. Elle indique en effet que l'on compte aujourd'hui en France environ 2 millions de seniors touchés par l'isolement. Surtout, ils seraient plus de deux fois plus nombreux qu'en 2017. Pour comprendre l'origine de cette estimation et comment une telle hausse a pu intervenir, il faut se pencher sur un rapport dévoilé à l'automne 2021.

Isolés des cercles familiaux et amicaux

Les données partagées par l'association proviennent d'une publication remontant au 21 septembre 2021. Un document "qui montre une nette aggravation de l’isolement social des personnes âgées en France", selon les mots des auteurs. En pratique, il est indiqué que l'on dénombre "530.000 personnes âgées en situation de mort sociale, c’est-à-dire sans ou quasiment sans contacts avec les différents cercles de sociabilité (cercle familial, amical, voisinage et réseaux associatifs)". Dans le même temps, l'éloignement des cercles familiaux et amicaux concerne 2 millions de personnes de 60 ans et plus.

Ce chiffre signifie que les individus ici mentionnés peuvent développer et entretenir des interactions avec des commerçants, par exemple, ou des membres d'associations. Mais que ceux-ci ne sont pas considérés comme des proches, terme que l'on réserve davantage aux membres de sa famille ou à ses amis. L'aggravation constatée entre 2017 et 2021, année de réalisation de cette étude, se révèle majeure. Les Français touchés par l'éloignement sont passés de 900.000 à 2 millions, selon les estimations des Petits frères des pauvres.

Des données crédibles ? Lorsque l'on se penche sur la méthodologie employée, détaillée dans le rapport complet, on apprend que les chiffres sont tirés d'une "étude quantitative réalisée entre le 6 et le 20 avril 2021 auprès d’un échantillon national représentatif de la population française métropolitaine de 1503 personnes âgées de 60 ans et plus, constitué selon la

méthode des quotas". Le choix de procéder à une consultation par téléphone est expliqué et justifié par le fait qu'une part non négligeable de seniors n'utilisent pas ou peu Internet. Par ailleurs, "afin d’intégrer au mieux les évolutions sociétales", il a été décidé "d’étudier également les contacts numériques dans le champ des interactions sociales". Ce choix est revendiqué, tout comme celui d'inclure "les relations avec des professionnels comme les commerçants ou les professionnels de santé", qui peuvent jouer un rôle prépondérant dans le quotidien de personnes âgées.

Si l'échantillon retenu pour cette étude peut être jugé limité, et incite dès lors à une certaine prudence quant aux extrapolations qui en sont tirées sur le nombre total de Français concernés, il s'agit là d'estimations qui demeurent pertinentes. En particulier parce que la même méthodologie a été employée en 2017 et 2021, ce qui conforte la crédibilité des évolutions décrites. 

Notons aussi en parallèle que l'ancienne ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, a été sollicitée pour réagir dans le rapport de l'association. Elle n'en a aucunement contesté les chiffres ou les conclusions, évoquant des travaux permettant de "mettre en lumière à la fois les difficultés quotidiennes que peuvent rencontrer nos aînés, et l’isolement auquel ils doivent faire face".

Pour expliquer les hausses majeures observées en seulement quatre ans, les Petits frères des pauvres avancent deux pistes principales. Une "augmentation que l’on peut qualifier de mécanique", tout d'abord, avec une progression "régulière du nombre de personnes âgées en cinq ans (passant de 14,7 millions en 2017 à 18 millions en 2021)", ce qui a logiquement fait grimper la quantité de personnes isolées. L'autre motif central aura été "la crise de la Covid-19, par son fort

impact sur la vie des personnes âgées, sa durée et les restrictions sanitaires visant à limiter au maximum les interactions sociales". Une période très délicate, qui "a précipité celles qui avaient déjà un tissu relationnel fragile dans un isolement intense". Au total, plus d'un tiers des personnes âgées (36%) confie souffrir de solitude. 

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Thomas DESZPOT

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