Dévoilé par l'ONU, un classement présenté par l'ONU met en avant chaque année les pays où l'on se déclare le plus heureux.La Finlande reste en tête cette année, tandis que la France est 21ᵉ.Si le bonheur reste un concept subjectif, la méthodologie employée vise à diminuer les biais pouvant influer sur les résultats.
Pour la sixième année consécutive, la Finlande est présentée comme le pays où la population est la plus heureuse. À l'occasion de la Journée mondiale du bonheur, qui se tient ce 20 mars, l'ONU présente la nouvelle édition de son "World Happiness Report", ou rapport mondial sur le bonheur.
Le classement met aussi en avant le Danemark et l'Islande, respectivement 2e et 3e. Suivent Israël, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, la Suisse et le Luxembourg. La Nouvelle-Zélande, pour sa part, complète le top 10. La France n'est "que" 21e, sur les 109 pays représentés à travers cette évaluation. En queue de classement, c'est au Ghana, au Pakistan et au Niger que les habitants se présentent comme les moins heureux.
Pris très au sérieux, les résultats sont régulièrement mis en avant dans certains pays. C'est le cas en Finlande, où une récente initiative surfe sur cette image positive : un séminaire d'initiation au bonheur à la finlandaise est en effet organisé à la fin du printemps et doit rassembler dix invités, lauréats d'un concours en ligne. Une idée mise en avant par "Visit Finland", organisme en charge de la promotion du tourisme dans le pays.
Le bonheur est devenu un véritable sujet de recherche
Comment est constitué ce classement ? Quels sont les critères retenus et peut-on juger les résultats crédibles ? Pour le savoir, il faut se tourner vers l'imposant rapport dévoilé chaque année et dont l'édition 2023 compte pas moins de 166 pages. Les équipes en charge de ces travaux soulignent qu'il s'agit de passer en revue "l'état du bonheur dans le monde aujourd'hui" et de montrer comment une "science du bonheur" peut expliquer "les variations personnelles et nationales du bonheur" observées dans différents pays. En partenariat avec des chercheurs issus de multiples universités, les équipes de l'ONU qui travaillent sur ce rapport annuel s'appuient sur les données fournies par le Gallup World Poll, une série de sondages effectués par la société américaine Gallup, spécialisée dans le conseil en stratégie et les enquêtes d'opinion.
Comme le rappelle la chercheuse Jinan Zeidan, "le bonheur demeure un état d’esprit qui ne peut être mesuré de façon objective comme on le fait pour la tension ou le poids". On ne peut l'évaluer "à l’aide d’indicateurs biochimiques, puisqu’aucune corrélation physiologique constante n’a été constatée", sans compter sur le fait que "les théories qui assimilent le bonheur à une liste d’attributs comme la santé, le confort matériel, les enfants, etc. se heurtent à des problèmes de choix et de définition de critères à retenir". Pour mettre au point un classement le plus représentatif possible, les sondeurs demandent ainsi aux personnes interrogées de "penser à une échelle, la meilleure vie possible pour eux étant un 10 et la pire vie possible étant un 0". Elles doivent ensuite "évaluer leur propre vie actuelle sur cette échelle de 0 à 10". Notons que "les classements proviennent d'échantillons représentatifs au niveau national sur trois ans".
Gallup indique sur son site utiliser des échantillons "probabilistes et représentatifs à l'échelle nationale de la population résidente âgée de 15 ans et plus". Dans chaque pays, la zone de couverture correspond à l'ensemble du territoire, "y compris les zones rurales", tandis que les sondages concernent "l'ensemble de la population adulte civile non institutionnalisée".
Le bonheur, une notion universelle ?
Si les travaux de l'ONU cherchent à objectiver la perception du bonheur, on peut s'interroger sur la manière dont il est défini à travers le monde, et sur la manière dont notre perception occidentale peut influencer les résultats des enquêtes d'opinion. Directeur de l'Observatoire du bien-être au sein du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap), Mathieu Perona fait remarquer que les critiques habituellement formulées portent sur "les grandes dimensions couramment utilisées" pour évaluer le bonheur. "Sentiment d’être heureux, satisfaction dans la vie, sentiment que sa vie a du sens", des notions "qui proviennent d’un cadre d’analyse issu de la culture européenne (que l’on fasse ici référence à l’hédonisme d’Épicure, à l’eudémonisme d’Aristote ou à l’utilitarisme de Bentham)".
Néanmoins, il constate que le World Happiness Report cherche à limiter ces biais potentiels. "Aux questions habituelles" posées dans les sondages, "l’édition 2020 du Gallup World Poll, la source de données de référence du rapport, a ajouté des questions portant sur le sentiment d’équilibre (balance) et d’harmonie", explique Mathieu Perona. "Ces deux concepts ont été identifiés comme centraux à la définition d’une bonne vie dans la plupart des cultures asiatiques. Elles occupent en effet une place centrale dans le bouddhisme, le taoïsme ou le confucianisme."
Il en ressort que l'on n'a pas identifié "de division culturelle" notable ou de modification des résultats significative. "Les pays où les personnes expriment une plus grande satisfaction à l’égard de l’équilibre entre les différentes dimensions de leur vie, de s’être sentis calmes la veille ou d’entre en paix avec la vie qu’elles mènent sont peu ou prou ceux qui déclarent une forte satisfaction dans la vie, et les pays asiatiques ne se distinguent pas particulièrement." Les résultats, poursuit-il, "suggèrent que les mesures de référence du bien-être reposent bien sur des éléments de ce qu’est une vie bonne qui traversent la plupart des cultures. Ils invitent aussi à nous méfier des représentations trop rapides des contextes culturels, en particulier à une époque où les influences réciproques sont nombreuses, complexes et en évolution rapide."
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