PATRIMOINE - Des internautes partagent leur étonnement face au coût affiché de la rénovation d'un bureau d'apparat à l'Elysée. 930.000 euros de travaux ont bien été réalisés mais ils s'expliquent par une multitude de facteurs.
Lors des journées du patrimoine, qui se tiennent ce weekend, 5.000 visiteurs vont pouvoir découvrir le palais de l'Elysée, et notamment le bureau où reçoit le président de la République. Tout juste rénovée, cette pièce communément appelée le "salon doré" a retrouvé son lustre d'antan, à la faveur de 5 semaines de travaux durant l'été. Un chantier conséquent, qui a coûté 930.000 euros. Une dépense critiquée par des élus comme le député LFI François Ruffin, ainsi que par de nombreux internautes.
Quand certains se demandent si cette information officielle est une fake news, d'autres s'emportent et jugent la somme gigantesque. Un tel chantier était-il justifié ? Peut-on expliquer un tel montant ? Pour mieux l'analyser, LCI a contacté l'Elysée ainsi que le maître d'oeuvre qui a supervisé ces travaux peu communs.
La pression de la Cour des comptes
Avant toute chose, il convient de préciser que cette rénovation intervient près de 70 ans après la dernière en date, effectuée à la fin des années 1940. "On constatait un encrassement, mais aussi des bois qui avaient joué", indique Michel Goutal, architecte en chef des monuments historiques qui a chapeauté les travaux effectués au palais. "Des peintures craquelées également", fait-il remarquer, sans parler des "dorures très usées" qui donnent son surnom à cette pièce. Des dorures sur lesquelles ont été réalisées des peintures, une spécificité qui rend toute intervention compliquée. "Raccorder l'ensemble c'est très compliqué en raison des jeux de lumière", souligne l'expert, "et cela demande des restaurateurs très qualifiés".
Si les travaux ont été menés cet été à l'initiative du chef de l'Etat, il faut préciser que la Cour des comptes (qui suit avec attention toutes les dépenses réalisées dans le palais) recommandait avec insistance depuis plusieurs années d'effectuer des rénovations. La Cour, en 2017, indiquait vouloir attirer l’attention de la Présidence sur le risque existant, à force de repousser les nécessaires opérations de conservation du patrimoine immobilier. La crainte ? Que celui-ci se dégrade et que les coûts nécessaires à sa restauration en soient augmentés, par rapport à une action préventive et curative. Les différents pensionnaires de l'Elysée ont donc été priés, avant même que ne soit élu Emmanuel Macron, de réaliser ces travaux, sous peine de devoir en effectuer à l'avenir de plus amples et plus coûteux.
Le président de la République, lui, assume totalement un tel chantier : "Souvent, on n'ose pas décider ces travaux, alors que c'est notre devoir", a-t-il lancé. "Ce sont des savoir-faire ancestraux qu'on n'a pas perdus parce que pendant des siècles on n'a pas rompu la chaîne de transmission, il faut que cela continue", a-t-il noté, saluant des "emplois et des savoir-faire français" qui permettent "de projeter l'excellence française à l'étranger".
Notons aussi au passage que la somme dévolue à ces travaux n'est pas incluse dans les comptes de l'Elysée, mais supervisée par l'Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture. Comme tout chantier public, un appel d'offre a été lancé afin que les responsables en charge de la préservation de ce patrimoine immobilier et culturel puissent sélectionner les artisans d'art les plus compétents et qu'une mise en concurrence puisse garantir la transparence des opérations et contribuer à éviter des surcoûts.
15.000 feuilles d'or
Si les 930.000 euros paraissent énormes au premier abord, il convient d'analyser la multitude d'actions entreprises et le caractère très spécial d'un tel lieu. Il ne s'agit en effet pas d'un simple bureau, puisque ce "salon doré" s'étend sur une surface d'environ 150 mètres carrés. "Sans compter le fait qu'il affiche une hauteur sous plafond de 6 mètres", glisse Michel Goutal. Ce dernier rappelle ce décor, installé en 1861 sous Napoléon III, est en quelque sorte une "oeuvre d'art intégrale".
Ont été rénovés les parquets, le chauffage, les équipements techniques, mais aussi les portes (40% de la surface totale visée par le chantier), ainsi que les fenêtre ou les volets intérieurs. Sans oublier le mobilier, avec notamment le grand lustre, que la taille imposante empêchait de faire transiter par les portes. "Des expertises et des savoirs-faire très divers sont mobilisés", insiste l'Elysée, que ce soit pour les peintures décoratives, les menuiseries, les motifs sculptés, la serrurerie d'art ou encore le travail des bronzes.
Qui dit bureau doré dit enfin restauration des nombreuses dorures, qui donnent à la pièce son aspect si particulier. Un poste de travail conséquent qui a nécessité 15.000 feuilles d'or de 0,2 micron d'épaisseur, soit environ 390 grammes. De quoi faire monter la facture, d'autant qu'un tel chantier nécessite une supervision et des protocoles très particuliers. Il s'agit d'un bâtiment classé, avec lequel il est nécessaire de prendre des précautions. Du côté de l'Elysée, si l'on entend les critiques formulées par des élus ou des observateurs, on défend surtout la nécessité de cette vaste entreprise. "Ces rénovations ne sont pas un sujet politique", indique-t-on au palais, "elles concernent la continuité des bâtiments d'état".
"Oui, poser des feuilles d'or cela coûte un peu cher", a réagi de son côté Stéphane Bern dans Le Parisien pour défendre, là aussi, le coût du projet. "Soit on restaure sérieusement, soit on fait n'importe quoi. Cette rénovation coûte beaucoup moins cher que de construire des bâtiments pharaoniques ce que les présidents adorent en général faire. Et ce n'est pas le cas d'Emmanuel Macron".
En résumé, les montants investis pour rénover ce "salon doré" sont élevés, mais relativement logiques en raison du caractère historique des décors de la pièce et de sa surface. La multiplicité des savoirs-faire nécessités et le caractère luxueux des décors expliquent également la facture assez salée à l'issue des 5 semaines de rénovation. Il convient de préciser que la Cour des comptes, depuis plusieurs années, déploraient que les présidents de la République ne s'attaquent pas à ces chantiers, craignant que ces retards ne finissent à long terme par contraindre à des travaux de plus grande envergure, qui se seraient révélés bien plus coûteux.
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