POLÉMIQUE - Alors que Bernard Cazeneuve se rend ce lundi à Calais pour une cérémonie de remerciement aux personnels engagés lors du démantèlement de la "jungle", certaines associations ont décliné l'invitation. Elles dénoncent notamment la "disparition de tous les dispositifs d’accueil" des migrants qui existaient sur place.
"Nous avons été invités, mais nous n'avons pas souhaité répondre présents". Alors que le ministre de l'Intérieur doit se rendre ce soir dans l'ancienne "jungle" de Calais pour "remercier les personnels engagés dans le démantèlement", plusieurs associations, dont le Secours Catholique, ont décidé de boycotter la cérémonie. Elles dénoncent la destruction des centres d'accueil (Cap et Jules Ferry) qui se trouvaient dans l'ex-bidonville. C'est là qu'étaient installés, entre autres, les mineurs isolés, les femmes et les familles.
"On trouverait indécent d’aller célébrer la disparition de tous les dispositifs d’accueil et de faire comme si ce retour en arrière colossal était positif, détaille à LCI Vincent De Coninck, chargé de mission au Secours Catholique. C’est une mise à l’abri pour ceux qui sont partis mais une mise en danger pour ceux qui arriveront". Un constat partagé par Médecins du Monde (MDM) et Médecins sans Frontières (MSF). "Nous n'avons pas été très contents de la manière dont s’est déroulé le démantèlement", concède-t-on aisément à MDM.
Le secours catholique boycotte la cérémonie de @BCazeneuve ce soir à #Calais et #MSF aussi. Ts 2 s'offusquent de la fermeture de Jules Ferry — maryline baumard (@marylinebaumard) 7 novembre 2016
Le démantèlement de la jungle, c’est quelque chose, jeter des gens à la rue, c’est autre chose
Christian Salomé, président de L'auberge des migrants
De son côté, l'association L'Auberge des migrants, même si elle sera présente, n'en reste pas moins révoltée. "Nous dénonçons la fermeture du Cap et du centre Jules Ferry car nous récupérons des mineurs dont nous ne savons plus quoi faire, s'alarme à LCI Christian Salomé, le directeur de l'association. Alors non, je ne boycotterai pas la cérémonie, car je veux faire passer le message". Selon lui, la destruction de ces lieux est une mauvaise chose puisque "les migrants continuent d'arriver".
"Le démantèlement de la 'jungle', c’est quelque chose, jeter des gens à la rue, c’est autre chose, regrette Christian Salomé. Les grands retours que nous craignions, ce sont les mineurs isolés. Il n’y a plus de structures pour les accueillir" - il n'existe en effet pas de centre d'accueil et d'orientation (CAO) à Calais. "Il n'y a absolument rien pour accueillir les migrants ici, abonde encore M. Salomé. Alors ils restent dans les jardins publics pour l’instant".
35.000 migrants mis à l'abri en un an
La semaine dernière, le ministre de l'Intérieur avait tiré un bilan définitif des opérations de mise à l'abri en indiquant qu'un peu plus de 7.000 migrants avaient été pris en charge par les pouvoirs publics, avec 5.132 adultes envoyés dans des CAO en régions et 1.932 mineurs vers des CAO-mineurs (Caomi), en attente d'un examen de leur demande de transfert vers la Grande-Bretagne.
"Au total, sur toute la France, 35.000 migrants ont été mis à l'abri" par l'Etat en un peu plus d'un an, a ensuite précisé Bernard Cazeneuve. Ce chiffre se ventile d'une part au départ de Calais, avec 13.000 personnes orientées vers les CAO (6.000 avant l'évacuation et 7.000 pendant), et d'autre part à partir de Paris, où les 30 évacuations menées depuis juin 2015 ont permis la mise à l'abri de près de 22.000 personnes.
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