TÉMOIGNAGES - Zineb El Rhazoui, Mohamed Sifaoui... Comme Salman Rushdie, ils vivent sous protection

M.L | Reportage TF1 David De Araujo, Sophie Chevallereau et Kevin Berg
Publié le 15 août 2022 à 9h46

Source : JT 20h WE

Victime d'une attaque vendredi 12 août, l'écrivain Salman Rushdie vit sous protection depuis plus de 30 ans et la publication des "Versets sataniques".
En France, Zineb El Rhazoui et Mohamed Sifaoui font partie des dizaines de personnes qui vivent sous la menace des fondamentalistes.
Ils ont témoigné de leur quotidien au 20H de TF1.

L'attaque, vendredi 12 août, contre Salman Rushdie, auteur du roman Versets sataniques, lors d'une conférence dans le nord des États-Unis, rappelle le cas d'autres personnalités qui vivent sous protection en raison des menaces de fondamentalistes qui pèsent sur elles. TF1 en a rencontré deux : Zineb El Rhazoui et Mohamed Sifaoui.

"Cela fait quelques années maintenant que je me sens sous une épée de Damoclès", témoigne la première, l'essayiste franco-marocaine, qui vit depuis sept ans de vie sous protection policière, sous surveillance. Car en 2015, après les attentats de Charlie Hebdo, elle est visée par une fatwa pour avoir contribué à l'hebdomadaire satirique, tout comme l'écrivain britannique d'origine indienne Salman Rushdie. Ce dernier est également la cible d'une fatwa, lancée par l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeini en 1989, à la suite de la publication de son livre Les Versets sataniques, l'un de ses ouvrages jugé blasphématoire par les islamistes. 

Initialement, une fatwa est une "consultation juridique donnée par une autorité religieuse à propos d'un cas douteux ou d'une question nouvelle", et parfois "la décision ou le décret qui en résultent", selon le dictionnaire Larousse. Mais dans le cas de Salman Rushdie, dont l'état s'est amélioré après avoir été poignardé à plusieurs reprises lors d'une conférence vendredi aux États-Unis, il avait été condamné à mort par le fondateur de la République islamique d’Iran.

Zineb El Rhazoui est aussi visée par des menaces, si bien qu'elle vit au quotidien sous la protection des forces de l'ordre. "Mon quotidien ressemble à celui d'une personne confinée", reprend-elle dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. "Toutes les sorties doivent être organisées, j'ai l'interdiction formelle de prendre les transports en commun. Naturellement, il y a aussi un souci d'intimité et de liberté." 

"Je surveille tout le temps mon environnement"

Plusieurs policiers l'accompagnent partout, qu'importe le lieu et l'instant. "Dans mon cas, j'ai même accouché sous protection policière : mon enfant, dès qu'il a ouvert les yeux dans ce monde, était entouré d'hommes armés", se souvient la journaliste et écrivaine.

Seules les autorités connaissent la liste des personnes sous protection policière. Une autre d'entre elles, Mohamed Sifaoui, a accepté de témoigner. Ce journaliste, spécialiste du terrorisme et de la radicalisation, fait l'objet de menaces de mort depuis près de 30 ans. "Cela fait très longtemps que je n'ai pas pu être insouciant, me balader sans forcément regarder les gens qui passent. Je surveille tout le temps mon environnement. L'insouciance, on me l'a enlevée", assène-t-il. 

"Je ne peux pas être chez moi, et recevoir l'appel d'un copain qui m'invite à le retrouver dans dix minutes dans le bistrot d'à côté. Il y a toujours un dispositif à mettre en place", poursuit l'écrivain et réalisateur franco-algérien. À l'instar de Salman Rushdie, il confie s'être habitué à ces contraintes du quotidien. "Il m'est arrivé de déménager pour des questions de sécurité. J'ai subi des pétitions du voisinage pour demander que je déménage, parce qu'ils considéraient que c'était dangereux pour eux. Je leur ai dit de se rassurer, car c'était d'abord dangereux pour moi", confie-t-il. 

Mohamed Sifaoui a passé la moitié de sa vie sous l'œil de la police, et son existence est à jamais bouleversée par le fanatisme religieux. Mais s'il reconnaît désormais une "sorte d'hypervigilance face à la menace", le journaliste se dit également fort d'une "détermination", qui le porte à "mettre en route une combattivité de tout instant pour continuer à dire ce qui doit être dit"


M.L | Reportage TF1 David De Araujo, Sophie Chevallereau et Kevin Berg

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