SOLIDARITÉ – Depuis six ans, la Tente des Glaneurs réunit des bénévoles qui récupèrent du pain, des fruits, des légumes et même des fleurs invendus à la fin des marchés pour les redistribuer gratuitement chaque semaine à des milliers de personnes dans le besoin.
Près des stands du marché de Wazemmes à Lille, le deuxième plus grand marché d’Europe, vous trouverez une "tente" un peu différente des autres. Depuis six ans, cette grande toile blanche abrite tous les dimanches des centaines de bénévoles et des milliers de personnes dans le besoin. Ces bienfaiteurs, ce sont des "glaneurs", ces personnes qui récupèrent des milliers de kilos de nourriture fraîche mais destinée à être jetée.
Du pain, des fruits, des légumes et des fleurs
Tandis que la France organise une journée contre le gaspillage alimentaire dimanche 16 octobre, la Tente des Glaneurs bat son plein. "Cette association est née d’un constat que j’avais fait. Il y a des gens qui cherchent de la nourriture dans les poubelles et des poubelles qui sont pleines de produits encore consommables", explique Jean-Loup Lemaire, président et fondateur de l’association, interrogé par LCI.
Le principe : une douzaine de bénévoles se réunissent chaque weekend pour collecter les produits invendus auprès des commerçants du marché. Lorsque les marchands ferment leurs étalages, le travail commence pour la Tente des Glaneurs, qui redistribue ces denrées, "du pain, des fruits, des légumes et des fleurs" pendant deux heures à quelque 1300 personnes chaque semaine dont "l’association est le dernier recours avant d’aller dans les poubelles", selon Jean-Loup Lemaire.
« On n’a pas pensé à ces personnes qui ne rentrent pas dans les cases. »
Jean-Loup Lemaire, fondateur de la Tente des Glaneurs
"Les gens glanent par nécessité. Ce sont ceux qui ne sont pas acceptés dans les structures de soutien selon les barèmes d’aide alimentaire, comme le quotient familial ou le reste à vivre. On n’a pas pensé à ces personnes qui ne rentrent pas dans les cases", précise cet ancien de la cuisine gastronomique. Ces "personnes accueillies" sont composées de "3/5e d’étudiants, 1/5e de retraités et de 1/5e de personnes sorties de prison, en fin de droits ou des personnes en foyer".
Ici, pour avoir de quoi manger, pas besoin de carte ni de fiche. "On discute avec les gens autour d’un café pour connaître leur situation", raconte le président. "Il faut connaître leurs besoins. On ne va pas donner quelque chose à cuire à quelqu’un qui n’a rien pour cuire. On ne va donner quelque chose à congeler à quelqu’un qui n’a pas de freezer. On ne va pas donner quelque chose de dur à quelqu’un qui n’a pas de dent ou du navet à une personne qui n’aime pas le navet".
Nourrir des gens en difficulté et lutter contre le gaspillage
Car le maître-mot de ces bénévoles reste avant tout l’humanité. "D’abord, la dignité parce qu’on sort les gens des poubelles, puis l’équité parce que tout le monde aura la même chose", détaille Jean-Loup Lemaire. "On donne un rôle au gens. On leur dit : ‘Grâce à vous, on fera moins de gaspillage’." Résultat : ces anges gardiens apportent en moyenne 5 à 7 kg de nourriture par personne, l’équivalent de 9 à 25 euros, précise le cerveau de l’opération. "La réalité, c’est qu’il n’y a même pas assez d’estomacs pour toute la nourriture qui est jetée", ajoute-t-il.
En plus d’apporter de l’aide à ces laissés pour compte – qui sont nombreux à revenir pour aider lorsque leur situation s’améliore – la Tente des Glaneurs permet aux commerçants d’économiser une taxe sur le gaspillage et fait gagner une heure de nettoyage post-marché à la ville. Aujourd’hui, la Tente des Glaneurs s’est franchisée et possède 37 antennes en France, mais aussi en Espagne et en Belgique. Seulement à Lille, près de 2000 bénévoles saluent la devise de la maison : "Donner, c’est mieux que jeter".