À LA LOUPE – Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy a expliqué que la centrale de Fessenheim avait enregistré en 2019 "parmi les meilleurs résultats sur les 40 ans de sa durée de vie" ? Sur quoi base-t-il ces affirmations ? Et quel crédit leur accorder ?
Le gouvernement a signé cette semaine le décret qui entérine l'arrêt total et définitif des réacteurs au sein de la centrale nucléaire de Fessenheim, et ce d'ici la fin juin 2020. Cette décision, annoncée et préparée en amont, oblige EDF à s'adapter. À l'approche de cette fermeture symbolique, le PDG de l'entreprise Jean-Bernard Lévy était invité dimanche 16 février sur Europe 1. Un entretien durant lequel il a expliqué que l'entreprise se pliait aux décisions du gouvernement, même si Fessenheim a eu "parmi les meilleurs résultats en 2019 sur les 40 ans de sa durée de vie".
Le lien entre sûreté et productivité
Que veut dire Jean-Bernard Lévy lorsqu'il évoque les "résultats" de la centrale de Fessenheim ? Sollicité par LCI, EDF précise que le PDG se réfère ici "aux performances en matière de sûreté". Le lien entre sûreté et productivité, pas forcément évident au premier abord, se révèle en fait assez logique. "Les deux sont liés", assure l'entreprise, puisque la moindre anomalie, même mineure, peut nécessiter l'arrêt d'une centrale par mesure de précaution. Une très faible occurrence d'incidents est donc synonyme d'une production régulière et la plus continue possible.
En matière de production, sur les "5 dernières années, le site de Fessenheim a réalisé 3 de ses plus belles performances depuis son couplage au réseau électrique en 1977", ajoute EDF, qui cite au passage les mots du président de l'Autorité de sûreté nucléaire, Pierre-Franck Chevet. Ce dernier indiquait au Figaro en 2018 que la centrale alsacienne était celle qui "présentait les meilleurs résultats en termes de sûreté d'exploitation".
Sur l'année 2019, la production de Fessenheim a été de 12,3 milliards de kWh. Il s'agit, comme l'indique EDF, de la 5e performance de l'histoire pour cette centrale mise en service le 1er janvier 1978 et dont les réacteurs sont les plus anciens encore en fonctionnement sur le territoire français. S'il est difficile de la comparer aux autres centrales, qui présentent des technologies similaires mais dont les versions ont évolué avec le temps, on peut noter que Fessenheim affiche de meilleurs résultats que celle de Saint-Laurent-des-Eaux, la seule bâtie sur un "modèle" identique. Aucune compensation ne sera à prévoir pour EDF en matière de production d'énergie suite à la fermeture de Fessenheim, et ce malgré le fait qu'elle permettait chaque année de produire environ 90% de la consommation en électricité de l'Alsace.
Si elle fait partie des installations présentées comme des références en matière de sûreté, Fessenheim restait jusqu'à aujourd'hui l'une des moins puissantes avec celle de Bugey, dans l'Ain. Les centrales construites durant les décennies suivantes ont en effet vu un accroissement progressif de la puissance, jusqu'au chantier de l'EPR de Flamanville, débuté en 2007 et qui n'a pas encore pu conduire à une mise en service en raison de multiples incidents sur le chantier.
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