La France face à une "épidémie de flemme" depuis la crise sanitaire

Publié le 16 novembre 2022 à 11h28

Source : JT 20h Semaine

On le sait, la crise sanitaire et les confinements ont modifié nos modes de vie et nos façons de consommer.
Mais ils ont aussi impacté notre motivation au travail et notre envie de sortir de chez soi, comme le montre une enquête menée par la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop.

Depuis la crise sanitaire, les Français ne sont plus motivés. Ils subissent une sorte d'apathie, qui prend parfois la forme d’un ramollissement généralisé. Preuve en est : selon les résultats d’une enquête de l’institut Jean-Jaurès menée en partenariat avec l’Ifop, si près de six Français sur dix déclarent ne pas avoir été affectés psychologiquement par la pandémie et les confinements à répétition, 30% se disent moins motivés qu’avant. Un chiffre qui grimpe à 40% chez les 25-34 ans - contre seulement 21% des plus de 65 ans. 

Si ce coup de mou affecte avec la même intensité toutes les classes sociales, elle semble toucher davantage les habitants de région parisienne. 41% se disent ainsi moins motivés qu’avant dans leur vie quotidienne, contre 29% des personnes qui habitent dans les communes urbaines de province et 22% des habitants de zone rurale. 

Le développement d'une "économie de la paresse"

Cette "épidémie de flemme" a une première conséquence : 45% des Français se disent régulièrement touchés par l'envie pressante de rester à la maison. Cette moindre appétence à sortir de chez soi touche particulièrement les tranches d’âge intermédiaires : 52% parmi les 25-34 ans et 53% auprès des 35-49 ans, contre seulement 33% des 65 ans et plus. 

Un appel du canapé qui a d’autant plus explosé durant la crise que toute une économie s’est mise en place autour (livraisons à domicile, plateformes vidéo, VTC…). Et "on aurait tort de penser que ce phénomène ne concerne que les grandes métropoles", précise l’étude. Résultat, les Français se ruent ces derniers temps sur les plaids, objets symboliques de cette "civilisation du cocon". De la même façon, les spas et jacuzzis se vendent comme des petits pains. 

Une récente étude de l’Ifop montrait par ailleurs que Netflix, Amazon, Prime Video ou encore Disney + avaient une incidence sur la fréquentation des salles de cinéma : depuis qu’elles se sont abonnées à une offre de vidéo à la demande, 29% des personnes interrogées déclarent "aller moins souvent au cinéma" et 12% "ne plus y aller du tout". Sans parler de l'arrivée de nouveaux produits comme les vidéoprojecteurs, équipement dont les ventes augmentent d’environ 50% par an depuis deux ans. 

Parallèlement à Netflix et consorts, la console de jeux, activité se pratiquant également à domicile, constitue un autre concurrent redoutable au cinéma, notamment parmi les adolescents et les jeunes adultes. Ils sont 73% à jouer occasionnellement et 58% régulièrement, soit une progression de 6 points par rapport à 2020.

Le monde du (télé)travail lui aussi touché

Un autre secteur semble également subir de plein fouet cette perte de motivation et cette fatigue au long cours : le monde du travail. "Durant la pandémie, près de 11 millions de salariés ont été mis en chômage partiel, période au cours de laquelle beaucoup se sont interrogés sur le sens de leur travail", en particulier dans les secteurs peu rémunérés où les contraintes horaires sont pesantes (travail en soirée, le week-end, en horaires décalés…) et où la pénibilité des tâches est importante, analyse l’étude. 

À cela s’ajoute l’irruption du télétravail (près d’un quart des salariés français sont actuellement en télétravail à hauteur de trois jours ou plus par semaine), un autre facteur de modification du rapport au travail. "Ce contexte explique sans doute en partie pourquoi notre enquête montre que les actifs français sont moins enclins à se donner corps et âme au travail et qu’une forte minorité (37 %), se disent moins motivés qu’avant dans leur travail", dit encore l'étude qui ajoute que cette perte de motivation au travail touche davantage les jeunes actifs (46% des 25-34 ans), mais aussi les cadres (44%) et les professions intermédiaires (43%), contre 34% "seulement" parmi les employés et ouvriers, catégories moins concernées par le télétravail.

"D’une façon générale, une partie des actifs, et notamment les plus jeunes, se sont petit à petit désengagés de leur travail, un peu comme s’ils étaient entrés dans une forme de résistance silencieuse et passive", souligne l'institut Jean Jaurès. Un phénomène illustre cela : le "quiet quitting" ("démission silencieuse"). Il consiste à en faire le moins possible au travail sans se faire licencier. 


Virginie FAUROUX

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