DÉSINFORMATION - Le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a annoncé mercredi la prochaine création d'une agence nationale de lutte contre la désinformation en provenance de l'étranger et visant à "déstabiliser l'État". Voici ce que l'on sait sur cette entité, qui sera directement rattachée à l'État.
À moins d'un an de l'élection présidentielle, la France déclare la guerre à la désinformation. Le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Stéphane Bouillon, a annoncé mercredi la création, en septembre, d'une agence nationale de lutte contre les manipulations de l'information en provenance de l'étranger visant à "déstabiliser l'État". Soixante personnes seront à terme mobilisées dans ce service et travailleront en sources ouvertes, c'est-à-dire à partir d'éléments publics.
"Notre objectif est de détecter le plus rapidement possible quelque chose qui est en train de monter et de pouvoir signaler l'incendiaire. Une fois que la forêt a brûlé, c'est triste, mais c'est trop tard", a expliqué le SGDSN.
Plusieurs scrutins prochainement passés au crible
Plusieurs échéances électorales feront l'objet d'une attention particulière au cours des mois à venir, a confié le SGDSN, comme les élections législatives en Allemagne fin septembre, "pour pouvoir en tirer des leçons". Le référendum d'autodétermination du 12 décembre prochain dans l'archipel français de Nouvelle-Calédonie aura aussi valeur de test dans ce domaine. Ce sera l'occasion de "regarder s'il n'y a pas des États qui ont intérêt à ce que le résultat du vote aille dans un sens qui ne serait pas forcément celui (pour lequel) les Calédoniens eux-mêmes voteraient", a commenté le SGDSN. Ces échéances permettront à l'agence d'être pleinement opérationnelle pour aborder l'élection présidentielle française, dans un an, scrutin lors duquel des tentatives d'ingérence ont déjà été documentées, comme aux États-Unis.
Une "transparence totale" promise par le SGDSN
Avec cette agence de lutte contre les ingérences numériques, "il ne s'agit pas de corriger ou rétablir la vérité, mais d'arriver à détecter les attaques quand elles viennent de l'étranger, pouvoir les caractériser et d'une certaine manière les attribuer", a expliqué Stéphane Bouillon. Cela vise, poursuit-il, à permettre aux politiques ainsi qu'à la justice et à la presse "de constater que sur 400.000 tweets de reprise de telle ou telle information, 200.000 viennent d'une ferme à bots (des comptes automatisés, ndlr) dans une région hors de notre pays ou que tel débat provient d'une ferme à trolls".
Conscient du risque que cette nouvelle agence passe pour un outil d'influence en ligne au service de l'exécutif français à un an de la présidentielle, le SGDSN promet la "transparence totale" sur ses actions. Un comité d'éthique et scientifique composé d'un membre du Conseil d'État, d'un membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), d'un magistrat, d'un ambassadeur, de journalistes et de chercheurs pour veiller sur les activités de cette agence, qui ambitionne de devenir un "Graphika d'État", explique un des acteurs du dossier, faisant allusion au spécialiste américain de l'étude des nouveaux médias.
Un projet né suite à l'assassinat de Samuel Paty
En France, une première expérimentation amorcée l'an dernier est à l'origine du projet, a appris l'AFP de sources concordantes. Après l'assassinat en octobre de l'enseignant Samuel Paty par un islamiste, une campagne de désinformation antifrançaise a fleuri sur les réseaux sociaux. L'exécutif a alors chargé une cellule, baptisée "Task Force Honfleur", de détecter et de caractériser ce bruit de fond qui s'est avéré être d'origine turque. En début d'année, Emmanuel Macron a souhaité que cet effort de lutte contre la désinformation soit confié à un service interministériel. "La TF Honfleur nous a permis d'imaginer ce que pourrait donner cette structure une fois qu'elle serait renforcée et mise en place", a indiqué Stéphane Bouillon.
Des structures similaires au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans l'UE
D'autres pays ou groupes d'États déjà dotés de telles structures. L'Union européenne par exemple a créé en 2015 "East Strat Comm", spécifiquement consacrée à lutter contre les manipulations en provenance de Russie. Au Royaume-Uni le programme NSCT, rattaché aux services du Premier ministre, est chargé de ces missions. Aux États-Unis, un organisme rattaché au département d'État, le GEC, a la mission de "diriger, synchroniser, intégrer et coordonner les efforts du gouvernement fédéral pour détecter, comprendre, exposer et contrer la propagande étatique et non étatique, les manœuvres de désinformations visant à saper ou influer sur la politique, la sécurité ou la stabilité des Etats-Unis, de leurs alliés et de leurs partenaires".
En 2019, un rapport de l'organisation non gouvernementale (ONG) Freedom House a montré, preuves à l’appui, l'existence de "programmes avancés de surveillance des réseaux sociaux" dans au moins 40 des 65 pays passés en revue et dénonçait une tendance inquiétante pour la démocratie. Dans certaines nations, les autorités choisissent même, rapporte le document, de couper l'accès à internet quand cela les arrange, tandis que d'autres font appel à des armées de petites mains pour manipuler les informations en ligne et en faire circuler des fausses de façon virale.
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