Les prix du gazole et de l'essence qui explosent vont ils ranimer les réseaux des Gilets jaunes ?

Publié le 13 octobre 2021 à 22h12, mis à jour le 14 octobre 2021 à 10h14

Source : JT 20h Semaine

REBELOTE - Certaines figures historiques du mouvement des Gilets jaunes voient en la récente explosion du prix des carburants l'occasion de rallumer la flamme de la colère.

Le dernier record en date est resté gravé dans les mémoires collectives. Le 12 octobre 2018, le prix du gazole particulièrement élevé donnait naissance à un mouvement de colère d'une rare ampleur. Trois ans plus tard, ce carburant atteint un nouveau record inflammable, affichant en moyenne 1,53 euro le litre dans les stations-service du pays, selon les relevés hebdomadaires publiés lundi 11 octobre 2021 par le ministère de la Transition écologique. De quoi rallumer le mouvement des Gilets jaunes ?

Les brasiers de la colère

Nombreux sont ceux qui, interrogés par nos soins, disent avoir raccroché leur chasuble. Mais certaines figures historiques, elles, n'ont rien lâché. Ni oublié. "Le dernier record, c'était y a trois ans, et depuis on a fait quoi ?", a ironisé ce mercredi 13 octobre Jérôme Rodrigues. Gilet jaune de la première heure, il est en colère. "On fout le pass [sanitaire], on augmente les prix, et y'a pas un bruit. Personne ne fait rien", a lancé cette figure, tristement connue pour avoir été blessé à Paris sur la place de la Bastille, dans un live sur Facebook vu plus de 40.000 fois en moins de trois heures. Pour rappel, au début de ce mouvement qui avait poussé le gouvernement à reculer sur la taxe carbone, ses directs avoisinaient les centaines de milliers de vues.

 

Cette rage, il n'a jamais cessé de l'avoir, mais elle s'est amplifiée face à l'actualité. Est-il seul ? Il s'interroge. "Vous êtes où les gens ?" Des "groupes" Facebook habituels, à la rue, le mouvement s'est essoufflé avec l'arrivée de la crise sanitaire. Et peine à reprendre. À titre d'exemple, le "Compteur Officiel De Gilets Jaunes", qui fait partie des pages les plus suivies du mouvement avec son demi million de membres, a partagé sa dernière publication en juillet dernier. 

Dans les rangs, on ne perd pas espoir. Car ici où là, une publication vient attiser les colères. Comme la photo ci-dessous, qui illustre l'envolée inédite des prix à la pompe, avoisinant dangereusement les deux euros le litre. Alors, en commentaires, des internautes tentent de mobiliser. "Le 11 novembre on bloque le pays, on s'installe sur les ronds point", écrit l'un d'eux, provoquant une centaine de "likes". 

Ce désir bouillonnant de se retrouver dans la rue, il se fait de plus en plus ardent. C'est en tout cas l'espoir de certains "anciens". Parmi eux, Maxime Nicolle - alias Fly Rider - qui voit une véritable "ébullition" naître sous ses yeux. "Nous nous sommes un peu tous contactés, entre anciens, parce que c'est en train de se réactiver sur les réseaux sociaux", nous glisse-t-il ainsi. Selon le Gilet jaune breton, des groupes d'utilisateurs de la route et de motards souhaiteraient même "converger". Un scénario qui rappelle celui de novembre 2018. Sauf que cette fois-ci, il n'y a pas que la hausse du carburant. "Augmentation du gaz, des courses, pass prolongé, état d'urgence sanitaire, ..." liste celui qui fait partie du trio historique des Gilets jaunes. Nous assurant que ses publications sur sa nouvelle page - Je demande à savoir - explosent, il en est sûr : "Ça se réactive."

Hasard du calendrier, cette étincelle arrive à quelques semaines des trois ans du mouvement. Une occasion à saisir pour lancer un appel. "J'en appelle à tous les Gilets jaunes, tous ceux qui sont descendus dans la rue le 17 novembre 2018 (...) Organisez-vous dans vos régions, récupérez vos ronds-points, récupérez vos centres-villes, ressortez dans la rue !", a lancé Jérôme Rodrigues, déterminé.

On veut que l'entièreté de la France qui souffre sorte dans la rue
Jérôme Rodrigues, figure historique du mouvement

Que ce soit en publication ou en live, nombreux sont donc ceux qui veulent croire à ce retour en force dans la rue. Mais cela suffira-t-il à rallumer le brasier ? Pour l'instant, seule la presse locale se fait l'écho de ces quelques tisons incandescents à travers le pays. Comme ici, sur le rond-point de Morvillars, où une trentaine de personnes a bloqué l'accès à la route pendant plusieurs heures. C'est aussi dans le Grand Est où un Gilet jaune a alerté France 3 sur "la reprise du mouvement au niveau départemental, qui devrait s'étendre au niveau national". "Les Gilets jaunes, tous ceux que j'ai rencontrés, sont bels et bien là", renchérit Jérôme Rodrigues dans sa vidéo. Tout en regrettant, penaud, qu'ils demeurent "un peu seuls actuellement".


Felicia SIDERIS

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