STATIONNEMENT – Des aménagements de voirie ont été pointés du doigt à Paris, avec la suppression d'une place réservée aux personnes handicapées au profit d'équipements destinés aux vélos. La mairie a réagi et assure que les places en moins sont systématiquement compensées.
La politique visant à réduire la place de la voiture à Paris menée par la municipalité suscite des crispations. Anne Hidalgo a ainsi été interpellée par le patron du site d'information L'Opinion, qui a posté via Twitter la photo d'arceaux à vélos fraîchement installés sur une ancienne place de parking réservée aux personnes handicapées.
"À Paris, on préfère les cyclistes aux handicapés. Pour eux, c’est la double peine : toujours plus d’embouteillages, mais moins de places pour se garer", a raillé Nicolas Beytout, ajoutant avec sarcasme : "Bon, c’est vrai, c’est de leur faute : ils n’ont qu’à être capables de faire du vélo, les maladroits…" Une interpellation publique à laquelle se sont empressés de répondre les représentants de la municipalité.
Une "anomalie"
Deux élus parisiens, actifs sur les réseaux sociaux, ont répondu successivement à cette critique publique. Premier adjoint en charge de l'urbanisme, Emmanuel Grégoire a rapidement évoqué "une erreur inacceptable". "Vous ne pensez tout de même pas que Anne Hidalgo a validé cela...", a-t-il lancé.
Dans la foulée, le marie adjoint en charge des transports, David Belliard, a souligné le fait que "toute place de stationnement pour personne handicapée transformée pour un autre usage est systématiquement déplacée à proximité sur la voie". Contactée par LCI, la municipalité confirme que la photo a été prise à Paris et précise que malgré la volonté de réduire la place de la voiture dans la capitale, les places réservées aux personnes à mobilité réduite (PMR) sont en quelque sorte sanctuarisées. Ce n'est pas le cas des places de parking "traditionnelles", qui peuvent faire l'objet de suppressions sans compensations aux alentours.
Nicolas Beytout a pris connaissance de ces réponses et n'a pas manqué deux jours plus tard de revenir à la charge, constatant que les services de la ville étaient passés sur les lieux. "Ça n’a pas traîné", a-t-il glissé, "victoire par KO des vélos contre les handicapés. J’ai vérifié […] : AUCUNE nouvelle place handi créée autour." Ce à quoi Emmanuel Grégoire a de nouveau répondu, assurant qu'une nouvelle place dédiée aux PMR serait sous peu aménagée.
Ah dites donc @Anne_Hidalgo , ça n’a pas traîné. Victoire par KO des vélos contre les handicapés. J’ai vérifié @egregoire et @David_Belliard : AUCUNE nouvelle place handi créée autour. pic.twitter.com/MXPNO6Dlze — Nicolas Beytout (@nicolasbeytout) September 2, 2020
Inscrit dans la loi
L'adjoint en charge des questions de mobilité a poursuivi son argumentation en indiquant que cet aménagement n'était "pas dû qu'à la pose des arceaux vélos". La loi, indique-t-il, prévoit une "sécurisation des passages piétons" obligatoire, "notamment par une augmentation de la visibilité, permise ici par les arceaux".
Ces aménagements répondent-ils vraiment à une disposition législative ? Oui, comme le prouve l'article 52 de la loi du 24 décembre 2019 consacrée à l'orientation des mobilités. Le texte précise ainsi qu'afin "d'assurer la sécurité des cheminements des piétons en établissant une meilleure visibilité mutuelle entre ces derniers et les véhicules circulant sur la chaussée, aucun emplacement de stationnement ne peut être aménagé sur la chaussée cinq mètres en amont des passages piétons, sauf si cet emplacement est réservé aux cycles et cycles à pédalage assisté ou aux engins de déplacement personnel".
Les collectivités et municipalités sont tenues de prendre en compte ces dispositions et d'adapter la voirie en conséquence. Une évolution progressive qui devrait se poursuivre dans les années à venir. "Les dispositions du présent article sont applicables lors de la réalisation de travaux d'aménagement, de réhabilitation et de réfection des chaussées. Les travaux de mise en conformité doivent avoir été réalisés au plus tard le 31 décembre 2026", précise le texte.
La question des places de parking devrait en tout cas bientôt être remise sur la table dans la capitale. Anne Hidalgo a annoncé que des "assises du stationnement" seraient mises en place cet automne, un rendez-vous au cours duquel seront discutés les enjeux de mobilités à Paris. C'est également à cette occasion que pourrait être officialisée la volonté de la municipalité de rendre payant le stationnement des deux-roues.
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