TÉMOIGNAGES - Le Comité consultatif national d'éthique a rendu son avis ce mardi sur la révision de la loi bioéthique attendue cette année. Il s'est notamment prononcé en faveur de l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes. Une mesure qui doit encore se traduire dans la loi française, ce qui n'empêche pas certaines femmes de se rendre à l'étranger pour devenir mères.
La PMA ouverte à toutes les femmes. La procréation médicalement assistée est inscrite dans la loi depuis 35 ans, mais est réservée aux couples hétérosexuels infertiles. Dans un avis rendu ce mardi 25 septembre, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) juge cependant qu'elle devrait être accessible aux couples de femmes et aux femmes seules. Un avis qui s'inscrit dans le projet de loi bioéthique que le gouvernement entend présenter cette année, conformément à la promesse de campagne d'Emmanuel Macron.
Mais certaines femmes n'ont pas attendu cette loi pour avoir un enfant. On estime ainsi que, chaque année, près de 2000 Françaises franchissent les frontières pour être enceinte, la PMA étant déjà ouverte à toutes en Belgique, en Espagne, en Grèce ou en République tchèque. LCI a recueilli les témoignages de deux femmes qui racontent leur parcours.
Daphnée, mère seule et enceinte depuis sept mois
"J’ai toujours voulu avoir un enfant. Mais le hasard a voulu que, lorsque j’avais un papa digne de ce nom, c’était trop tôt. Et aujourd’hui, je ne pouvais plus attendre. A 45 ans, j’étais atteinte par la limite d’âge. Etant seule, j’ai trouvé sincèrement plus honnête et raisonnable de passer par la PMA plutôt que de coucher avec un homme et faire un enfant derrière son dos, sans son accord. "
"La phase la plus compliquée est le début de la procédure : trouver les informations fiables, sélectionner la clinique, comprendre comment fonctionne la PMA, qui recouvre un champ médical très large. Avec ce manque de renseignements on se pose énormément de questions : on ne sait pas ce qu’on va nous faire à Barcelone, si on va comprendre ce qu’on nous demande. On ne sait pas, par exemple, qu'en Espagne, puisque c’est une pratique courante, nous sommes reçues par des Français. Heureusement, dans mon cas, j’ai eu la chance d’avoir des médecins très ouverts d’esprits. Ma généraliste et ma gynécologue m’ont très bien conseillée et informée. Ce qui permet aussi d’avoir moins de frais."
"Avec un médecin conciliant, on peut faire une grande partie des examens médicaux en France et être remboursée. Alors en ville, c’est possible, mais dans les régions moins peuplées, j’imagine que ça doit être plus compliqué. D’autant plus que la pression psychologique n’est pas la même. A Paris, personne ne me demande qui est le papa. Mais quand je reviens en Bourgogne, où habitent mes parents, je me rends compte que c’est une question logique pour les habitants."
"Je pense que le choix d’avoir un enfant quand on est femme seule est beaucoup plus réfléchi. Ce n’est pas un coup de tête, ce n’est pas un enfant non-voulu, et ce n’est pas un prétexte pour recoller les morceaux d'un couple. On ne se pose même pas la question de devoir y faire face seule parce qu’on voit tellement de couples qui ne vont pas bien. Toutes les autres situations ont aussi leur lot de difficultés. Et au moins, dans mon cas, je ne me retrouve pas toute seule d’un coup à cause d’un accident ou parce que le père est parti. C’est un choix mûrement réfléchi. Et logique. La société met énormément de pression sur les femmes seules pour qu’elles se mettent en couple et fassent un enfant. Mais quand on décide de le faire seule, on nous en veut aussi."
"La PMA pour toutes existe ailleurs en Europe, c’est déjà une réalité. Sauf qu'en France, elle reste inaccessible à certaines femmes. Il faut que ce soit un droit, une possibilité pour toutes. On se rend bien compte que l’idée perturbe encore aujourd’hui. Lorsque j’ai déclaré ma fille, par exemple, j’ai reçu un message des allocations qui me rappelaient que je me déclarais célibataire. Et que toute fausse déclaration était passible d'une amende. Comme s'il n'était pas concevable d'avoir eu un enfant seule."
Stéphanie, en couple, mère d’une petite fille de six mois
"Avec ma compagne, nous avons toujours voulu fonder une famille. Comme chaque couple, nous sommes arrivées à l’âge où on se pose ces questions [30 ans, ndlr]. Nous avons donc commencé à aborder le sujet, devenu sérieux lorsque des copines de notre entourage sont passées par là. Après, les choses se sont faites assez naturellement. Ce n’est pas un caprice. C’est un projet mûrement réfléchi, car on se projette avec l’enfant, et on sait que tout un parcours nous attend pour y accéder. Ça se construit sur des années ou des mois en amont. Heureusement nous n’avons pas manqué de soutien. Que ce soit dans ma famille ou au travail."
"J’en ai parlé à mes proches et à mes collègues, afin qu’ils soient au courant des raisons pour lesquelles je partais, pourquoi je les mettais dans l’embarras. J’ai eu la chance de trouver un vrai soutien, que ce soit de mon chef ou de mon entourage direct. Le plus dur a en fait été d’entrer dans le parcours : trouver une gynécologue qui accepte de faire tous les examens, poser des jours au travail pour assurer le suivi en Espagne, faire les allers-retours. Tout ça demande une grande organisation. Ce qui me parait assez injuste parce que j’ai un centre qui réalise la PMA à quinze minutes de chez moi."
"Il faut également en avoir les moyens. Entre les échographies de contrôle, les piqûres, les médicaments, le voyage, l’hébergement sur place, et l’insémination en elle-même, le prix peut monter aux alentours de 10.000 euros. A l’heure actuelle, la PMA est un luxe. C’est un manque d’égalité face à un droit qui existe pourtant depuis 35 ans. Pour ceux qui n’ont pas les moyens, il y a la tentation d’aller sur un marché parallèle. Certaines femmes finissent parfois par acheter des médicaments ou trouver un donneur sur internet. Elles se retrouvent hors du cadre médical, c’est un vrai problème de santé publique."
"L’accès à la PMA pour les couples de lesbiennes faciliterait donc le processus. Et permettrait après de reconnaître l’enfant. Car jusqu’à présent, tant que la conjointe n’adopte pas l’enfant, elle n’est pas considérée comme parent. Donc s’il m’arrive quelque chose, mes parents deviendraient les représentants légaux de notre fille. D'ailleurs, certains juges le savent et tentent de mettre des bâtons dans les roues (des parents, ndlr). A Versailles, un juge a fait traîner un couple trois ans ; à Lyon, un autre demande que l’enfant ait six mois, certains refusent les dossiers pour des broutilles, comme un nom qui n’est pas en majuscules. Ils traînent parfois la patte."
"Ce qui nous donne le sentiment que les couples de lesbiennes n’ont pas les mêmes droits que les couples normaux. Et c’est ancré dans les pensées. Par exemple, lorsque j’ai commencé à en parler, quelqu'un m’a demandé pourquoi je n’allais pas coucher avec le premier venu pour tomber enceinte. On n’aurait jamais dit ça à une femme dont le mari n’est pas fertile."
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