La résistante communiste Odette Nilès est décédée à 100 ans dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé le PCF.elle avait rencontré au camp de Choisel Guy Môquet, son "fiancé", fusillé avant le baiser qu'elle lui avait promis.
La résistante communiste Odette Nilès est décédée à 100 ans dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé le PCF. Elle était la dernière survivante du camp de Choisel. C'est là qu'elle avait fait la connaissance de Guy Môquet, son "fiancé", fusillé avant le baiser qu'elle lui avait promis.
"Odette Nilès représentait un siècle d’engagement et de liberté", lui a rendu hommage Emmanuel Macron, en ce samedi jour anniversaire de la création du Conseil National de Résistance.
"Je vais mourir (...) Sans avoir eu ce que tu m'avais promis"
Fille d'ouvriers, Odette - Lecland de son nom de jeune fille - naît le 27 décembre 1922 à Paris. Elle s'installe à trois ans avec sa famille en banlieue, à Drancy, au cœur de la future ceinture rouge. Son père a adhéré au PCF dès le congrès de Tours. Dès le début de la guerre, la lycéenne distribue des tracts et participe aux manifestations sur les Grands boulevards à Paris. Elle se fait arrêter par la police française le 13 août 1941 se rendant à l'une d'elles. En même temps que 16 garçons. Tous ont moins de 20 ans et comparaissent en cour martiale, devant les Allemands. La peine de mort est requise. Trois seront exécutés, les autres emprisonnés.
Elle est vite transférée au camp de Choisel, à Châteaubriant. C'est là qu'elle va rencontrer Guy Moquet. Deux adolescents de 17 et 18 ans pour une amourette séparée par des barbelés, aussi éphémère qu'éternelle. Quand Nicolas Sarkozy annonce en 2008 que la dernière lettre de Môquet sera lue dans les lycées, les micros se tendent vers son ancienne amoureuse, qui a alors 84 ans : elle raconte, dans les médias puis dans un livre Guy Môquet, mon amour de jeunesse, cette rencontre au camp d'internement de Choisel. Ils font connaissance "à la barrière", la limite entre le camp des hommes et celui des femmes. Et échangent de part et d'autre de la bande de terre qui sépare les clôtures.
Il joue de l'harmonica, écrit des poèmes et a vite le béguin pour Odette. Il lui demande un jour si elle voudrait bien lui donner "un patin" (un baiser en argot). "Je ne savais pas ce que c'était mais j'ai dit d'accord", se remémore-t-elle. Il lui offre une bague confectionnée dans une pièce de monnaie. Et lui fait passer un mot doux d'adieu avant de partir pour le peloton avec 47 camarades, le 22 octobre 1941 : "Je vais mourir (...) Sans avoir eu ce que tu m'avais promis".
Pendant près de trois ans, Odette est internée dans plusieurs camps. Jusqu'à celui de Mérignac, d'où elle s'évade en 1944 et rejoint la résistance à Bordeaux. C'est là qu'elle rencontre un certain Maurice Nilès, jeune commandant FFI (Forces françaises de l'intérieur). Son futur époux. Après la guerre, lui devient député (1958-1985) et maire PCF (1959-1997) de Drancy.
Elle aussi reste toute sa vie fidèle à son idéal communiste et milite pour les droits des femmes. Directrice du patronage laïque de la ville d'Aubervilliers, elle rencontre Youri Gagarine et dîne avec Fidel Castro. Pendant des décennies, elle témoigne dans les écoles, inlassablement, pour faire vivre la mémoire de ses camarades fusillés. La dernière survivante du camp de Choisel avait passé paisiblement fin décembre le cap des 100 ans dans sa maison de retraite de Drancy.
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