SOUVENIRS - La journaliste Morgane Pellennec a compilé des mots d'amour échangés naïvement par des enfants devenus adultes. Ces derniers les gardent précieusement et les relisent avec tendresse. A l'occasion de la Saint-Valentin, ce 14 février, en voici quelques-uns.
Dans les plis d'un carnet et les tréfonds de ses souvenirs, Morgane Pellennec, un jour, a trouvé un cœur avec deux initiales et quelques mots d'amour. Il s'agissait d'une lettre de Simon, son amoureux de colonie de vacances quand tous deux avaient onze ans. "Je l'ai retrouvé sur Facebook (en 2009, ndlr). Mais il ne se rappelait pas de moi", raconte-t-elle dans le reportage en tête d'article.
Malgré cet échange virtuel décevant, la journaliste a eu envie de lire d'autres lettres de ce genre. Elle s'est alors lancée dans un travail de recherche de deux ans sur les réseaux sociaux. Une centaine de lettres plus tard, elle publie un recueil au titre délicieusement enfantin : "Tu n'es pas belle, tu es pire !", publié aux éditions Albin Michel le 3 février 2021. En voici des extraits.
L'amour en poésie
Les enfants ont une grande imagination, surtout quand il s'agit de déclarer sa flamme à l'être aimé. "Je t’aime, tu es la plus belle de l’école. Tu es un papillon de nuit qui brille dans le ciel. Mon cœur est en feu pour toi car tu es la plus belle. Tes yeux brillent comme une étoile filante. Tu es une fille formidable", peut-on lire.
"Je t’aime comme le lait, mais le lait pour boire, et toi pour voir matin et soir. Je t’aime comme la fleur, mais la fleur pour un jour, et toi pour toujours. Et si un jour je meurs et tu ouvres mon cœur, tu trouveras écrit en or : je t’aime. Je voudrais t’avouer que tu es une fille gentille, bonne élève, honnête et sérieuse. Je ne t’oublierai jamais", a écrit un petit poète en herbe.
"Julia, je t’offre mon cœur comme je t’offre la flamme qui est en moi. La nuit quand je me réveille, tu es ma lumière. Je veux dire que tu n’es pas belle, tu es pire". Une drôle de formule dont s'est inspirée l'auteure pour le titre de son livre.
Comme une petite faim
Pour autant, l'amour, ça creuse. C'est à se demander si les enfants ne préfèreraient pas se remplir le ventre plutôt que de livrer leurs émotions. "Maelie, je suis amoureux de toi depuis le premier jour. Tu es plus belle chaque jour. Quand je te vois, mon cœur bat plus que jamais, comme quand on fait une dictée et que j’ai oublié de réviser ou qu’il y a hamburger frites à la cantine. Bref, je t’aime, salut", a rédigé Ruben (9 ans). Une autre déclaration qui a de quoi ouvrir l'appétit : "Margaux, tu as les yeux en bijou, une petite bouche et des joues remplies de fossettes et un menton à manger comme un cordon-bleu".
Des plans sur la comète
D'autres ont des envies d'évasion qui n'a que faire des contraintes liées au porte-monnaie."Salut Alice chérie, moi aussi je t’aime. Je pense tout le temps à toi, je suis fou de toi et je ne vois que toi, mais Arthur est jaloux de moi. Mais c’est pas ma faute et c’est quand même mon copain. C’est sûr ça ne se fait pas de le dire à Timothée. Et si ça te dit on va se faire un petit restaurant demain et ce week-end on part à Tahiti avec le jet privé de mon parrain. Une limousine nous amènera à l’hôtel et on passera une douce nuit sur la plage. Là-bas t’inquiète pas on fera du shopping. Je t’aime", a rédigé un petit garçon.
L'amour contrarié
Mais le monde des enfants est parfois impitoyable, et les sentiments ne sont pas toujours réciproques."En fait, je ne veux pas sortir avec Lou. Je voudrais bien sortir avec toi, même si tu es de temps en temps un peu bizarre. Mais tu es sympa et jolie. Et si tu ne veux pas, ce n’est pas grave, ça ne fera que le deuxième râteau, en fait ça ne fera qu'un râteau puisque je n’ai pas demandé à Lou de sortir avec moi. Je lui ai juste dit que je la kiffais. Et si tu ne veux pas, dis-moi pourquoi. Salut", lit-on. "Chère Julia, j’espère que tu me comprendras, car même si tu ne m’aimes pas moi je t’aimerai toujours et aussi ça me fait plaisir d’avoir une amie comme toi. Tu es la fille la plus sympa que j’ai jamais rencontrée. Je t’aime. Bisous."
Des retrouvailles improbables
Il ne faut pas perdre espoir. Des années plus tard, l'amour peut renaitre. C'est le cas des retrouvailles d'Antoine et d’Alice, épris lorsqu’ils étaient en CM1. Ils ne se sont plus croisés pendant près de 10 ans avant de retomber l’un sur l’autre par hasard. Après une période ponctuée de nombreux rendez-vous, ils se sont pacsés et sont toujours très amoureux. "Je t’aime Alice. Tu te souviens en classe de neige tu m’avais demandé pourquoi je t’aimais, parce que : t’es jolie, t’es gentille, t’es intelligente. Antoine."
Une fin tragique
Et enfin, l'amour peut définitivement s'envoler. Thomas et Alice avaient 8 et 9 ans lors de leur amourette. Ils ont gardé contact au collège, puis au lycée, avant que Thomas ne décède dans un accident de la route lorsqu’il avait 18 ans. Cette nouvelle a bouleversé Alice qui relit leurs mots avec mélancolie. "Salut ma douce Alice, je voudrais une photo de toi et moi je te donnerais une photo de moi. Réponds-moi pour l’Amérique, je suis impatient d’y aller. Quand tu m’as fait un bisou, moi ça m’a pas dérangé."
Soumis aux affres du temps, les premières amours laissent une trace indélébile dans le cœur des enfants. Mais c'est aussi, la période des premiers tourments. "Je me souviens du moment où j'ai écrit les lettres. C'est vrai, j'étais triste. Je ne la voyais presque plus alors que j'étais fou amoureux", confie un jeune homme dont les souvenirs d'enfance sont intacts.
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