Le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire-géographie était décapité pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.Depuis, l’Éducation nationale propose des formations pour protéger ses professeurs et recrute des référents laïcité.
Il y a deux ans, l’école française vivait l’impensable à travers l’assassinat de Samuel Paty. Le 16 octobre 2002, le professeur d’histoire-géographie de 47 ans était décapité par un réfugié russe d'origine tchétchène, près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet. Depuis, l’Éducation nationale a annoncé un plan pour mieux former les professeurs à ces questions-là et qu’ils accèdent plus facilement à une protection si nécessaire.
Ainsi, les contours d’un vaste plan de formation à la laïcité, étendu sur quatre ans, ont été présentés par Jean-Michel Blanquer en juin 2021. Et il y avait urgence, constatait plus tôt l’ancien inspecteur général de l'Éducation, Jean-Pierre Obin, dans un rapport sur le sujet, ayant servi d'inspiration : "Dans le premier degré, pendant l’année scolaire 2018-2019 -la dernière avant la crise sanitaire - seul un enseignant sur cent environ a suivi une journée de formation (en moyenne) sur le thème ‘laïcité et valeurs de la République’ ; un taux dramatique et en chute libre puisqu’il était cinq fois supérieur trois ans auparavant".
130.000 personnels formés en un an
Deux volets de formation ont donc été lancés par le gouvernement. Le premier a débuté en octobre 2021 et concerne les personnels de l’Éducation déjà en poste. Selon le ministère, il s’agit de "1000 formateurs issus de toutes les académies et de tous les départements qui bénéficient de 60 heures de formation renforcée et intensive". Objectif : que ces personnels forment à leur tour "250 000 personnels chaque année dans chaque école, collège ou lycée, quel que soit leur statut". Mais comme le rapporte le JDD, la pandémie a ralenti la cadence : près de 130.000 personnels en ont bénéficié à ce jour et 300.000 de plus sont attendus cette année.
À terme, chaque établissement doit disposer d’un "référent" pour être "l’interlocuteur de ses collègues et des équipes académiques valeurs de la République". Le ministère de l’Éducation se donne pour ambition de "former 1 million de personnels en quatre ans". De la même manière, des référents laïcité ont été mis en place dans l’ensemble des ministères, comme le prévoyait la loi contre le séparatisme. "Au ministère de l’Intérieur, toutes les directions et délégations disposent désormais de leur propre référent et plus de 22 000 agents du ministère ont été formés au principe de laïcité", rapporte la place Beauvau, dans son dernier bilan sur le sujet.
Le second volet concerne les personnels pas encore en poste. Jusqu’ici, les cours consacrés à la laïcité variaient selon les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INPE). Désormais, un tronc commun de 36 heures a été décidé par le ministère, tout comme un oral à passer de 35 minutes sur "les valeurs de la République".
Mais les professeurs, devant jongler entre le respect de la totalité du programme et les sensibilités de chacun, peuvent également demander de l’aide plus facilement. Toujours selon le JDD, la protection fonctionnelle, garantie qui s'applique à tous les agents publics, est plus accordée qu’avant : l’académie d’Amiens a par exemple connu un taux de réponse positive des demandes de 90% sur l’année scolaire 2020-2021, contre un taux de 58% deux ans auparavant.
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