TEMOIGNAGE – Brigitte Bonello, ancienne secrétaire dans la police nationale, est poussée vers la sortie en 2008 pour cause "d'invalidité psychiatrique". Une expertise qu'elle a toujours réfutée, documents médicaux à l'appui. Affaiblie par une grève de la faim mais déterminée à réintégrer son poste, elle se confie à metronews, en exclusivité.
Cet article a été réalisé le 27 juillet mis à jour ce lundi 3 août, avec la réponse du ministère de l'Intérieur.
Dans une autre vie, Brigitte Bonello travaillait dans la Police nationale. Affectée au service facturation du Secrétariat général pour l'Administration du Ministère de l'Intérieur (SGAMI) de Lyon, elle s'impose aujourd'hui, à l'âge de 54 ans, une quatrième grève de la faim. Contactée par metronews ce dimanche, elle entame son 37e jour de privation. Parfois, l'ancienne fonctionnaire interrompt son long récit pour croquer dans un morceau de sucre. C'est qu'elle doit garder des forces pour tenir tête à son ex-employeur, à qui elle reproche un licenciement abusif.
L'affaire remonte à 2008. Après une longue hospitalisation pour arthrose cervicale qui la laisse paralysée du bras gauche, Brigitte Bonello est de retour au travail. Et bien qu'un médecin la juge apte à reprendre ses fonctions, la reprise s'avère difficile. "On me mettait à l'écart. Je sentais bien qu'on me reprochait ma trop longue absence". Un jour, sous l'effet des médicaments, elle s'assoupit sur son bureau. Et voilà la machine infernale qui se met en place. "Ma direction a tenté de faire passer cela pour une tentative de suicide" nous explique-t-elle. Convoquée pour une nouvelle expertise, elle est cette fois-ci décrite par le médecin comme... inapte à son poste, pour cause d"'invalidité psychiatrique'.
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Ces rapports, que Brigitte Bonello nous autorise à reproduire ici, sont réalisés à quatre mois d'intervalle. Pourtant, ils affirment une chose puis son contraire.
Poussée vers la sortie, l'ancienne fonctionnaire se voit proposer une pension d'invalidité de 500 euros par mois, qu'elle n'acceptera pas. La suite tient en une série d'expertises contradictoires - 34 au total - qui viennent gonfler un dossier de demande de réintégration dense et complexe.Toutes ces observations, réalisées par des experts agréés, concluent que la fonctionnaire peut reprendre le travail. Pourtant, aucun de ces documents ne semble être retenu lors des commissions de réforme, dont la dernière, en mars 2015, réclame... de nouvelles expertises, effectuées dans une autre région.
Une situation ubuesque face à laquelle Brigitte Bonello ne baisse pas les bras : grèves de la faim, journées entières passées au pied de son ancien travail, ou encore marche entre Villeurbanne et Paris pour aller frapper à la porte du ministère de l'Intérieur. Rien n'y fait et peu à peu, la confrontation se durcit. "En 2010, le vigile de la SGAMI m'a bousculée. Résultat : un traumatisme crânien et un poignet cassé, 11 jours d'ITT", conclut la secrétaire, désabusée, la voix affaiblie et pourtant pleine encore de détermination.
"Le grand nettoyage"
Car pour elle, cet immobilisme porte un nom : celui de "dégraissage" : "C'est le grand nettoyage, on dilue la masse salariale. Sur mon poste, six vacataires se sont succédé depuis mon départ. Pas un seul n'a été titularisé." En parallèle, une procédure pénale a été lancée. Pour l'heure, tous les recours ont été classés sans suite, mais David Metaxas, avocat de Brigitte Bonello, continue d'y croire : "C'est le pot de terre contre le pot de fer. Mais on fera tout ce qu'on peut pour qu'elle remporte la bataille," lâche-t-il laconiquement à metronews. Du côté de la place Beauvau, les responsables des ressources humaines précisent à metronews qu'entre les mois de mai et de juillet 2015, "Brigitte Bonello ne s'est pas présentée" à ses convocations auprès de deux experts et d'un psychiatre. "La commission de réforme peut de nouveau être saisie à l’initiative du SGAMI sur la base d’une nouvelle expertise médicale qu’il appartient à Madame Bonello de demander et qui sera susceptible d’établir que son état de santé a évolué favorablement, et que son aptitude à occuper un emploi est avérée", précise un porte-parole du ministère.
En attendant que ce status-quo prenne fin, Brigitte Bonello résiste. Mais pour combien de temps ? Résidente d'un HLM, elle est aujourd'hui sous le coup d'une menace d'expulsion. Elle peine à payer son loyer, elle qui vit désormais avec les 500 euros mensuels d'une allocation solidarité spécifique. A part un emploi d'insertion de six mois déniché par Pôle Emploi en 2011, elle n'a plus jamais retrouvé de travail. "Je passe pour une forte tête, plus aucun employeur ne veut me donner ma chance". Pourtant, elle s'estime chanceuse, son bras va mieux et sa famille l'entoure. "En fait, il en faudrait peu pour que tout revienne à la normale" souffle-t-elle.
Une pétition en ligne existe pour alerter sur le sort de Brigitte Bonello. Vous pouvez la trouver ici.
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