DÉCRYPTAGE - Le député EELV Yannick Jadot a vivement critiqué ce vendredi le projet d'exploitation aurifère controversé de la Montagne d'or, dans l'ouest de la Guyane, en partie soutenu par Emmanuel Macron. De quoi parle-t-on exactement ? LCI fait le point.
"Une catastrophe", une "aberration économique", "des centaines d’hectares voués à la disparition", "l’équivalent de 32 stades de France", "des milliers de tonnes de cyanure qu’on va mettre dans la nature". Yannick Jadot, député EELV, n’a pas mâché ses mots ce vendredi sur France Info pour dénoncer le vaste projet minier de la Montagne d’or, en Guyane.
Le projet Montagne d'or, porté par un consortium russo-canadien, Nordgold-Columbus Gold, prévoit l'exploitation d'une mine, d'une superficie de 8 km2, à partir de 2022, au sud de la ville de Saint-Laurent du Maroni, en forêt tropicale. Il s’agirait de la première mine industrielle en Guyane et la plus importante mine d’or en France. Les promoteurs mettent en avant tous les impacts économiques de ce projet : il permettrait la création de 750 emplois directs, dont 90% au niveau local, et 3.000 emplois indirects.
D’après le site mis en ligne pour vanter le projet, les retombées financières seraient de "plus de 3 milliards d’euros". Il utiliserait un procédé de récupération de l'or par cyanuration en circuit fermé. Le programme est soutenu par le Medef, la Chambre de commerce et d'industrie, la quasi-totalité des élus du littoral et le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre (DVG).
Impact écologique pour quel impact économique ?
Mais sur place, le débat fait rage. Car la Montagne d'or a aussi de nombreux détracteurs acharnés. Sur le front des oppositions, s’alignent des ONG environnementales, des organisations autochtones et des mouvements politiques. Le WWF a ainsi produit en septembre 2017 un rapport, intitulé "Montagne d’or, un mirage économique ?". L’ONG de protection de la nature y dénonce d’abord "une menace sur un écosystème exceptionnel" : "Cette mine, par son ampleur et les procédés utilisés, aurait évidemment un impact désastreux sur l’environnement", indique-t-elle. "Selon l’opérateur, pour extraire l’or, 57 000 tonnes d’explosifs, 46 500 tonnes de cyanure et 142 millions de litres de fuel seront nécessaires pour les 12 ans de durée de vie du projet."
Surtout, face à ces destructions annoncées, l’ONG a mesuré le levier économique vanté par les promoteurs, en s'appuyant sur leurs rapports d'expertises. Et pour elle, c’est clair : "Ce projet est un mirage en termes de développement pour la Guyane, et un gouffre pour l’argent des contribuables (...) Le projet engloutirait au moins 420 millions d’euros publics, soit un coût aberrant de 560 000 euros publics pour chaque emploi direct annoncé."
Macron plutôt pour
Une pétition lancée par Sauvons la forêt, qui cumule à ce jour plus de 234.000 signatures, en appelle à Emmanuel Macron. Elle estime que le projet "ouvrirait la porte aux autres multinationales minières en attente". Elle rappelle également que "la Guyane inclut une partie encore intacte de la forêt amazonienne, poumon de notre planète, et zone de biodiversité extraordinaire. Ce territoire doit absolument être préservé d’activités aussi destructrices."
Dans une tribune publiée par La Croix en janvier dernier, Pascal Canfin et Isabelle Autissier, de WWF France, voient de leur côté dans ce combat le "nouveau Notre-Dame-des-Landes", cette mine industrielle étant "ce nouvel emblème de ces projets inutiles qui détruisent l’environnement et gaspillent l’argent public". Ils appelaient à se souvenir de la situation du Brésil, qui "ne s’est toujours pas remis de la catastrophe causée par la mine de Samarco en 2015, qui avait provoqué la plus grande pollution environnementale du pays." Dans un sondage Ifop d’octobre 2017, 75% des Guyanais estimaient pour leur part que ce projet de mine industrielle représentait "un risque important pour l’environnement".
Qu'en pense Emmanuel Macron ? Dans ses interventions sur le sujet, le président de la République laisse entendre qu’il est plutôt favorable au projet. En octobre 2017, à la question "êtes-vous pour ou contre", posée par des journalistes de Guyane 1ère lors de son déplacement en Guyane, il avait répondu : "Les choses ne s’expriment pas d’une manière binaire. C’est un projet qui, je le pense, sur ses fondamentaux peut être bon pour la Guyane. Je souhaite que la Guyane puisse réussir avec ses atouts, mais avec des exigences et des contraintes."

On est parti pour la guerre
Le membre d'une association opposée au projet
Un débat public, organisé de manière indépendante par une Commission nationale du débat public (CNDP), a été lancé le 7 mars. Il vise, à travers des réunions s’égrenant jusqu’au 7 juillet prochain, à "donner aux citoyens les éléments d’une information nécessaire à la bonne compréhension du projet", et à donner leur avis. Le 3 avril, la première réunion publique de la CNDP a été mouvementée, avec l'envahissement de la salle par des collectifs comme Collectif or de Questions, ou les Jeunesses Autochtones.
"C’est un combat, ils viennent avec des mauvaises intentions, on y répond également", racontait ainsi Christopher Pierre, membre du mouvement de Jeunesses autochtones, au micro d’un média guyanais. "On n’espère pas grand-chose de ce débat, on essaie juste de faire comprendre à la population notre vision des choses, en tant qu’autochtone, en tant que peuple premier de ce territoire. Le débat ne débouchera pas sur un oui ou un non du projet. Mais on montre que l’opposition est là, présente, mobilisée. On est parti pour la guerre."
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