POLICE - Alors que trois policiers attendent leur jugement pour des tirs de Flash-Ball à Montreuil en 2009, cette arme disparaît petit à petit des commissariats. En cause, des blessures à répétition et des tirs jugés peu précis. Explications.
Trois policiers et une arme sur le banc des accusés. Le 16 décembre prochain, le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) rendra son jugement dans le procès des tirs de Flash-Ball survenus le 8 juillet 2009 à Montreuil.
Au cours des audiences qui se sont tenues la semaine dernière, le procureur de la République a requis de 10 mois à 3 ans de prison avec sursis contre les trois policiers, pour avoir blessé six manifestants. Selon lui, ils n'avaient pas le droit d'utiliser cette arme ce jour-là. Une arme qui est petit à petit remplacée dans les commissariats. Explications.
Remplacement progressif
Selon nos informations, le Flash-Ball devrait même avoir totalement disparu de l'équipement des policiers d'ici la fin 2017. Progressivement, l'arme est rangée au placard, au profit du LBD 40 mm, un lanceur de balles de défense doté d'une visée, conformément à un rapport de la "police des polices" l'année dernière. Une source policière nous le confirme : "Pour chaque LBD arrivé dans un service, un Flash-Ball est retiré de l'équipement". Si bien que la hiérarchie policière envisage un retrait définitif d'ici fin 2017, début 2018.
Une arme à l'origine plébiscitée...
Le Flash-Ball fait son apparition au début des années 1990. Plusieurs épisodes d'émeutes urbaines forcent alors les pouvoirs publics et les forces de l'ordre à revoir leur doctrine de maintien de l'ordre. Vient donc la nécessité de se doter d'une arme non létale capable de tenir à distance des manifestants qui viennnent de plus en plus au contact. L'armurier français Verney-Carron développe un moyen de force intermédiaire (MFI) adapté aux exigeances des policiers et gendarmes.
... de plus en plus décriée
Mais au fil du temps, les forces de l'ordre s'aperçoivent que l'arme est relativement peu précise. Surtout, la distance de tir optimale (jusqu'à 15m) est limitée face à des manifestants qui ne viennent désormais plus au contact mais lancent des projectiles en marge des cortèges. Résultat, même si les policiers visent le ventre, la balle de caoutchouc peut atteindre la tête. "Il ne faut pas non plus jeter en pâture le Flash-Ball. Il a eu ses lettres de noblesses et a permis de tenir à distance un grand nombre d'individus prêts à en découdre sans les blesser gravement ou les tuer", souligne une source policière.
Un remplaçant plus précis
Son remplaçant, le LBD 40mm est réputé plus précis. Il est doté d'une visée et sa distance de tir est optimale jusqu'à 35m. Mais rien ne dit qu'il fera moins de blessés graves. "Avec le LBD, c'est plus précis. En revanche, on tire de plus loin. Or, le premier réflexe quand on entend une détonation est de se baisser. Il suffit de viser le buste pour que la balle atteigne le visage à 35 m, parce que l'individu visé s'est baissé en entendant le tir", ajoute un policier.
L'association Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) recense 42 blessés et un décès à la suite de l'utilisation du Flash-Ball et du LBD 40mm. Par ailleurs, 23 personnes ont été énucléés ou ont perdu l'usage d'un œil selon l'association.
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