Le pointage en bleu de travail enflamme les usines Airbus

Publié le 22 février 2016 à 18h05
Le pointage en bleu de travail enflamme les usines Airbus

COLERE BLEUE - La CGT d’Airbus appelait à manifester ce lundi à Nantes, contre un accord de la direction prévoyant que les salariés pointent en bleu de travaill et non plus en civil. Le temps d’habillage et de déshabillage serait ainsi retiré du temps de travail. Mais FO, syndicat majoritaire, est pour. Explications.

Véritable combat, ou "grève de riche" ? Chez Airbus, les syndicats s’affrontent actuellement sur une mesure qui peut paraître anecdotique : la direction de l’avionneur souhaite en effet faire passer un accord prévoyant que les salariés des usines de Saint-Nazaire, Nantes et Toulouse, pointent dorénavant en bleu de travail, et non plus en civil. Et ce pour améliorer la productivité en faisant face à la montée en cadence de production des avions. Quelque 6000 travailleurs seront concernés.

La mesure, qui implique ainsi que le temps d’habillage et de déshabillage - estimé à 20 minutes - soit retiré du temps de travail, était présentée lundi par la direction au CHSCT (Comité hygiène et sécurité) de Nantes. En échange de ce changement dans les habitudes des salariés, la direction propose une prime de 60 euros par mois en moyenne et trois jours de récupération en plus chaque année. Une mesure qui, pour le DRH Marc Jouenne, place Airbus "tout en haut de l'échelle de ceux qui pratiquent ce genre de compensation". Il avait notamment rappelé que "dans les autres industries, les compensations sont de 15 euros par mois en moyenne", soit quatre fois moins.

Un nouvel appel à mobilisation

Mais la mesure suscite l’ire de la CFDT (syndicat non représentatif) et de la CGT qui, depuis quinze jours, appellent à la mobilisation. Ce lundi, environ 300 salariés ont manifesté devant l’usine de Bouguenais, sur le site de Nantes. Jeudi dernier, 400 salariés avaient déjà débrayé. La CGT estime en effet que le "badgeage en bleu va entraîner une augmentation de neuf heures à neuf heures et demi du temps passé en plus en entreprise par mois". Le syndicat décrit d’ailleurs un "fort mécontentement" chez les salariés : "La direction, qui n’a de cesse d’alerter sur l’augmentation de l’absentéisme, ne peut proposer un accord augmentant le temps de présence à l’entreprise", indique la CGT dans un communiqué. "Les salariés sont déjà fortement sollicités à travers des heures supplémentaires et des horaires atypiques ayant un impact sur leur santé physique et mentale." Plutôt que de "pressuriser encore davantage les salariés", la CGT appelle à embaucher, Airbus étant "en pleine prospérité".

Chez les salariés, l’avis est contrasté. Si un ajusteur, sollicité par France Info, ne voit "pas le problème" de pointer en bleu de travail en échange d’une compensation, d’autres, comme Julien, considèrent ce temps précieux vu leurs horaires décalés : "Il faut que je parte dix minutes plus tôt de chez moi. Dix minutes de sommeil en moins, ça paraît ridicule, mais quand on est du matin, c’est énorme pour nous. C’est de la fatigue en plus", raconte-t-il à la radio.

"Grève de riche"

Mais Force ouvrière, syndicat majoritaire, n’est pas solidaire du combat. "C’est une grève de riche", estime ainsi Michel Pontoizeau, secrétaire générale de FO chez Airbus Nantes, au micro de France bleu Loire-Océan . "Il y a des compensations. Evidemment, ça pourrait toujours être mieux. Mais je ne suis convaincu qu'il n’y a pas un seul accord aussi bon dans ce pays. On peut toujours se plaindre, mais se plaindre lorsque la soupe est grasse, je dis non." Il rappelle d’ailleurs que  "le salaire d'embauche, chez Airbus, est à 1680 euros net avec un CAP. Nous recevons des milliers de dossiers de candidatures. C'est quand même bien mieux qu'ailleurs !" Quoi qu’il en soit, la CGT annonce lundi en fin d’après-midi que le mouvement sera reconduit mercredi prochain : le projet doit en effet être présenté lors d'un comité central d'entreprise (CCE) à Toulouse, en vue d'une application début avril, après la signature des organisations syndicales représentatives.

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La rédaction de TF1info

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