POLÉMIQUE - Depuis plus d’un siècle, la France et l'Italie se disputent le Mont-Blanc. Si un accord, en 1860, a arrêté une frontière officielle, le sujet oppose régulièrement les deux pays.
La querelle, vieille de plus de 160 ans, refait surface, régulièrement, entre la France et l’Italie. Il y a tout juste un an, le président français Emmanuel Macron était en déplacement dans le massif du Mont-Blanc. Venant constater le recul de la mer de glace, le chef de l’État avait annoncé la création d’une aire protégée au sommet et autour du "Toit de l’Europe". Le tracé précis de la zone de protection avait été dévoilé quelques mois plus tard lors d’une conférence de presse, provoquant la stupeur de l’autre côté des Alpes. En cause, trois minuscules bouts de territoire, de seulement quelques kilomètres carrés, que la France et l'Italie se disputent depuis des décennies. L'arrêté du préfet de Haute-Savoie, entré en vigueur au début du mois d'octobre, exacerbe depuis les tensions au sommet des Alpes.
Pas d’habitants, juste de la neige. Ni or ni pétrole, non plus. Alors, pourquoi ces minuscules bouts de territoire déchaînent-ils autant de passion ? Le conflit est juste symbolique. Et il a suffi d’une étincelle pour relancer la polémique à propos du tracé de la frontière. Côté français, les cartes incluent le Dôme du Goûter, l’intégralité du Mont-Blanc et le glacier du Géant (voir carte ci-dessous). Mais les Italiens, eux, considèrent que ces territoires leur appartiennent. Si cette querelle prête bien souvent à sourire, le sujet est sensible, notamment depuis que les Italiens se sont découverts une passion pour le "Toit de l’Europe".
Nous sommes de plus en plus nombreux à estimer que le Mont-Blanc doit être franco-italien
Claude Marin, historien et guide de haute montagne
À la tête du combat, l’extrême droite italienne pour qui "les cartes françaises" du Mont-Blanc sont ni plus ni moins qu'une "annexion". "Les Français violent nos frontières en montagne. Nous pensons qu’il y a une limite à la servitude dans nos rapports avec la France", dénonçait, en octobre dernier, la présidente de Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), Giorgia Meloni. Une polémique dont se sont rapidement emparés les réseaux sociaux. À la lecture de certains commentaires, la France a même carrément envahi l'Italie. "Moi, j’aurais envoyé l’armée", soutient un internaute sur Twitter. "Nous devons tout faire pour arrêter ces brimades", abonde un autre. "Après la Joconde, les Français nous volent le sommet du Mont-Blanc", lance, encore, une autre.
Pour l'historien Claude Marin, il serait temps de faire comme pour les autres frontières montagnardes. Autrement dit, un tracé passant sur le sommet. "Nous sommes de plus en plus nombreux à estimer que le Mont-Blanc doit être franco-italien. Nous sommes Européens", soutient-il. D'autant que cette querelle ne facilite pas non plus le travail des éditeurs de cartes qui doivent bien souvent prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Les cartes de l’Otan, de l’Allemagne ou encore l’application de cartographie d’Apple ont opté pour la version italienne. De son côté, Google se montre plus prudent et fait apparaître les deux frontières litigieuses en utilisant des pointillés.
Tensions au sommet de l'Europe
Plus encore que le sommet du "Toit de l’Europe", la zone litigieuse concerne en réalité la Pointe Helbronner (3.462 m), où se trouve l'arrêt du téléphérique panoramique qui part de Courmayeur, côté italien. Si le terminus du Skyway se situe bien en Italie, le glacier qui se trouve à proximité, lui, est en zone contestée. Or, des touristes peu prudents s’y aventurent régulièrement. "On cherche absolument à éviter que les gens y aillent. Ce n’est pas un problème de frontière, c’est une question de sécurité", souligne le président de la communauté de communes de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc, Éric Fournier. En cas d’accident, explique-t-il, il est responsable pénalement.
En 2015, l'édile a fait installer dans la zone qui, selon les cartes françaises appartient à la France, des barrières pour avertir du danger les touristes. Quelques heures plus tard, il reçoit un appel pour le moins inattendu. "J’ai été interpellé directement par l’ambassade de France à Rome qui me dit : 'Il y a une crise diplomatique. Monsieur le maire, on nous accuse d’avoir envahi l’Italie'", relate l'édile. Ni une ni deux, les barrières ont dû être démantelées. Mais à l’entendre, cet épisode ne reflète en rien la coopération quotidienne avec nos voisins transalpins, notamment pour tout ce qui concerne les secours. "En montagne, quand un groupe a un problème de sécurité, on ne se pose pas la question de quelle côté de la frontière il se trouve", souligne-t-il.
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