Les 15 jours "bizarres" de ceux qui s'appellent vraiment Charlie

Publié le 23 janvier 2015 à 13h25
Les 15 jours "bizarres" de ceux qui s'appellent vraiment Charlie

HOMONYMIE – Leur nom ou leur prénom a été brandi par des millions de personnes comme le symbole de la liberté d'expression. Comment les vrais Charlie ont-ils vécu les quinze derniers jours depuis les attentats de Paris ?

"Je suis Charlie". Ces trois mots, sur les lèvres du monde entier depuis quinze jours, ont pris une résonance très particulière à leurs oreilles. Et pour cause : eux s'appellent vraiment Charlie. Alors que l'on a parlé d'une recrudescence de ce prénom dans les maternités , et que plusieurs homonymes des terroristes Kouachi et Coulibaly se sont dits harcelés depuis les attentats , metronews s'est demandé comment les Charlie, de leur côté, avaient vécu cette période.

"Personne n'a eu envie de blaguer"

"Entendre notre nom et le voir sans cesse dès qu'on allume la télé, c'est sûr que ça fait bizarre", nous répond une madame Charlie, piochée au hasard sur les Pages Blanches parmi les rares qui portent ce patronyme en France ( ils seraient 1097 selon le site nom-famille.com , mais seule une poignée est recensée dans l'annuaire). Cette habitante d'Île-de-France, maman de deux enfants de 20 et 25 ans, assure toutefois que cette homonymie ne fait naître "aucune fierté, vu le contexte", et qu'elle n'a pas suscitée de commentaires particuliers dans l'entourage de sa famille. "Tout le monde a été discret : les circonstances étaient si dramatiques que personne n'a eu envie de blaguer ou même d'en faire un sujet de discussion". Une fois, raconte-t-elle néanmoins, lorsqu'elle a donné son nom pour commander un taxi, l'opératrice lui a demandé si ce n'était pas "une plaisanterie".

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De tels malentendus, le patron de Charlie's Optique, une boutique parisienne, dit de son côté en avoir vécu beaucoup ces quinze derniers jours. "Le nom de mon magasin est aussi mon prénom. Plusieurs fois lorsque j'ai appelé des clients pour les avertir que leurs lunettes étaient prêtes en leur disant 'bonjour, c'est Charlie', ça a créé un petit malaise : certains m'ont dit que ça leur avait fait mal au ventre de l'entendre". Les badauds sont aussi nombreux à avoir photographié la façade de sa boutique, située dans le 11e, à proximité de l'immeuble qui abritait la rédaction de Charlie Hebdo. "Dans le quartier, beaucoup m'ont dit 'c'est toi le vrai Charlie', et plein de copains m'ont charrié". Mais "dans un sens, poursuit-il, je trouve ça bien que mon prénom soit devenu l'étendard de la liberté d'expression".

"Ça me fait de la pub"

Des propos qui rejoignent ceux de parents ayant appelé ainsi leur fils ou leur fille, que l'on a pu lire sur Twitter ou sur les pages "je suis Charlie" ouvertes sur Facebook après les attentats . "Ma fille a 7 mois et s'appelle Charlie, je suis triste que son prénom soit maintenant lié à un événement aussi tragique, mais très fière car il rend aussi hommage à ce journal qui représente si bien notre liberté de penser !", a ainsi écrit une internaute.

Le gérant du Charlie Folie's, à Moulins dans l'Allier, n'est lui non plus pas insensible au nouvel écho qu'éveille désormais le nom de son restaurant-discothèque : "Tout le monde m'en parle. Ça me plaît car, moi aussi, je suis assez libre dans mes pensées". Dans sa ville comme partout ailleurs, les affichettes "Je suis Charlie" ont tapissé les devantures des boutiques. "Ça me fait de la pub en faisant penser à mon établissement, assure-t-il : samedi dernier, on avait un peu plus de monde que d'habitude". Mais, conclut-il, "j'aurais bien sûr préféré que ce soit dans d'autres circonstances".


Gilles DANIEL

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